Par

Rédaction Métropolitain

Publié le

27 mai 2025 à 18h42
; mis à jour le 27 mai 2025 à 18h56

« Dimanche, un surveillant a reçu des éclaboussures d’huile chaude en pleine figure. » Cet évènement résume à lui seul l’état d’urgence qui règne au centre pénitentiaire de Villeneuve-lès-Maguelone, près de Montpellier. L’établissement, censé accueillir 587 détenus, en héberge aujourd’hui 1 054. Un taux de surpopulation de 180 %. Une dérive que dénonce avec force Marine Orengo, secrétaire locale de l’Ufap Unsa Justice : « Le centre pénitentiaire dépasse les limites structurelles et de gestion. »

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Les chiffres parlent d’eux-mêmes. La prison ne peut plus absorber les arrivées. Entre le vendredi 19h et le lundi matin 7h, 19 nouveaux détenus ont été enregistrés. Faute de place, 168 hommes dorment par terre, sur un matelas posé à même le sol. Le quartier arrivants est lui aussi saturé. Des mutations internes ont dû être improvisées en urgence. Une cellule prévue pour quatre personnes en héberge désormais six. « Ces mutations, parfois la nuit ou le week-end, mettent en danger les personnels pénitentiaires. Elles fragilisent l’organisation entière. »

Un quotidien miné par la promiscuité et la violence

La surpopulation transforme chaque moment en source de tension. Les surveillants sont confrontés à une promiscuité insupportable, à la hausse des trafics, des violences et à une détérioration des conditions sanitaires. « Punaises de lit, rats, cafards… tout cela fait partie du quotidien », décrit la représentante syndicale. Les détenus souffrent aussi. Beaucoup présentent des troubles psychiatriques ou psychologiques. Les agents ne disposent pas de formation médicale et doivent pourtant gérer ces pathologies dans un environnement hostile. Les comportements violents, souvent mal compris, échappent à tout cadre d’analyse. « Les conditions de détention sont mauvaises. Il faut tout gérer, mais tout est multiplié par le nombre de détenus. »

À mesure que les détenus arrivent, les effectifs, eux, diminuent. Départs en retraite, mutations, manque de renforts : le personnel s’épuise. « Tous les corps et grades sont au bord de la rupture », prévient la secrétaire locale de l’Ufap. Les urgences médicales, de plus en plus fréquentes, obligent à mobiliser des agents à l’extérieur. 

Vidéos : en ce moment sur ActuUn cri d’alerte lancé depuis l’intérieur

Face à ce naufrage, le syndicat tire la sonnette d’alarme. Il appelle les autorités judiciaires à réguler la surpopulation carcérale avec les moyens légaux déjà existants. « Nous exigeons le transfert immédiat des détenus condamnés sans permis de visite vers des établissements moins saturés. Nous en avons plus de 350 », précise Marine Orengo. À cela s’ajoutent 90 détenus sous ITF (interdiction du territoire français) ou OQTF (obligation de quitter le territoire français) qui n’ont pas vocation à rester sur le territoire. « Ce sont plus de 440 personnes qui pourraient être envoyées ailleurs, mais rien ne bouge. »

L’établissement de Villeneuve-lès-Maguelone n’est pas un cas isolé, mais il cristallise une crise structurelle du système carcéral français. La prison déborde, et avec elle la patience de ceux qui y travaillent. 

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