Avis de gros temps en ce moment dans les instances de l’Agence culturelle bretonne (ACB) de Loire-Atlantique. Elle fédère les associations (70, plus une petite centaine de particuliers) qui défendent l’identité et la culture bretonne, celles aussi qui réclament une réunification de la Bretagne, autrement dit avec ce département « perdu » qu’est la Loire-Atlantique, lequel dépend administrativement des Pays de la Loire. Une sérieuse force de frappe pour se faire entendre, des collectivités notamment.
Mais l’ACB est en proie à des difficultés depuis quelque temps, financières (il lui manque 10 000 € pour finir l’année), mais aussi existentielles et de gouvernance. Lors de l’assemblée générale, samedi 24 mai, plusieurs associations ont d’ailleurs fait le choix de ne plus siéger au conseil d’administration.
Sur le plan existentiel, c’est surtout la résurgence de militants d’extrême droite, sous la bannière du Parti national breton (PNB), qui irrite, voire inquiète, les défenseurs de l’identité bretonne, de son histoire, de sa culture, de sa langue.
Le 12 octobre 2024, lors d’une manifestation pour la réunification de la Bretagne, une échauffourée avait opposé plusieurs adhérents du PNB à Florian Le Teuff, élu nantais en charge des questions bretonnes. Blessé – comme d’ailleurs un militant de Bretagne réunie, l’association organisatrice de la manifestation –, il avait déposé plainte.
« Montée de l’extrême droite »
La réaction de l’ACB a-t-elle été trop timorée ? La présidente, Sylvie Boisnard, a condamné, comme elle le fait encore aujourd’hui, « toute forme de violence, d’où qu’elle vienne, même si certains doivent estimer que nous n’avons pas eu la réaction appropriée ». En généralisant, oublie-t-elle de pointer les vraies responsabilités, celles du PNB en particulier ?
Dans les rangs de la cause bretonne, la résurgence de cette frange extrémiste questionne, son passé trouble avec l’Allemagne nazie n’étant un mystère pour personne.
S’agit-il d’un retour marginal de ces militants extrémistes ou d’un phénomène de plus grande ampleur, prospérant sur un populisme qui gagne du terrain ? « La Bretagne et l’ouest n’échappent pas à la montée de l’extrême droite, observe Aurélien Boulé-Fournier, élu nantais de l’Union démocratique bretonne (UDB), même si ça reste très minoritaire dans le mouvement de défense de la cause bretonne, lequel est plutôt ancré à gauche. »
« C’est un mouvement de fond, qui touche l’ensemble de la société, des pêcheurs, des agriculteurs, ou des territoires intérieurs qui n’étaient pas touchés », ajoute une élue.
Autre question posée aujourd’hui par certains adhérents de l’ACB, celle de sa gouvernance. Candidate à sa réélection, jeudi 5 juin, Sylvie Boisnard réaffirme la ligne « apolitique » de l’Agence. Une volonté qui figure même désormais « en toutes lettres » dans les statuts de l’Agence, « ce qui n’était pas le cas auparavant ». Suffisant pour mettre la culture bretonne à l’abri des influences politiques ?