Il suffit de faire du cinéma et de resserrer le cadre pour transformer un décor de carte postale en piège suffocant. Sous le soleil écrasant d’une station balnéaire espagnole, Hot Milk se referme sur l’enfer claustrophobique d’un cauchemar psychologique éprouvant. Dans l’étau, une jeune femme — Emma Mackey, dans un jeu replié qui traduit une douleur aussi palpable qu’insaisissable — étouffée par l’emprise venimeuse de sa mère — Fiona Shaw, terrifiante en matriarche féroce.

Figure maternelle toxique

La mère, clouée à un fauteuil roulant par un mal aussi douteux que ses humeurs toxiques, traîne sa fille dans une clinique privée aux allures de secte, dirigée par un médecin charlatan – Vincent Perez, perdu dans un rôle aussi flou que bizarre. Entre une mère monstre et une quête désespérée de liberté, Sofia croise Ingrid — Vicky Krieps, éclatante mais sournoisement calculatrice —, une figure polyamoureuse qui brouille les lignes entre séduction solaire et manipulation froide.

Rebecca Lenkiewicz s’empare du sujet rebattu de la relation mère-fille toxique en travaillant l’atmosphère oppressante de l’histoire : les aboiements stridents et obsessionnels d’un chien enchaîné qui tapent sur les nerfs ; la bande-son anxiogène de Matthew Herbert qui crée une prison sensorielle ; la mise en scène qui enserre le personnage de la fille comme une camisole. Pourtant, le film trébuche sur sa narration bancale, et sur des seconds rôles — celui de Perez en tête — qui frisent le grotesque. Le climax laisse un goût d’inachevé, avec son écran noir qui tombe avant qu’il ne soit réalisé.

Hot Milk de Rebecca Lenkiewicz, en salles dès ce mercredi 28 mai. Durée : 1 h 32.