C’était la plaidoirie de partie civile la plus attendue. Ce mercredi 28 mai en fin de matinée, au 29e jour du procès Apollonia, l’avocat marseillais Christophe Jervolino est venu plaider « le fardeau d’une vie », celui dans lequel il a plongé alors qu’il n’était qu’un jeune avocat en devenir qui n’avait pas encore prêté serment, en 2007.

Quelques instants plus tôt, victime d’un malaise à la barre, son associée avait dû être évacuée par les marins-pompiers de Marseille. Image symbolique, a glissé Me Jervolino, de « l’angoisse qu’elle porte depuis des années pour faire face au monstre Apollonia ».

Si la parole de l’avocat marseillais était particulièrement attendue, c’est que l’association des victimes d’Apollonia, l’ASDEVILM, qu’il accompagne depuis le départ en retraite de son prédécesseur Jacques Gobert, occupe une place à part dans ce dossier tentaculaire.

Depuis le 19 mai, des dizaines d’avocats de parties civiles se sont avancés pour défendre les intérêts de leurs clients, plus de 700 particuliers qui s’estiment lésés par les investissements immobiliers réalisés via la société aixoise.  L’association des victimes, elle, défend le collectif, grâce auquel elle a réussi « à renverser le système Apollonia ».

« Vous allez juger le gâchis de vies humaines »

Devant les juges, Christophe Jervolino s’est ainsi remémoré son premier rendez-vous à ce sujet, il y a 18 ans. Le client était Claude Michel, un proviseur de collège et longtemps président de l’association. Un homme « juste, droit », arrivé dans le bureau avec un dossier trop mince et cet endettement d’1,4 million d’euros qui lui avait donné envie « de prendre le fusil de chasse et d’aller au fond du jardin ».