Rien ne va pas plus entre Bruxelles et Budapest. Les Etats membres de l’Union européenne ont nettement haussé le ton mardi face à la Hongrie, accusée de brider les droits LGBT+ et d’abandonner l’Ukraine.
La marge de manœuvre pour sévir face au gouvernement de Viktor Orban reste toutefois étroite. Bruxelles s’adonne donc depuis des années à un délicat jeu d’équilibriste avec le Premier ministre hongrois.
Budapest proche de Moscou
Les positions de Viktor Orban sont à contre-courant d’autres Etats membres de l’UE sur une ribambelle de sujets, à commencer par les questions d’Etat de droit. Mais le soutien du dirigeant ultraconservateur, proche de Vladimir Poutine, est indispensable sur plusieurs dossiers sensibles, où les décisions se prennent à l’unanimité des 27 Etats membres. A commencer par le renouvellement de sanctions contre la Russie, ou l’adhésion de l’Ukraine à l’UE.
De peur de le braquer, « il n’y a jamais eu de confrontation directe » entre les dirigeants européens et le Premier ministre hongrois, explique un diplomate européen sous couvert d’anonymat. « Mais à un moment on ne peut plus continuer à se faire écraser par ce nain politique et économique qu’est la Hongrie ».
La loi adoptée par la Hongrie au printemps visant à interdire la marche des fiertés LGBT+ a contraint les dirigeants à durcir leur position. En atteste la lettre signée par vingt pays européens, dont la France, exhortant Budapest à réviser ce texte, et les nombreuses déclarations de ministres en amont de la réunion mardi à Bruxelles. « Nous avons de gros problèmes avec la Hongrie », a ainsi dénoncé le ministre allemand chargé des questions européennes, Gunther Krichbaum. « La patience de mes collègues s’amenuise de jour en jour ».
Déjà de nombreuses sanctions
L’UE gèle déjà une dizaine de milliards d’euros de fonds destinés au pays d’Europe centrale, dans le cadre de procédures engagées en raison d’inquiétudes liées aux droits des personnes LGBT+, des demandeurs d’asile, ainsi que les conditions de passation des marchés publics et les conflits d’intérêts.
La Hongrie est aussi visée depuis 2018 par la procédure dite de l’article 7, destinée à sanctionner un Etat membre où est constatée une « violation grave » de l’Etat de droit. Celle-ci peut en théorie aller jusqu’à une suspension des droits de vote au sein du Conseil de l’UE, où siègent tous les chefs d’Etat et de gouvernement. Un scénario inédit, que plusieurs pays ont mis sur la table mardi. La ministre danoise Marie Bjerre, dont le pays assurera bientôt la présidence tournante de l’UE, a assuré être prête à utiliser « tous les outils » nécessaires pour faire rentrer Viktor Orban dans le rang, y compris l’activation de cette procédure.
Notre dossier sur l’Union européenne
Présent mardi à Bruxelles, le ministre hongrois Janos Boka a qualifié la situation « d’hystérie politique », assurant avoir répondu jusqu’ici à toutes les « questions et remarques » exprimées par des Etats membres sur son pays.