Dans « Jeunes mères », Palme du meilleur scénario au récent Festival de Cannes et sorti le 23 mai en salles, Jean-Pierre et Luc Dardenne (« Rosetta », « L’enfant ») suivent cinq adolescentes cabossées par la vie qui font leurs premiers pas dans la maternité. Un beau film choral au réalisme très brut.
Hébergées dans une maison maternelle proche de Liège, plusieurs adolescentes enceintes, ou déjà mamans, doivent faire la paix avec leur passé, leur situation sociale et familiale, leur addiction, pour accepter la responsabilité de leurs bébés.
Mais Jessica, Perla, Julie, Ariane et Naïma ont chacune un combat solitaire à mener pour, peut-être, parvenir à offrir à leur enfant et à elle-même une vie meilleure.
« Une force de la vie très forte »
« On a voulu qu’elles aient toutes un parcours individuel, qu’elles soient cinq fois unique et qu’au bout de leur parcours, alors que ce n’est pas évident, il y ait quand même une lumière, qu’elles arrivent à traverser le tunnel », explique Luc Dardenne dans l’émission Vertigo du 23 mai.
Trait d’union entre ces cinq jeunes mères, la maison maternelle, qui accueille des femmes enceintes sans ressources, avait été visitée par le duo belge dans le cadre d’un autre projet de scénario. « On a été pris par ce lieu, par ce groupe de jeunes mères, par les bébés qui étaient là, qui bougeaient, qui criaient et qui riaient aussi. Ce monde, je ne dis pas que c’était le paradis sur terre, mais on a ressenti une force de la vie très forte », explique encore le réalisateur Jean-Pierre Dardenne
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Un film aux multiples points de vue
Après plusieurs films qui commençaient sérieusement à tourner en rond (« Le jeune Ahmed », « Tori et Lokita »), les frères Dardenne étonnent d’emblée en changeant ici leurs habitudes. Pour la première fois de leur carrière, les cinéastes s’écartent d’une caméra clouée à un seul personnage, ouvrent le champ à une multiplicité de points de vue et d’histoires singulières, orchestrent un récit choral à cinq voix et laissent entrer un peu de souffle et de respiration dans leur film.
Si certaines intrigues sembleront plus ou moins intéressantes par rapport aux autres, on perçoit une lumière nouvelle affleurer dans ce film toujours porté par un réalisme très brut, mais magnifié par un désir de fiction, une envie de quitter le pur déterminisme social pour laisser un espoir à ce groupe de jeunes femmes et leurs enfants, incarnant l’idée même de l’avenir. On n’avait plus ressenti une émotion aussi sensible dans un film des frères Dardenne depuis longtemps.
Critique: Rafael Wolf
Adaptation web: ld
« Jeunes mères » de Jean-Pierre et Luc Dardenne, avec India Hair, Christelle Cornil, Babette Verbeek. A voir dans les salles romandes depuis le 23 mai 2025.