Une pièce minuscule, dans un recoin du siège de la métropole Toulon Provence Méditerranée, à la Rode. C’est ici qu’avait lieu hier la toute première permanence du commissaire enquêteur Bertrand Nicolas. Sur le bureau de cet ancien militaire, désigné par le tribunal administratif: un dossier de 1.700 pages présentant les moindres détails du projet de Bus à haut niveau de service (BHNS), dont le premier tronçon doit être inauguré en 2028 dans l’aire toulonnaise. « L’endroit est tout petit, il n’y a même pas de plan affiché au mur… Franchement, ce n’est pas à la hauteur du lancement d’une enquête publique portant sur une telle opération », soupire Anne-Marie Reboul, membre de l’association Toulon@venir. Également présente dès l’ouverture de la permanence, Dominique Taieb, de l’Association défense et protection du Faron, est surprise par la modestie des lieux. « On voudrait que personne ne vienne qu’on ne s’y prendrait pas autrement. »
Le site propre du transport en commun pas si « propre »?
Comme elles, une poignée de curieux ont franchi dès hier la porte de TPM pour étudier les esquisses du futur transport en commun de l’agglomération. Et coucher noir sur blanc leurs premiers commentaires. David craint d’être exproprié d’une partie de son terrain, du côté de Brunet. Francis et Régis, cadres chez TotalEnergies, viennent voir si la station-service du boulevard Clemenceau pourrait être impactée par le projet. Pierre Barthélémy, lui, est membre de Toulon en Commun, la formation politique de gauche qui réclame depuis des années un tramway dans l’agglomération. En tournant les pages, le militant peste contre ce qu’il lit et dénonce « un choix sous-dimensionné. »
Si l’imposant document ne révèle pas de surprises majeures, il confirme les craintes de ceux qui continuent à appeler de leurs vœux un transport sur rails. En guise de voie réservée – le fameux site propre qui permet normalement de s’affranchir de la circulation – on découvre un « superbus » qui partagera la route avec les autres véhicules du Réseau mistral sur 70% du parcours… et, de fait, avec le trafic automobile le reste du temps.
Quant aux grandes lignes du projet à 400 millions d’euros, elles sont connues: propulsé à l’électrique, le BHNS doit rouler entre Naval Group (Ollioules) et Bir Hakeim (Toulon) dès 2028; entre Bois sacré (La Seyne) et la gare de La Garde en 2038. Oubliées, en revanche, les récentes affirmations du président de TPM Jean-Pierre Giran qui promettait un transport en commun en site propre (TCSP) empruntant l’autoroute et atteignant la cité du Rocher d’ici trois ans. La solution envisagée pour rallier les communes de l’est toulonnais reste bien de faire passer l’engin de 24 mètres par Saint-Jean-du-Var, en partageant la voie avec les voitures. Un sacré pari quand on connaît l’étroitesse et l’encombrement du quartier.
Pour obtenir des précisions, les membres des associations rencontrés sont unanimes: « Il faut que TPM fasse des réunions publiques sur le BHNS! » Sauf que la Métropole n’a pas cette obligation légale. « Si on ressent que c’est un vrai besoin, on peut toutefois faire en sorte qu’il en soit organisé », assure le commissaire enquêteur Bertrand Nicolas.
Savoir+
Enquête publique du 26 mai au 25 juin.
Toutes les informations sur: www.registre-dematerialise.fr/6182/