Ils s’appelaient Roger, René, Jacques, Rémy, Étienne ou Gabriel. Comme 650 000 jeunes Français, dont le seul tort était d’être né au début des années 1920, ils ont été sacrifiés par leur gouvernement, et livrés aux nazis pour aller travailler en Allemagne.
Le formidable film de Lucie Pastor et Paul Le Grouyer retrace l’histoire du Service du travail obligatoire, mis en place par le gouvernement de Vichy en 1942. Les deux auteurs content aussi cette histoire tragique, puisque ces hommes, envoyés de force loin de chez eux, ont souvent vécu dans des conditions dramatiques, connu les bombardements alliés, vu certains de leurs camarades mourir. Et ils ont longtemps, après la guerre, été mal considérés.
La France de Vichy, bonne élève du STO
Le film, très documenté, rappelle les faits : l’Allemagne, qui dévore alors ses enfants sur tous les fronts, a un besoin cruel de main-d’œuvre pour faire tourner ses industries et ses campagnes. Partout en Europe, les nazis obligent donc les États à leur fournir des quotas de jeunes gens, de préférence ouvriers qualifiés. La France sera la très bonne élève de ce dispositif, puisqu’elle instaure une obligation pour ces garçons, quitte à aller les chercher sans ménagement.
Le froid, la faim, les brimades, et surtout vivre loin des siens, sans réel espoir de retour est dans tous les témoignages. L’habileté du documentaire consiste à donner la parole à quelques survivants de cette période, mais aussi à leurs descendants, enfants et petits-enfants.
La plupart d’entre eux se sont tus. Et comme le montre l’affaire Georges Marchais, ancien secrétaire général du PCF, qui a été envoyé en Allemagne dans ce cadre, et accusé d’être un collaborateur, rares sont les moments où l’opprobre n’a pas été jeté sur eux. Entre lettres, journaux intimes, carnets et surtout témoignages de proches, il aura fallu attendre 2008 pour que l’État reconnaisse le préjudice qu’ils ont subi.
STO, les oubliés de la victoire, France 3, mercredi 28 mai à 21 h 05.
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