Consulter un avocat avant le départ, n’emporter qu’un téléphone jetable, télécharger sur le cloud les données stockées sur leur ordinateur afin de pouvoir présenter au contrôle un ordinateur vierge. Telles sont quelques-unes des consignes données désormais par les entreprises européennes avant tout voyage professionnel aux États-Unis, rapporte le Financial Times.
“Même si la majorité des voyageurs ne rencontrent aucun problème, les entreprises préparent leur personnel en partance pour les États-Unis à d’éventuels interrogatoires et les conseillent sur la conduite à tenir en cas de fouille de leurs appareils”, témoigne une juriste dont les clients se demandent “à quoi ils doivent s’attendre”.
En cause, le décret signé par Donald Trump le 20 janvier, qui met en place des procédures de contrôle renforcées aux frontières pour les étrangers souhaitant entrer aux États-Unis ainsi que pour ceux qui sont déjà établis sur place. “Ce décret a également posé les bases de nouvelles restrictions de voyage et d’une révision des visas déjà délivrés”, précise le quotidien financier. “De quoi inciter toutes les organisations à réévaluer les risques et les protocoles, “même pour les déplacements professionnels de routine”.
Climat de méfiance
Un investisseur basé à Londres, qui en est à se demander si un voyage d’affaires aux États-Unis “ne ressemblerait pas un peu à un voyage en Chine”, explique qu’il incite ses employés à “faire preuve d’une grande prudence” lorsqu’ils emportent leurs téléphones portables personnels aux États-Unis. de leur côté, les entreprises technologiques américaines exhortent leurs employés étrangers à se munir, s’ils doivent voyager, de documents personnels complets, notamment de certificats de mariage, de contrats de location et de fiches de paie, afin de faciliter leur retour.
Mêmes précautions du côté de certaines universités américaines, notamment Duke et Columbia, qui conseillent à leurs personnels comme à leurs étudiants étrangers de ne quitter le pays qu’en cas d’absolue nécessité. À la Commission européenne comme au FMI, on cherche également à se prémunir contre les mauvaises surprises : les collaborateurs envoyés en mission aux États-Unis ont été équipés de téléphones prépayés et d’ordinateurs portables basiques.
Ce climat de méfiance commence à peser sur les réservations auprès des compagnies aériennes, note le Financial Times.
Aux dernières nouvelles, Air France-KLM et Lufthansa, notamment, enregistrent des signes de fléchissement de la demande sur les lignes transatlantiques de la part des voyageurs d’affaires européens.