Ce voyage à New York, au départ, ne le branchait pas outre mesure. Pourtant, Nabil Lahzaoula en a rapporté une belle idée, qui s’apprête même à devenir réalité ici, à Strasbourg, le 12 juin prochain.

C’est en visitant le MoMA, le musée d’art moderne new-yorkais, que l’enseignant de sciences numériques et électronique au lycée Gutenberg d’Illkirch-Graffenstaden a trouvé l’inspiration. Il est intrigué, ce jour-là, par une salle contenant d’anciens téléphones à cadran rotatif qui semblent tout droit sortis d’un épisode de Columbo. Décrochant l’un des combinés, il entend une voix lui parler en anglais. Comment est-ce possible ?

« Compliqué, mais mieux qu’un cours classique »

Passionné de recherches et d’expériences, Nabil découvre bientôt qu’en équipant les anciens modèles avec de la technologie moderne, en fait une puce électronique, et en les modernisant pour qu’ils soient compatibles avec la puce, il peut y intégrer tous les enregistrements qu’il veut. Il nomme « technophone » le nouvel objet, technique et poétique.

De là à lancer un projet avec les lycéens, il n’y a qu’un pas, que l’enseignant franchit bien volontiers. L’idée fait alors son chemin. Achat de téléphones à cadran rotatif sur Leboncoin, proposition du concept aux élèves de première CIEL (cybersécurité, informatique, électronique et réseaux)…

Bientôt, les idées fusent pour s’approprier la technologie. On en conserve dix : créer un idyllophone pour des messages et poèmes d’amour, proverbophone, mamanphone pour des textes dédiés aux mères, papaphone, théâtrophone, audelaphone pour des paroles adressées à des disparus, dialectophone pour des messages en langues régionales, polyglophone en langues étrangères, énigmophone…

Les élèves s’empressent d’écrire des textes, que le professeur de français corrige. Les lycéens s’enregistrent sur ordinateur et s’attaquent à la modification du téléphone : soudures, travaux d’électronique, programmation… Ainsi acquièrent-ils plusieurs compétences au programme. « Parfois, c’est compliqué, mais c’est mieux qu’un cours classique ; on est actif, c’est physique » dit Florian.

Se munir d’un texte à enregistrer

Le 12 juin, place Gutenberg à Strasbourg, les acteurs de ce joli projet en dévoileront les contours. Trois tonnelles avec un sens de visite permettront d’écouter les messages, mais aussi d’en savoir plus sur les aspects techniques du « technophone », tandis qu’un ministudio d’enregistrement permettra au public d’enregistrer ses propres textes – à la condition qu’ils soient bienveillants. Il vaut mieux se munir d’un texte court de sa composition ou tiré d’un corpus existant.

Pour l’avoir testé, on recommande l’idyllophone…

Jeudi 12 juin, place Gutenberg, de 10 h à 19 h.