Après deux semaines de débat parlementaire, les textes sur l’aide à mourir et sur les soins palliatifs seront votés solennellement par les députés ce mardi.

Ce mardi à l’Assemblée nationale, les députés voteront en première lecture deux textes. L’un consensuel sur les soins palliatifs, l’autre très sensible sur la création d’une aide à mourir. Voici les principales dispositions de ces textes, tels qu’amendés durant les deux semaines de débat au Palais Bourbon.

Quels sont les critères d’éligibilité ?

La proposition de loi du député Olivier Falorni crée un «droit à l’aide à mourir». Pour être éligible, le demandeur doit remplir cinq conditions cumulatives :

  • Être majeur.
  • Être de nationalité française ou résider de façon stable et régulière en France.
  • Être atteint «d’une affection grave et incurable, quelle qu’en soit la cause, qui engage le pronostic vital, en phase avancée» ou «terminale». La notion de «phase avancée» se caractérise par «l’entrée dans un processus irréversible marqué par l’aggravation de l’état de santé de la personne malade qui affecte sa qualité de vie».
  • Présenter «une souffrance physique ou psychologique constante» qui est «soit réfractaire aux traitements, soit insupportable selon la personne» lorsqu’elle a «choisi de ne pas recevoir ou d’arrêter» un traitement. Une souffrance psychologique seule «ne peut en aucun cas permettre de bénéficier de l’aide à mourir », précise le texte.
  • Être «apte à manifester sa volonté de façon libre et éclairée». Une personne dont le discernement est «gravement altéré» ne peut être éligible.

Qu’est-ce qu’une procédure collégiale ?

La personne souhaitant une aide à mourir le demande à un médecin (elle ne peut le faire lors d’une téléconsultation). Le médecin est chargé de vérifier l’éligibilité du patient. Pour évaluer les critères, il met en place une procédure collégiale. Il organise une réunion à laquelle participe a minima un spécialiste de la pathologie, un soignant intervenant dans le traitement du malade et lui-même.

Le médecin peut également convier d’autres professionnels de santé, des auxiliaires de vie ou, par exemple, des psychologues intervenant dans le traitement de la personne. Ce collège peut aussi recueillir l’avis d’une personne de confiance désignée par le patient. La réunion se déroule en «présence physique de tous les membres», sauf «en cas d’impossibilité». Le médecin prend in fine la décision seul.

Dans quels délais ?

Le médecin doit notifier sa décision au patient «dans un délai de quinze jours à compter de la demande». Le texte prévoit ensuite «un délai de réflexion d’au moins deux jours» avant que le patient puisse confirmer sa demande.

Si la confirmation «intervient plus de trois mois après la notification», le médecin «évalue à nouveau le caractère libre et éclairé» de la demande. Idem si la date fixée pour l’administration de la substance létale est postérieure de trois mois à la notification. Le patient peut renoncer, à tout moment, à sa demande.

Qui administre la substance létale ?

Pour l’administration, le demandeur est accompagné par un médecin ou un infirmier, qui peut être différent du premier médecin chargé de prescrire la substance létale. Le patient choisit le lieu et la date de l’administration de la substance létale, ainsi que les personnes qui l’entoureront le moment venu.

L’auto-administration est la règle, et l’administration par le médecin ou l’infirmier accompagnant l’exception, lorsque le patient «n’est pas en mesure physiquement d’y procéder». La Haute autorité de santé (HAS) est chargée de définir «les substances létales susceptibles d’être utilisées».

Le soignant est-il obligé de pratiquer l’aide à mourir ?

Tout médecin ou infirmier peut faire valoir une «clause de conscience» lui permettant de refuser de pratiquer l’aide à mourir. Ils doivent alors communiquer à la personne le nom de professionnels disposés à le faire.

Le texte prévoit également un délit d’entrave à l’accès à l’aide à mourir, similaire à celui en place pour les interruptions volontaires de grossesse (IVG). Il est puni de deux ans de prison et 30.000 euros d’amende.

Quid des soins palliatifs ?

Le premier texte prévoit lui un droit opposable aux soins palliatifs. Il contient également la création de «maisons d’accompagnement et de soins palliatifs» offrant une alternative à l’hôpital. Ces lieux d’hébergement proposeront des soins spécialisés pour «des personnes en fin de vie  dont l’état médical est stabilisé» et qui ne peuvent ou ne souhaitent pas rester chez elles.

La proposition de loi prévoit aussi qu’un «plan personnalisé d’accompagnement» soit proposé aux patients diagnostiqués d’une maladie grave ou en début de perte d’autonomie liée au vieillissement, notamment.

Une programmation pluriannuelle des soins palliatifs devra déterminer, avant fin 2025 puis tous les cinq ans, la trajectoire de développement de l’offre de soins palliatifs.