En dix ans, le paysage routier français s’est radicalement transformé : les grands panneaux publicitaires se font de plus en plus rares.Des villes comme Nantes, Grenoble ou Marseille ont tourné le dos à cette forme de communication visuelle.Une tendance qui inquiète les professionnels du secteur, menacés par cette disparition progressive.
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Initiatives environnementales
Perte de revenu, impossible de communiquer… la colère s’affiche en format 4×3. Des panneaux publicitaires sur lesquels sont écrits ces mots : « Projet RLPI = interdiction de la publicité », « Confiscation de 100 ans de liberté d’expression », « Valorisation des sociétés Américaines et Chinoises, du digital, des GAFAM au détriment des entreprises locales »… La raison ? Le Règlement local de publicité (RLP) qui impose des normes sur la prolifération des panneaux publicitaires. « C’est vraiment brutal », estime Laurent Thivel, président de la société Publimat, dans le sujet en tête de cet article. À Nancy, l’agglomération veut réduire drastiquement l’affichage publicitaire. Un coup dur pour les affichistes : « Aujourd’hui, sur la ville de Nancy, on est à 95% de perte. Il subsisterait trois panneaux. Donc c’est insoutenable. Une ville de 100.000 habitants, on ne peut pas communiquer avec trois panneaux ». Une réduction pouvant mettre en danger toute une filière. Car moins d’affiches, c’est moins de travail pour les poseurs ou encore les graphistes.
Le jour de notre reportage, une pub est finalisée pour un magasin du centre-ville. « Le problème, c’est que ça nous coupe l’herbe sous le pied », déplore Christophe De Mattheïs, gérant de la boutique Cinna à Nancy. Des commerces pour qui ce mode de communication est indispensable : « L’impact n’est pas du tout le même. Pour moi, le 4×3, c’est primordial. Tout de suite, ça flashe, ça attire l’attention ». Sur ces affiches omniprésentes dans toute la ville, les habitants sont partagés. Pour certains, ça occupe : « Pour moi, ça me fait passer du temps quand je suis garée au feu rouge ». Pour d’autres, c’est superflu : « Cela enlaidit inutilement les rues. Donc s’il y en a un petit peu moins, ce n’est pas mal ».
La plupart des panneaux bientôt démontés
Embellir et préserver l’environnement urbain. Ce sont justement les objectifs avancés par Vincent Matheron, vice-président de la métropole de Nancy, en charge du dossier : « Le sujet aujourd’hui, c’est à la fois la densité des panneaux publicitaires, mais aussi les différents dispositifs qui existent. Et notamment un dispositif lumineux qui aujourd’hui nous questionne. Quand une zone d’activité est fermée, il n’y a pas besoin que la publicité soit encore allumée. »
Des discussions sont encore en cours pour amender le projet. Mais la plupart des panneaux dans le centre-ville de Nancy vont être démontés.
La rédaction de TF1info | Reportage : Pierre-Mickaël Carniel