Par

Nicolas Zaugra

Publié le

27 mai 2025 à 14h53

Un début de campagne électorale ou pas ? Pour quel coût ? Le lancement lundi 26 mai 2025 d’une tournée des neuf arrondissements de Lyon par le maire Grégory Doucet continue de provoquer de vives polémiques avec son opposition. Des élus dénoncent une dépense allant jusqu’à 700 000 euros pour financer cette opération. « Faux », répond le maire. Au tour aussi de Jean-Michel Aulas de se mêler de la polémique.

Moins d’un an avant les municipales, Grégory Doucet s’est lancé dans une opération de « redevabilité » comme il le dit.

Pour cette fin de mandat, il veut « rendre des comptes à tous les Lyonnais ». Pour l’occasion : neuf réunions, une par arrondissement, sont prévues du 26 mai au 12 juin, un livret de 65 pages a été imprimé sur les actions menées par la mairie, une campagne de communication a été lancée (affiches, site internet), un clip a été tourné, des distributions de tracts réalisées sur des marchés…

« Injuste », « choquant », « manque de transparence »

Une opération de communication qui emprunte les codes d’une campagne électorale et fait bondir l’opposition. « À Lyon, les écologistes organisent leurs réunions de campagne… avec l’argent des Lyonnais. Pendant que les autres candidats financent leurs salles et tracts, Grégory Doucet utilise les moyens de la Ville. C’est injuste, et c’est choquant », fulmine, Pierre Oliver (LR), candidat aux municipales.

« Littéralement, ils se paient un bilan de mandat dans toutes les boites aux lettres de la ville. Dans le 2e, je suis en train d’étudier comment suspendre la distribution », expliquait le candidat il y a quelques jours à actu Lyon.

La somme de 700 000 euros évoquée par l’opposition

Il dénonce une « honteuse utilisation de l’argent du contribuable pour faire la campagne municipale des élus EELV », une opération qui coûterait selon lui « entre 400 et 700 000 € ».

Pour Thomas Rudigoz, conseiller d’opposition (Renaissance), même critique. C’est une opération électorale. L’ancien député maintient le chiffre de 700 000 euros, « selon ses estimations » en listant un certain nombre de dépenses.

Il cite notamment l’édition spéciale du magazine municipal qui intègre un supplément de 65 pages sur le bilan (plus de 200 000 euros selon lui), le « coût des espaces publicitaires achetés » comme les affiches dans la rue, « la série de vidéos et de publicités sur l’opération ça change quoi », l’organisation de 21 rencontres dans les arrondissements dans la rue, l’organisation des neuf réunions publiques…

Grégory Doucet « dépense sans compter »

L’élu d’opposition demande un « chiffrage clair et transparent » incluant toutes les dépenses pour l’organisation de cette opération de communication du maire. 

Pour l’ancien maire et opposant Georges Képénékian et David Kimelfeld, même son de cloche : ils regrettent une « confusion entre communication et enjeux électoraux qui nuit à la sérénité du débat démocratique et alimente la défiance des citoyens » et demandent au maire de Lyon « de faire toute la lumière sur les conditions d’organisation de ces réunions. »

Jean-Michel Aulas s’en est aussi mêlé ce lundi en accusant Grégory Doucet de « dépenser sans compter ».

Le maire de Lyon défend une opération à 228 000 euros

Interrogé lundi soir par la presse, Grégory Doucet s’est montré très agacé. « Je suis un peu choqué par votre question », a réagi le maire. Il s’est ému que la presse relaie les chiffres avancés par l’opposition. « Cela laisse à penser que deux vérités co-existent. Quand nous faisons des calculs pour évaluer le coût, nous sommes sûrs de nos calculs ».

Grégory Doucet dénonce des « mensonges » et une « vérité transformée ». « 228 000 euros, c’est précisément ce que coûte l’exercice de redevabilité que nous réalisons. Dans cette somme, il y a le livret reçu par les Lyonnais avec le magazine municipal, les permanences dans l’espace public, des réunions publiques… Tout cela nécessite d’investir de l’argent public. Si on ne met pas ça sur la table, on ne fait rien ? Ce n’est pas ma façon de voir les choses. Rendre compte, ça a un coût, la démocratie ça a un prix ».

On n’est pas dans un exercice de préparation de campagne ou électoral. Un bilan, c’est ce qu’on fait, ce qu’on a réalisé, ce qui peut se constater. On nous a confié une responsabilité, c’est fondamental.

Grégory Doucet

Dans l’entourage du maire de Lyon, on s’agace de la polémique. Le coût de 228 000 euros est maintenu. « Quand on accuse, on apporte des preuves, sinon c’est de la démagogie, du mensonge et pas à la hauteur d’un responsable politique », glissait-on à l’hôtel de ville mi-mai.

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