Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme alerte sur une vague sans précédent de déchéances de nationalité au Koweït, frappant plus de 37.000 personnes depuis août 2024, dont une large majorité de femmes. Ces décisions, prises sans possibilité de recours judiciaire, inquiètent profondément la communauté internationale et les défenseurs des droits humains.

Selon les chiffres officiels, au moins 26.000 femmes ont été touchées par ces révocations, un chiffre qui pourrait être sous-estimé. Cette campagne radicale s’inscrit dans les réformes menées par l’émir cheikh Mechal al-Ahmad al-Sabah, arrivé au pouvoir fin 2023. Depuis son investiture, il a dissous le Parlement, suspendu partiellement la Constitution et engagé une redéfinition de la citoyenneté fondée sur les liens de sang.

Les binationaux également visés

« Nous sommes profondément préoccupés par les récentes révocations de nationalité décidées par le Koweït, en particulier concernant les personnes ayant renoncé à leur citoyenneté antérieure, et par l’extension de ces révocations à leurs proches », a déclaré à l’AFP Seif Magango, porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l’homme.

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Le nouveau cadre légal a notamment supprimé la naturalisation par mariage – jusqu’ici réservée aux femmes – rétroactivement jusqu’à 1987, entraînant la perte de nationalité de milliers d’épouses. Sont également visés les binationaux, malgré l’interdiction de la double nationalité au Koweït, les personnes accusées de naturalisation frauduleuse ainsi que des figures publiques naturalisées en raison de leur contribution à la société, comme des artistes.