Alors que Roland-Garros bat son plein en ce début de semaine, des enfants hospitalisés ont pu plonger au cœur des différents courts grâce à Awabot, une intelligence robotique, contrôlée à distance.

Pendant les qualifications de Roland-Garros, plusieurs enfants hospitalisés ont pu plonger au cœur du tournoi de tennis parisien grâce à Awabot, un robot qu’ils contrôlent à distance.

Dans une salle de jeu du service pédiatrique de l’hôpital du Kremlin-Bicêtre (sud de paris), Sambou et Lenny s’installent devant un ordinateur portable. «On est très heureux de vous accueillir à Roland-Garros», s’exclame Salim Azouzi à l’écran. Responsable des relations stratégiques chez Awabot, il explique aux deux garçons âgés de 16 et 11 ans que grâce aux flèches du clavier, ils peuvent prendre le contrôle du robot. Grâce à ce dispositif de téléprésence sur roues, équipé d’un écran et d’une caméra, Lenny arpente les allées autour du court central Philippe-Chatrier.

«C’est spécial de conduire un robot à distance comme ça, c’est pas tous les jours qu’on fait ça», se réjouit le jeune garçon. Quand il s’absente pour un soin, Sambou prend le relais, guère gêné par la perfusion à son bras droit. L’adolescent, suivi depuis sa naissance dans cet hôpital, «ne connaît que Gaël Monfils» en tennis. Mais il observe avec envie l’imposant court central. D’abord intimidé, il esquisse un premier sourire quand un groupe d’enfants s’arrête face au robot et échange avec lui.

«Ça les sort vraiment du quotidien très axé hôpital et soin. Pour des patients chroniques qui sont là de manière très fréquente, ça les divertit, ça leur redonne aussi confiance en eux. Voir différents sportifs, c’est inspirant», souligne Saïda Argoub, auxiliaire de puériculture dans cet établissement de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris.

Un accès privilégié 

Rejoint par Lilia (10 ans) et Jordy (9 ans), Sambou pénètre grâce à Awabot dans les coursives du stade Philippe-Chatrier. Au détour d’un couloir réservé aux joueurs, les enfants arrivent au bord du court.

Alors que plusieurs joueurs se battent pour arracher leur ticket pour le tableau principal sur les courts annexes, Carlos Alcaraz s’entraîne sur le Central. Grâce au robot, «on leur fait découvrir les coulisses d’évènements sportifs, des endroits auxquels personne n’a accès», explique Salim Azouzi, qui déploie ce dispositif pour la troisième fois à Roland-Garros, mais aussi régulièrement en Formule 1 ou lors des compétitions internationales de football.

Coups droits, revers, amorties: les enfants observent attentivement la palette de coups du N.2 mondial espagnol sur leur écran d’ordinateur. «C’est super de voir Carlos Alcaraz s’entraîner depuis un hôpital», se réjouit Hyacinthe; venue se joindre au groupe. Pas passionnée de tennis, l’adolescente n’en apprécie pas moins le spectacle. «Moi, c’est ma première fois dans ce service et je ne m’attendais pas à regarder un match de tennis. Là on regarde du tennis, on pilote un robot, c’est super cool!», savoure la jeune patiente.

Une journée «magique» 

Thierry Amand observe Lenny piloter le robot par l’entrebâillement de la porte et se délecte autant que son fils. «Ça le change de sa journée à l’hôpital, ça apporte un peu de gaieté. Il va pouvoir raconter ça à ses frères qui adorent le tennis», anticipe-t-il. «Cette journée-là, qu’ils pensaient comme les autres, finalement, elle est un peu plus magique», observe Claire Falguière, hématologue pédiatre.

«Souvent, les soins peuvent être associés à des gestes qui peuvent être douloureux pour les enfants. Le fait de venir et d’avoir une intervention comme celle-là, pour eux, ça rend la journée beaucoup plus facile», insiste la soignante. «Ils vont repartir non pas en ayant reçu un soin, mais en ayant participé à la visite de Roland-Garros», a-t-elle ajouté. Après deux heures d’immersion, Sambou est de retour dans sa chambre. «Le tournoi de cette année? Je vais le regarder un peu», assure l’adolescent, l’oeil toujours pétillant.