Sauf qu’avec cet appel à ne pas écouter, cela semble avoir fait l’effet totalement inverse.
Qui était Werenoi, l’un des artistes les plus influents de la scène du rap français actuel, décédé à seulement 31 ans ?Hausse vertigineuse des écoutes
Dès le lendemain de sa mort, 26 titres de Werenoi figurent dans le Top 200 Spotify en France et 7 en Belgique, où ses collaborations avec les rappeurs Gims et Damso trustent les meilleures places. En une semaine, son dernier album Diamant noir grimpe en tête des ventes avec 15 554 équivalents streams (d’écoutes sur les plateformes comme Spotify ou Deezer), en hausse de 72 %. Pendant que ses précédents projets, Carré et Pyramide, font un retour dans les charts, avec des hausses respectives de +223 % et +197 % selon les chiffres du SNEP, l’organisme notamment chargé de comptabiliser les ventes de disques en France.
Un succès posthume qui ne surprend qu’à moitié les habitués de l’industrie musicale. Dès qu’on interdit ou qu’on tente d’effacer quelque chose, cela attire l’attention. Cet effet quasiment mécanique porte un nom : l’effet Streisand.
Le viral « effet Streisand »
L’expression naît en 2003, quand la chanteuse Barbra Streisand tente d’empêcher la diffusion d’une photo aérienne de sa villa en Californie. Résultat : la photo devient virale et des milliers de curieux cherchent à voir ce fameux cliché. L’effet inverse de ce qu’elle souhaitait donc.
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Plus globalement, l’idée, c’est que vouloir supprimer une information ou une œuvre attire encore plus de regards. Dans le cas de Werenoi, ceux qui n’avaient jamais écouté ont voulu comprendre et une partie des fans de la première heure se sont rués sur les plateformes. Certains ont même relayé ses morceaux « par provocation », à l’inverse des appels au silence.
Hommage collectif
Autre ingrédient classique dans ce cocktail viral : la mort. À chaque disparition d’artiste, les streams s’envolent, porté par une logique d’hommage collectif. En effet, l’histoire musicale récente regorge de précédents, en particulier dans le monde de la musique urbaine. En 2018 par exemple, après le meurtre du rappeur américain XXXTentacion, son morceau SAD ! devient le titre le plus écouté en 24 heures dans le monde sur Spotify avec 10,4 millions de streams.
Idem pour Michael Jackson en 2009 : ses ventes s’envolent, l’album Number Ones réintègre la première place des charts dans plusieurs pays, et six autres albums du roi de la pop font leur retour dans le top 50.
Et pour le rappeur Werenoi, la tendance semble se confirmer. Après son décès, l’un de ses albums a été certifié disque de platine, et plusieurs de ses singles ont obtenu des certifications or ou diamant. Des millions d’écoutes sur les plateformes qui génèrent sans aucun doute des revenus, lesquels seront très probablement versés à ses ayants droit ou à ses proches.
Les abonnés Spotify belges paieront désormais plus cher que leurs voisins françaisComment sont rémunérés les artistes sur les plateformes de streaming ?
À chaque fois qu’un morceau est écouté en streaming (sur Spotify, Apple Music, etc.), une petite somme d’argent est générée. Cette somme provient des abonnements des utilisateurs ou de la publicité.
Seulement, elle ne va pas directement à l’artiste. Les plateformes regroupent tous les revenus, puis les répartissent selon la part de chaque morceau dans le total des écoutes. L’argent passe ensuite par l’intermédiaire du label ou du distributeur, qui prélève sa part avant de reverser ce qu’il reste à l’artiste. En moyenne, un stream (une écoute) rapporte environ 0,003 à 0,005 dollar (converti en euro pour l’UE).
À noter que cette somme ne correspond pas au revenu final de l’artiste : elle est d’abord partagée entre la plateforme (qui prend environ 30 % en général), le label, et éventuellement l’éditeur, avant que l’artiste ne perçoive sa part.