Par
Nicolas Gosselin
Publié le
28 mai 2025 à 18h34
Candidate désignée par le Rassemblement national pour les élections municipales 2026 à Bordeaux, Julie Rechagneux porte de grandes ambitions. La députée européenne de 29 ans souhaite a minima atteindre le second tour pour que le parti de Marine Le Pen puisse avoir des élus au conseil municipal. Ce qui n’est pas le cas actuellement. Entretien.
Actu : En 2020, le candidat du RN – Bruno Paluteau – n’avait recueilli que 3 % des suffrages au premier tour. Ne vous envoie-t-on pas au casse-pipe ?
Julie Rechagneux : En 2020, la campagne municipale avait été compliquée avec le Covid qui commençait à monter. Les médias en parlaient beaucoup, l’ambiance globale a fait que les gens ne se sont pas intéressés à cette élection.
Mais depuis, notre nombre de militants a augmenté à Bordeaux. Puis, Bruno Paluteau avait réuni 1 794 voix mais ce qui est très encourageant, c’est qu’aux législatives 2024, le RN a obtenu plus de 19 000 voix à Bordeaux. On a quand même un potentiel électoral intéressant quand on sait que Pierre Hurmic a été élu maire avec 26 506 voix.
Si on poursuit le parallèle avec les dernières législatives, on s’aperçoit que toutes les circonscriptions de la Gironde ont été remportées par le RN au premier tour… sauf celles de la métropole de Bordeaux.
Julie Rechagneux : On sait très bien que nos points de force sont plus dans la ruralité mais on voit aussi qu’à Bordeaux, depuis que l’insécurité a explosé*, on a de plus en plus d’électeurs. Sur la 2e circonscription de la Gironde où j’avais été candidate en 2017, j’avais fait 3,7 %. Et en 2024, la candidate RN a fait 14 %. On a une véritable force à Bordeaux et il y a de plus en plus de gens qui se tournent vers nous et sont prêts à s’engager sur notre liste.
Pour autant, n’avez-vous pas peur de souffrir d’un déficit d’image ? À 29 ans, vous êtes la plus jeune candidate déclarée et peu de gens vous connaissent encore…
Julie Rechagneux : C’est pour ça que je me suis annoncée assez tôt et dès le mois de septembre, on va lancer une campagne de terrain. On va commencer avec un questionnaire qu’on va distribuer dans toute la ville. On va être présents sur les marchés et distribuer des tracts pour augmenter cette notoriété car elle s’acquiert avec le temps.
Cela va être un des objectifs, de montrer qu’on est présents, qu’on propose une alternative et rappeler aux électeurs les enjeux et l’importance de ces élections municipales. Et je pense que c’est une force d’avoir une candidate claire, qui est annoncée assez tôt, contrairement à la droite et au centre qui se bouffent un peu le nez autour de cinq à six candidatures.
C’est une aubaine pour vous, non ? Vous espérez pouvoir profiter de ce flou pour récupérer des voix à droite ?
Julie Rechagneux : On bénéficiera forcément de voix à droite. On a des électeurs, qui ont toujours voté pour Alain Juppé et qui se sentent un peu abandonnés. Mais je ne veux pas définir ma campagne sur cet échiquier politique qui me semble déplacé. On a aussi un électorat historiquement de gauche, qui est très populaire, notamment sur la rive droite.
On va essayer de viser cet électorat et les abstentionnistes, toute une partie de Bordelais qui sont dégoûtés par la politique. On va essayer de leur redonner espoir, de faire en sorte qu’ils aient envie de reprendre l’avenir de leur commune en main.
Quel est l’objectif que vous vous êtes fixés ?
Julie Rechagneux : L’objectif, c’est de gagner. On ne part pas à une élection avec l’idée de perdre. Après, on est conscients qu’il y a un gros électorat à Bordeaux, qui est plutôt situé à gauche voire maintenant totalement écologiste, comme on a pu le voir sur les derniers scrutins nationaux.
L’objectif est de rentrer au conseil municipal quoi qu’il advienne. Que ce soit comme maire ou dans l’opposition pour faire changer les choses de l’intérieur et tenter de faire adopter des mesures qui vont dans l’intérêt des Bordelais. On peut créer la surprise sur ces élections municipales et faire un score qui sera très intéressant. J’espère faire au moins 13 % !
Qu’est-ce qui vous rend confiante sur une qualification au second tour ?
Julie Rechagneux : J’ai fait la brocante des Quinconces, le 10 mai, et le marché des Chartrons le lendemain. C’est un marché qui, historiquement, ne nous était pas favorable. Il y a quelques années, quand on y allait, on ne distribuait pas un tract et là, aujourd’hui, l’accueil est phénoménal.
On discute avec beaucoup de personnes, on sent qu’il y a une dynamique. Les gens nous parlent d’insécurité, c’est le sujet qui revient beaucoup. Ils ont l’impression que leur ville n’est plus la même. Jusqu’alors, Bordeaux était une ville très épargnée par l’insécurité. C’est un thème de campagne assez fort pour nous. On considère que vivre en sérénité, c’est quand même la première des libertés, c’est ce qui rend heureux.
*Si les chiffres du ministère de l’Intérieur démontrent une augmentation de la délinquance entre 2016 et 2023, la situation a plutôt tendance à se stabiliser en 2024, voire à s’améliorer sur certains critères (vols à la roulotte, cambriolages, violences sexuelles), nuance cet article d’actu Bordeaux.
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