Lucie Le Balc’h parle cinq langues et joue du piano avec virtuosité. Ses passe-temps favoris? Lire de la mythologie et résoudre des problèmes de maths. Bienvenue dans la vie de cette jeune Niçoise de 12 ans, déjà en classe de première. Il y a deux ans, elle a été diagnostiquée HPI, haut potentiel intellectuel.
Sur le papier, être HPI, c’est avoir un QI (quotient intellectuel) supérieur à 130, alors que le QI moyen d’un Français est autour de 100. « Concrètement, dans mon cas, j’ai des facilités à apprendre. Je ne suis pas née avec toutes les connaissances, mais je suis curieuse et j’assimile vite « , explique Lucie.
« À 3 ans, elle faisait des puzzles de 50 pièces »
Sa mère, Sunny, se souvient d’elle il y a quelques années. « À 3 ans, elle terminait en quelques minutes des puzzles de 50 pièces. À 4 ans, elle faisait des multiplications « , sourit-elle, fière mais pas vantarde.
Par crainte du harcèlement, les deux parents ont préféré inscrire leur fille au lycée privé Michelet à Nice, spécialisé dans l’accueil des élèves HPI. Pour cela, il fallait passer un test chez un neuropsychologue. Coût: 350 euros. Mais depuis que sa fille y est scolarisée, Lucie semble plus épanouie. « Avant, elle avait plus de mal à se faire des amis. Dans cet établissement, ils réfléchissent comme elle, donc c’est plus facile » argumente Sunny.
Dans ce genre d’école, le programme est aussi terminé plus vite: moins d’exercices, plus de chapitres, et du temps pour empiéter sur le programme de terminale et avoir un peu d’avance.
Bachelière à 13 ans?
Au cours de sa scolarité, Lucie a sauté quatre classes: le CP, le CE1, la cinquième et la quatrième. En première cette année, elle passe cette semaine la majorité de ses épreuves de bac (dans un lycée traditionnel, la plupart des épreuves ont lieu en terminale).
L’année prochaine, elle passera quelques dernières matières avant d’obtenir son baccalauréat à 13 ans. « Je suis reconnaissante parce que ça va me laisser plus de temps pour tester plusieurs choses « , se réjouit la lycéenne, seulement un peu angoissée par « du stress qui motive « .
Fan de maths (elle en ferait toute la journée si elle pouvait) et de physique chimie, elle a déjà des projets plein la tête pour la suite: commencer par une classe préparatoire scientifique en trois ans, puis une école d’ingénieur en quatre ans, puis une fac de médecine. « Je veux devenir neurologue depuis que j’ai fait mon stage de troisième chez une spécialiste. Mais si je commençais la fac directement en sortant du lycée, je deviendrais médecin trop tôt « , sourit celle qui voulait, un temps, être astronaute.
« Je ne connais personne qui soit aussi optimiste »
En dehors de l’école, Lucie est aussi une virtuose et pratique le piano depuis l’âge de 5 ans. Elle a été, l’année dernière, à l’initiative de l’installation d’un piano dans le hall de l’hôpital Lenval. Depuis trois ans, deux fois par mois, la jeune fille prend le train pour retourner en Île-de-France, sa région natale. Elle y retrouve notamment son professeur particulier de piano.
Assise à côté d’elle, sa mère le reconnaît: elle et son père ne savent pas trop comment l’accompagner et la conseiller. Aussi parce que la jeune fille a mille idées à la minute. « Le problème de Lucie, c’est qu’elle n’a que 24 heures dans sa journée. Comme elle est intéressée par beaucoup de choses, je dois mettre des limites. Sans ça, elle ne s’arrêterait jamais », affirme Sunny, sous l’œil amusé de sa fille.
Une chose est sûre: Lucie est confiante. Elle sait ce qu’elle veut et ne s’inquiète pas. « De nature, je ne connais personne qui soit aussi optimiste. Je le lui reproche, d’ailleurs », admet sa mère. La seule chose qu’elle souhaite, c’est que sa fille ne relâche pas ses efforts. « Le talent, ça marche au début. C’est 25% de la réussite. Ensuite, il faut travailler et faire des efforts, sinon on finit par stagner », taquine Sunny.