Installée depuis deux ans au centre-ville de Charolles, rue Général-Leclerc, Sarah Morvan Vessely est aussi sereine que le calme se dégageant de son nouveau studio photo. Quelques récentes récompenses viennent sobrement orner les murs d’un blanc immaculé de cette pièce où elle passe le plus clair de son temps. «  Photographe , c’est un vrai métier. Je travaille environ 50 heures par semaine entre le terrain, le développement, le choix des photos, les prises de vues en studios… », sourit cette trentenaire pressée, mais pas stressée.

Cette ancienne étudiante en LEA (langues étrangères appliquées) à Lyon 2 s’est découvert une vocation pour la photographie un peu par hasard, au début des années 2010, en couvrant des rallyes. Parmi ses pairs photographes qui l’ont influencée, Sarah cite volontiers son mentor et formateur en studio Claude Fougeirol (sacré Meilleur ouvrier de France en 1989). Mais aussi Antoine Dominique, notamment pour ses photos de sports, qu’elle a pu croiser en rallyes. Ou encore le photographe culinaire Patrick Rougereau.

Environ 50 familles par an dans son studio

Dix ans plus tard, avec une dizaine d’entreprises locales faisant appel à ses services, Sarah a créé sa SARL. « Aujourd’hui, j’ai en moyenne une cinquantaine de familles par an qui passent au studio à Charolles. J’interviens aussi dans une dizaine d’écoles du secteur et je réalise des travaux pour près d’une quinzaine de mariés à l’année. Je me sers parfois de l’intelligence artificielle pour homogénéiser les couleurs sur mes images et gagner du temps. Mais je ne me sens pas en danger comme les photographes de publicité. Au quotidien, moi, je travaille avec des vrais gens. Et l’IA ne pourra jamais saisir le sourire d’une maman pour son enfant comme je le fais. Je crois en l’avenir. Mon carnet de commandes se remplit bien. On me connaît ici maintenant. Charolles est une ville agréable », confie la jeune femme.

Des récompenses et une maternité

L’évolution favorable de son activité est confortée par des titres glanés en quelques années seulement. « Ces victoires m’ont permis de gagner en confiance et en créativité. Même si je pose mes bases et continue à faire mes classiques, je laisse plus faire mon instinct. Je me permets plus de choses. Je suis plus détendue et rassurée sans que ça ne flatte mon ego », analyse-t-elle. Et de revenir sur son palmarès : « J’ai gagné trois titres de photographe portraitiste de France en 2021, 2023 et 2025. Celui de cette année est particulier puisque c’est mon meilleur classement. J’ai fini 5e sur près de 600 inscrits. En 2023, j’ai aussi eu le titre européen de photographe culinaire. Et en 2024, j’ai ramené une médaille d’or à l’Été des Portraits à Bourbon-Lancy. Finalement, depuis 2021, il n’y a qu’en 2022 que je n’ai rien gagné… Mais je suis devenue maman ! » sourit-elle.

Un coup de cœur du jury

Une maternité qui lui aura indirectement permis de remporter cette année le prix Norbert-Tisserand, qui correspond au coup de cœur du jury 2025 pour la meilleure série de portraits. « C’est ma plus grande victoire. Je n’ai pas gagné d’argent mais c’est très symbolique pour moi : c’était sur le thème de la maternité. La 5e place avec la mention honneur, c’était chouette, mais ça reste des notes. C’est juste car j’ai eu plus de 14 sur 20. Avec ce coup de cœur, le jury a entendu mon message, celui que la maternité n’est pas forcément heureuse. C’est encore tabou dans nos sociétés. Même si mon deuxième enfant est un immense bonheur et que je suis heureuse qu’il se soit un peu invité par hasard dans ma vie, j’ai néanmoins préféré que ce soit un garçon, comme son grand frère, pour qu’il n’ait pas à connaître plus tard une douleur comme l’accouchement. Il n’aura pas à subir ça. »

Pour Sarah Morvan Vessely, il reste en effet difficile d’être une femme en 2025 dans beaucoup d’endroits du monde : « Et si je regarde ça à mon niveau, être une femme à son compte, une entrepreneuse qui fait tout toute seule au travail et qui a deux garçons de 4 ans et de 1 an et demi à élever, eh bien ça reste un parcours du combattant au quotidien. Même si je ne culpabilise pas le papa. »