Par

Nicolas Zaugra

Publié le

26 mai 2025 à 18h03

Des associations visées, deux mosquées et un groupe scolaire pointés du doigt : dans le Rhône et dans la métropole de Lyon, le rapport sur l’influence des Frères musulmans, publié la semaine dernière par le ministère de l’Intérieur, a été reçu fraichement par la communauté musulmane. Le recteur de la Grande mosquée de Lyon, l’ensemble des mosquées du département ou encore l’école visée répliquent et s’inquiètent des conséquences du débat autour de l’islam en France.

« Méfiance généralisée » envers les musulmans

« Nous faisons part de notre profonde préoccupation face à la suspicion persistante qui entoure les musulmans dans notre pays. Cette méfiance généralisée nourrit leur mise à l’écart symbolique et renforce leur exclusion du récit national », a écrit dans un communiqué ce lundi 26 mai le Conseil des Mosquées du Rhône (CMR). 

Nous connaissons leur sérieux, leur attachement sincère aux valeurs de la République et leur engagement quotidien auprès de la communauté. Leur action s’inscrit résolument dans un esprit de responsabilité, de loyauté et de respect des lois. […] Les allégations contenues dans ce rapport nous inquiètent pour notre sécurité et nous interpellent car elles ne reflètent en rien la réalité vécue sur le terrain.

Conseil des Mosquées du Rhône (CMR)

Le Conseil demande de « faire preuve de rigueur, de prudence et de discernement dans l’analyse, la communication et l’interprétation de données aussi sensibles, dont l’impact peut être profond et durable ».

Ce communiqué est signé par 36 mosquées du département, dont la mosquée Othmane de Villeurbanne, visée dans le rapport, accusée de diffuser une vision radicale de l’islam.

Des accusations « exagérées » selon le recteur de Lyon

Dans une interview exclusive accordée à actu Lyon jeudi dernier, Kamel Kabtane, Recteur de la Grande mosquée de Lyon, montait au créneau contre ce rapport. 

« Compte tenu des annonces qui sont faites, le contenu du rapport nous inquiète. Et surtout, c’est toute la communauté musulmane qui est mise à l’index. Cela nous inquiète encore plus. Les musulmans sont des citoyens qui veulent vivre et on les taxe de porter des idées contraires aux valeurs républicaines », disait-il.

Il dénonçait aussi des « accusations exagérées » concernant la cinquantaine d’associations du Rhône pointée dans le rapport.

Le groupe scolaire musulman Al-Kindi se défend

Quant au groupe scolaire musulman Al-Kindi de Décines-Charpieu accusé de radicalisation, qui n’a pas répondu à notre sollicitation, c’est aussi un communiqué qui a été publié en réponse au rapport.

L’école dément « formellement toute obédience ou tout activisme politico-religieux ». 

L’ensemble scolaire engagé dans un bras de fer avec la préfecture du Rhône dénonce également « l’extrême médiocrité d’un rapport administratif dont les auteurs, qui n’ont jamais rencontré les membres de l’établissement et ne s’y sont jamais rendus, ont réussi la gageure de commettre une étude de 76 pages sur l’islamisme politique sans en donner la moindre définition ».

« Rendu public dans l’unique dessein de justifier la convocation inédite d’un conseil de défense (…) l’exécutif, confronté à sa précarité politique, nourrit l’action de l’État de thèses ouvertement islamophobes pour détourner l’attention des Français. »

Ce lundi matin, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a martelé ses accusations envers l’islam politique. « Ce rapport montre bien qu’il y a une menace vis-à-vis des principes républicains, des institutions républicaines, de la cohésion nationale. » Il a aussi dénoncé les élus Insoumis qu’il a qualifiés de « complices » et « idiots utiles » de l’islamisme.

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