« On peut réussir dans la vie en disant n’importe quoi, en faisant n’importe quoi… »
Cette vérité définitive, ils ont pris une heure trente pour en donner la preuve, Cuche et Barbezat. Un duo d’humoristes. D’humoristes suisses. Aurait-il fallu s’en méfier ?
Dans la salle de l’espace Jean-Jaurès, ils ne s’étaient pas méfiés en tout cas. Ils étaient là pour rigoler. Au beau milieu de la semaine, Aux Actes Citoyens, festival essentiellement de théâtre, aime à s’offrir cette petite virgule d’humour, et la soirée En voiture Simone, très populaire, en est l’occasion toute trouvée. Le public y a la rigolade franche et sans ambages.
Ils étaient donc tous venus pour rigoler. Et reconnaissons que notre binôme suisse s’est acquitté de la tâche avec une certaine dextérité.
Un duo vieux de près de 40 ans, Cuche et Barbezat. Autant dire un vieux couple. Avec sa complicité, ses disputes, ses vieilles habitudes, sa tendresse indéfectible et même ses crises de jalousie. Un couple de clowns façon Laurel et Hardy, à ce détail près qu’ils s’échangent régulièrement les rôles de dominant et dominé.
Le savoir faire rire helvète
Mercredi à Tomblaine, où on les avait déjà programmés il y a une dizaine d’années, la paire d’Helvètes décomplexés nous avait promis une soirée « hommage ». En réalité une soirée d’auto-hommage que s’auto-rendaient Cuche et Barbezat « avant qu’il ne soit trop tard ». On n’est jamais mieux servi que par soi-même…
Surtout, la formule était prétexte tout trouvé pour opérer un petit retour dans le passé et en extraire une farandole de sketches éprouvés. L’occasion de mettre en avant l’étendue de leur savoir-faire et en particulier de leur savoir faire rire.
Tout y était convoqué du genre humoristique : le comique de répétition (beaucoup !), l’outrance (avec d’emblée grand déballage des « attributs »), le jeu de mots, l’absurde et la pantomime. Et quelques facéties acrobatiques dont Cuche a le secret malgré ses 58 ans qui ne lui ont rien enlevé de sa souplesse physique. Sa démonstration de ski alpin sur escabeau est à ce titre redoutablement efficace.
Le rire, on ne sait jamais trop pourquoi ça marche… ou pas. Mais il y a toujours plaisir à voir une salle peu à peu gonfler, gonfler, gonfler d’une humeur joyeuse… avant d’éclater en une déferlante de rires. En particulier lorsqu’une dame, quelque part dans la salle, a le rire fou et inextinguible.
À ce moment-là du spectacle (en l’espèce sur un classique de Fernand Raynaud repris à la sauce suisse), la salle semblait verser dans une autre dimension. Et la dame riait de plus belle. Et déclenchait le rire à son tour. Alors sur scène, dans ces conditions, ils pouvaient bien en effet dire et faire… vraiment n’importe quoi !