Par

Anaelle Montagne

Publié le

27 mai 2025 à 6h32

Il est 14h30, cours du Chapeau Rouge à Bordeaux. Une petite dame, la soixantaine bien tassée, entre dans le Red Kiss. Elle en ressort un café à la main et s’installe sur la terrasse ensoleillée, à deux pas du luxueux cours de l’Intendance. C’est à se demander si elle réalise qu’elle vient de pénétrer dans le nouveau strip club guindé du quartier le plus chic de la ville. 

« On est le seul club ouvert la journée en France », affirme Matthieu Duriez, casquette vissée sur la tête et lunettes noires sur le nez. À 29 ans, il affiche une volonté affirmée de « casser l’image glauque » qui peut peser sur les boîtes de strip-tease. « Souvent, les gens n’osent pas entrer » : alors les pousser à franchir le pas innocemment, c’est un moyen comme un autre de briser les tabous. 

Select et safe

Originaires de Toulouse, Matthieu et son associée Emy, 24 ans, ont préféré se lancer à Bordeaux. Il y a moins de clubs de strip-tease ici, et la capitale girondine « collait davantage avec le projet ». Celui d’un club « lounge, select et safe », attirant une clientèle plus haut-de-gamme.

À l’intérieur, le long bar peint en noir s’étend à l’entrée de la salle principale. En s’avançant, les clients découvrent, à droite, des canapés entourant les barres de pole dance. À gauche s’alignent des cabines individuelles, pour les courtes danses individuelles qui durent le temps d’une, deux ou trois chansons (70 euros la musique, 120 euros les trois).

Dans la salle principale, « on ne met pas la musique trop fort, on peut discuter en regardant les filles danser », souligne Marie, l’une des barmaids. Pour les shows privés, il faut se rendre au sous-sol, divisé en deux salles de taille différente.

Là, les prix vont de 210 euros les 20 minutes pour le show d’une danseuse, à 1 400 euros les deux heures, pour deux strip-teaseuses. « Là-dessus, on peut être plus chers que d’autres strip-clubs, parce qu’on ne divise pas leurs commissions par deux, insiste Matthieu. Le respect des danseuses et de leur travail, c’est un point crucial pour nous. »

Aucun débordement accepté

Pour entrer (et rester), les règles sont simples : pas de toucher, pas de sexe, pas de vidéos, pas de photos. Les caméras de surveillance n’ont aucun angle mort et « aucun débordement n’est accepté avec les danseuses, peu importe la somme qui est posée sur la table », soutient le gérant.

Il affirme avoir déjà refusé 10 000 euros en liquide, proposés par un client pour qu’une danseuse accepte d’aller plus loin : « Les filles sont payées pour faire leur travail, c’est à dire danser, point barre. »

Aujourd’hui, elles sont cinq à assurer les shows au Red Kiss, où elles s’entraînent deux heures par jour lorsqu’elles travaillent. Matthieu espère qu’elles seront bientôt « au moins huit ».  « C’est vraiment un beau métier, difficile physiquement, qui mérite plus de lumière », termine le Toulousain. 

La terrasse est ouverte à partir de 13 heures et le club, de 20 heures à 2 heures du matin, tous les jours. 

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