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Léa Pippinato

Publié le

27 mai 2025 à 8h35

Un chantier discret mais fondamental se prépare aux portes de Montpellier. Ce lundi 26 mai 2025, à Lattes, la Métropole a dévoilé les contours du projet de transformation du site archéologique de Lattara, lors d’une conférence de presse. Autour de Michaël Delafosse, maire de Montpellier et président de la Métropole, se sont rassemblés architectes et représentants de la Région pour présenter une opération structurée en plusieurs séquences, destinée à faire de Lattara un pôle culturel, scientifique et touristique majeur.

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Situé sur les vestiges d’un port fondé vers -500 avant notre ère, le site de Lattara constitue l’un des témoins les plus précieux des échanges antiques entre le nord-ouest méditerranéen et l’arrière-pays gaulois. Depuis plusieurs années, comités scientifiques et comités de pilotage, encadrés par le Pôle Culture et Patrimoine de la Métropole et les équipes du musée Henri Prades, ont travaillé à la définition de ce projet. Il s’agit d’une requalification complète du site, adossée à une logique de diffusion des savoirs, de mise en valeur du patrimoine local et de soutien à la recherche.  Le projet architectural a été confié à Karine Herman, fondatrice de l’agence K Architectures, à l’issue d’un concours très disputé. Plus de quarante candidats s’étaient présentés.

Le triptyque musée–site–centre d’étude

« Ce projet est remarquable parce qu’il réunit trois fonctions rarement associées dans un même lieu », a souligné Michel Roussel, directeur régional des affaires culturelles (DRAC) de la Région Occitanie. « Un site archéologique accessible, un musée enrichi, et un centre de conservation et d’études. » Le musée Henri Prades, déjà en place, sera intégré au parcours comme l’un des points d’entrée du complexe. Son accueil sera réaménagé pour mieux articuler les différentes séquences de visite. À ses abords, un deck et un « point haut » offriront une vue sur le site antique. Ce musée présentera le quotidien des habitants de Lattara à travers une riche collection d’objets issus des fouilles locales. Le site archéologique, encore fermé au public aujourd’hui, fera l’objet d’un parcours d’interprétation qui mettra en lumière l’évolution de l’urbanisme, les échanges commerciaux, mais aussi les grandes transformations environnementales, notamment le recul du trait de côte. 

Le Centre de Conservation et d’Études Archéologiques (CCEA) prendra place dans les anciens chais rénovés. Il proposera des espaces adaptés au traitement des collections issues des fouilles : réserves climatisées, salles d’étude, laboratoires, salle de prise de vue, centre de documentation, archives, bureaux. Il accueillera les chercheurs, les équipes du CNRS, les universitaires et les étudiants. « Ce site a déjà formé des générations d’archéologues », a rappelé Diane Dusseaux, directrice du site. « Avec le CCEA, nous garantissons que les collections restent vivantes, qu’elles soient conservées dans les meilleures conditions et qu’elles continuent d’être étudiées. » Ces collections, issues des 31 communes de la Métropole de Montpellier, seront centralisées ici. Ce sera un outil de travail essentiel pour la recherche archéologique locale, nationale et internationale.

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Les vestiges de l’ancienne cité portuaire seront bientôt accessibles au public grâce à un parcours d’interprétation intégré au paysage naturel.
Les vestiges de l’ancienne cité portuaire seront bientôt accessibles au public grâce à un parcours d’interprétation intégré au paysage naturel. (©Métropolitain / LP)Le Mas Saint-Sauveur, nouvelle maison de la médiation

Le Mas Saint-Sauveur accueillera les nouveaux espaces de médiation. Dans son hall d’entrée vitré ouvert sur un deck dominant les fouilles, les visiteurs trouveront la billetterie, une boutique, un espace café et des vestiaires. À l’étage, plusieurs salles accueilleront des ateliers pédagogiques, des projections et un centre de documentation. Ce volet éducatif fait partie de l’ADN du musée depuis sa fondation, il y a quarante ans.

Le projet tient compte de l’environnement paysager et écologique du site. Situé à proximité immédiate de la Maison de la Nature, le site archéologique de Lattara bénéficie d’un cadre remarquable. L’ensemble du complexe a été conçu pour préserver et mettre en valeur cet environnement, notamment avec la création d’un parvis arboré, d’une cour intérieure pensée comme un îlot de fraîcheur, et d’un cheminement doux à travers les vestiges. Pour Michel Roussel, cette attention au cadre naturel est capitale : « Le trait de côte a reculé de plusieurs kilomètres depuis l’Antiquité. Cette réalité géographique doit être intégrée dans le récit, et c’est aussi un levier de sensibilisation au développement durable. »

Un nouveau phare pour le tourisme culturel en Occitanie

Les travaux commenceront en 2027 pour une livraison en trois temps. Fin 2028, les premiers espaces ouverts au public seront les nouveaux lieux de médiation et le centre d’interprétation du site. Le CCEA suivra en 2029. Enfin, en 2030, le parcours archéologique extérieur sera accessible. Avec un budget global de 19,1 millions d’euros TTC, financé conjointement par la Métropole, l’État et la Région Occitanie dans le cadre du contrat de plan État-Région, cette opération vise une articulation fine entre recherche, conservation, médiation et loisirs culturels.

Montpellier entend inscrire Lattara dans un parcours culturel régional aux côtés du musée de la Romanité à Nîmes ou de Narbo Via à Narbonne. « Il y a ici une stratégie touristique et culturelle qui se dessine », assure Michaël Delafosse. « Nous sommes sur la voie domitienne, à un carrefour d’échanges historiques entre le Nord et le Sud, entre la mer et les terres. Quand on fouille, on comprend mieux notre présent. » Le futur complexe archéologique entend bien le prouver.

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