Le comédien a été révélé au grand public en passant par des émissions de Laurent Ruquier, sur France 2. Depuis un an, il joue son spectacle «Renaissance», dans lequel il s’en prend à plusieurs reprises aux «gwers», c’est-à-dire des personnes blanches ou occidentales.
Il y a bien longtemps qu’on ne voit plus son visage à l’écran. Pourtant, Mustapha El Atrassi a dernièrement fait parler de lui pour une blague controversée. Ce mardi 27 mai, Marion Maréchal a annoncé avoir saisi la justice pour incitation à la haine à l’encontre de l’humoriste franco-marocain. En cause, cette phrase prononcée par l’intéressé en plein spectacle et relayée sur ses réseaux sociaux : «Tout le temps qu’on perd à s’insulter entre Marocains et Algériens, c’est du temps perdu à insulter les “gwers” (façon injurieuse de désigner une personne blanche ou occidentale, NDLR)». Une vanne qui a même conduit un spectateur à quitter la salle, justifiant : «apparemment, je ne suis pas le bienvenu».
L’intervention de l’eurodéputée du groupe Conservateurs et réformistes européens (ECR) auprès de la justice n’a pas manqué de faire réagir le comédien, qui sur Instagram a republié le tweet de Marion Maréchal en l’accompagnant d’un émoji en forme de cœur. L’humoriste a également partagé auprès de ses 260.000 abonnés différents clichés d’émissions sur Cnews qui évoquaient l’affaire ce lundi, en ajoutant le commentaire «quelle belle journée».
Dans son dernier spectacle «Renaissance» qu’il joue depuis 2024, les blagues à l’encontre des blancs sont régulières, et n’ont pas manqué de faire couler de l’encre. Parmi elles : «Jean-Charles, je vais inverser la courbe de la moquerie. Ça fait quarante, cinquante ans que les “gwers” se moquent de nous dans les médias. Tu vas payer pour la Zoubida [chanson stéréotypée sur une femme du Maghreb interprétée par Vincent Lagaf’ en 1991, NDLR], sale bâtard», citait par exemple dans une critique le directeur adjoint de la rédaction de Marianne, Thibaut Solano, le 23 décembre dernier.
Mustapha El Atrassi est bien connu du grand public, et depuis longtemps. Originaire du Cher, le comique de 39 ans a découvert le standup lors d’un voyage scolaire au Royaume-Uni et a rapidement souhaité en faire son métier. C’est au Maroc qu’il perce d’abord, en terminant finaliste du concours d’humoristes «15 ans, 15 talents» organisé par la chaîne nationale 2M. Ce qui lui permet par la suite d’être repéré par Jamel Debbouze, qui le fait participer à la première saison du Jamel Comedy Club sur Canal + en 2006.
Plainte pour «coups et blessures» d’Anne-Élisabeth Lemoine
Progressivement, les blagues de Mustapha El Atrassi se font une place sur la scène parisienne et sur le petit écran, à tel point que Laurent Ruquier décide de prendre le jeune humoriste sous son aile. D’abord à l’antenne sur Europe 1 dans l’émission «On va s’gêner», puis à la télévision dans «On a tout essayé» sur France 2. Il a également participé à la première saison de «On n’est pas couché», en septembre 2006. Mais six mois plus tard, à la suite de «violences verbales» envers une assistante de l’émission, l’humoriste a été écarté du programme, révélait le 30 avril 2007 le blog de Jean-Marc Morandini. Il était finalement revenu à l’antenne quinze jours plus tard. Il poursuit ensuite sa route au côté de Laurent Ruquier jusqu’en 2008, avant de rejoindre Thierry Ardisson sur Canal + dans l’émission «Salut les Terriens».
Côté cœur, c’est également en 2007 qu’il entretient une relation avec la journaliste et animatrice Anne-Élisabeth Lemoine, aujourd’hui aux commandes de l’émission «C à vous» sur France 5. Une idylle qui se soldera au bout de quelques mois par une plainte déposée pour «coups et blessures» par Anne-Élisabeth Lemoine à l’encontre de son ex-conjoint.
Animateur à la télé et à la radio
Outre ses talents d’humoriste, Mustapha El Atrassi se voit également confier des émissions à la radio. Il coanime entre 2008 et 2011 la matinale de NRJ, le «6/9». À la télé, de 2009 à 2012, il présente aussi l’émission hebdomadaire «La nuit nous appartient» sur NRJ 12 et Comédie +, où il reçoit différentes personnalités (comédiens, chanteurs, candidats de téléréalité…). Avec une approche légère sous le ton de l’humour façon «talk-show» à l’américaine, mais aussi sans filtre, comme lors de cette émission où l’ancienne candidate de téléréalité Ayem Nour était invitée. «Ayem (ah j’aime) beaucoup ce que je vois ! C’est pour moi que tu t’es habillée comme ça ? Tout ça c’est pour moi ?», lançait-il face à la jeune femme brune en robe courte et décolletée.
C’est à cette époque, en 2011, qu’il se met en couple avec Ornella Fleury, jeune actrice alors inconnue du grand public. Elle rejoindra cinq ans plus tard le programme quotidien «Le Grand journal» sur Canal+, en tant que Miss Météo. Pour cette même saison, Mustapha El Atrassi est lui aussi au casting, proposant des pastilles vidéos mettant en scène un comédien en herbe qui peine à décrocher un rôle. Le couple restera ensemble jusqu’en 2018.
«Mustapha El Atrassi revient vous dire des horreurs»
Après cette carrière dans les médias, Mustapha El Atrassi est retourné à ses premières amours, la scène et les sketchs, tout en disparaissant progressivement du petit écran et de la presse people. Il s’envole pour les États-Unis pour participer au concours de Los Angeles «Laugh Factory», durant lequel plusieurs jeunes humoristes s’affrontent dans plusieurs comedy clubs. Son expérience de deux mois est captée et diffusée quelques mois plus tard sur Comédie + dans l’émission «Mustapha L.A Trassi», présentée par Mouloud Achour.
Par la suite, Mustapha El Atrassi enchaîne les spectacles : il joue «Seul» en 2015, produit par sa propre société Chicha Production lancée la même année, puis «Lecture» un an après. En 2017, il sort même deux spectacles, «Troisième degré» et «Sans modération». Un joli rythme de croisière qui se poursuit l’année suivante avec «+212 / +33» (les indicateurs téléphoniques du Maroc et de la France). En 2019, rebelote, il joue «Communautaire» et «Game Over» la même année. Avant d’entamer une tournée avec «Renaissance», toujours d’actualité.
Avec ce spectacle, l’humoriste dérange. «Mustapha El Atrassi revient vous dire des horreurs avec son sourire d’enfant de chœur, à l’aise et
infernal, sans transpirer», écrivait Libération le 2 janvier dernier. Avant d’ajouter : «Les fans, rameutés en masse sans la moindre promotion hormis un post Instagram, connaissent le principe. Régler leur compte à toutes les communautés dans la salle, où les “minorités” sont les majoritaires – diasporas arabes, couples mixtes, bandes de copines voilées, “les kheys” (frères) d’ici et d’ailleurs (…) Et les “gwers”, des intrus à malmener, bizuts consentants venus encaisser des vannes à leurs dépens.» Si Marianne concédait en décembre dernier qu’il s’agit d’«humour, bien sûr, quoique l’humoriste se prenne très au sérieux», le journal concluait sa critique par un commentaire cinglant : «Peut-être cela explique-t-il aussi pourquoi la télé se passe si bien de lui.»