La décision était attendue. Par les acteurs du projet bien sûr. Mais aussi par les clients. Depuis quasiment un an, le restaurant La Source a son rideau baissé. Sur les plages du Mourillon, très prisées des Toulonnais comme des touristes, voilà qui faisait tache…
Le problème semble en passe d’être résolu. Ce vendredi, lors du conseil municipal, les élus ont voté l’autorisation d’occupation temporaire du domaine public (AOT). L’établissement a donc été réattribué. Et c’est l’ancien propriétaire qui a été choisi.
Pour rappel, au printemps 2024, la Métropole renouvelle les concessions des resto-plages du Mourillon. La famille Alfieri perd celle de La Source au profit de Christophe Charaut.
Ce dernier n’ouvrira jamais le restaurant, la mairie suspendant la convention pour manque de garanties financières. Aujourd’hui marque donc un nouveau départ qui sonne comme un retour (aux sources).
Quel projet pour l’établissement?
Christophe Alfieri ne cache pas sa satisfaction de retrouver son « bébé ». « Nous avons donné dix-sept ans de notre vie à La Source, c’est une vraie joie d’y revenir. Cela montre qu’il ne faut jamais baisser les bras, toujours se battre », assure-t-il.
Quelques jours après la bonne nouvelle, l’heure est à l’organisation. « La remise des clés est programmée pour le 1er juin. Je fais le tour des fournisseurs pour le mobilier, le matériel, les boissons… afin d’être prêt. Nous allons également faire quelques travaux. Notre objectif est d’ouvrir le 1er juillet. »
Le nouveau restaurant s’appellera La Sorga (La Source en provençal) pour le clin d’œil. Le patron veut y servir de la cuisine traditionnelle (type brasserie) mais pas seulement.
« Il y aura également une carte « cuisine du monde » qui changera chaque semaine », détaille-t-il. Du petit-déjeuner jusqu’en soirée, les clients pourront profiter de la vue sur la Méditerranée. Pas de transats en revanche. Le lot de plage, lui, n’a pas été réattribué.
Plusieurs candidatures, un lauréat
La procédure de désignation a été relancée par la municipalité en janvier dernier. Une commission consultative a été spécialement créée pour l’occasion.
Les offres devaient être remises au plus tard le 10 mars. Deux dossiers répondant aux différents critères exigés par la Ville ont été examinés.
« Je pense que notre expérience au Mourillon a joué en notre faveur. On sait comment ça marche, on a une faculté à anticiper », réagit Christophe Alfieri.
Il a l’avenir de La Sorga, comme il faut désormais l’appeler, entre ses mains jusqu’à fin décembre 2028, date où un nouvel appel à concession sera lancé. On l’espère moins mouvementé que le précédent…
Quid des employés?
Les ex-employés de La Source sont également soulagés de voir enfin le restaurant rouvrir. Il faut dire que depuis un an, leur situation est des plus précaires.
Lorsqu’une concession est réattribuée, la loi stipule que le nouvel exploitant doit reprendre les salariés. Les contrats de travail ont donc été transférés en juillet 2024 à Christophe Charaut.
Son établissement n’ouvrant pas, les salariés ont été mis au chômage technique mais n’ont pas été payés entre octobre et décembre (une procédure judiciaire est en cours).
Et depuis début janvier, leur sort est encore plus ubuesque, ils n’ont tout simplement plus de patron, sans pour autant pouvoir toucher le chômage.
Ils sont, avec la décision du conseil municipal, désormais rattachés à Christophe Alfieri. « Je vais rencontrer chacun d’entre eux (certains sont d’ailleurs des membres de sa famille, Ndlr) pour savoir s’ils veulent continuer ou non à mes côtés. Mais je vais être clair, ce n’est pas à moi de payer leurs salaires avant le début officiel de la concession. »
D’autres changements en perspective ailleurs
Lors de ce même conseil municipal, le sort de plusieurs autres restaurants était également évoqué. Les élus devaient en effet voter des changements de propriétaires pour certains d’entre eux. C’est le cas notamment de l’Anse des Pins. Le patron historique Stéphane Retouret passe la main.
Mouvement annoncé aussi du côté de l’O’Beach. Par ailleurs, Fabien Armand, qui possède Le Petit Sud et Le Cabanon, fait entrer un nouvel associé. Pas de changement du côté de la direction à signaler ici, nous a-t-il confirmé.
« Nébuleux », « confus », « opaque »
Cet enchaînement de délibération a fait tiquer les élus de l’opposition. « Les attributions ont tout juste un an. Pourquoi autant de cessions de parts juste après? Je sais que c’est légal mais, tout de même, tout ceci est nébuleux. Ne pourrait-on pas mieux border les choses? », s’interroge Amaury Navarranne.
Pierre-Jacques Depallens (Un cap pour Toulon) ajoute: « Il faut plus de transparence. Il serait nécessaire de mettre des clauses de temps avant de pouvoir céder sa concession. »
« On ne peut pas le faire, ce serait contraire à la loi, leur rétorque l’adjoint Robert Cavanna. Je reconnais que c’est la première fois que nous avons autant de cessions en même temps. »
André de Ubeda (Toulon en commun), lui, regrette le côté « confus », et « opaque » de ces attributions. « Nous constatons notamment que les sociétés repreneuses ne sont absolument pas spécialistes du secteur », s’étonne-t-il.