Pourtant auteur des meilleurs résultats de son groupe, Pedro Acosta s’est montré très virulent à Silverstone, multipliant les appels à destination de KTM pour que le constructeur mette rapidement en place des solutions face au manque de compétitivité actuel. L’Espagnol disait parler en cela au nom des quatre pilotes de Mattighofen, et il est vrai qu’il était difficile de trouver des propos positifs chez l’un d’eux pendant ce septième week-end de course de la saison.
Enea Bastianini était particulièrement abattu à l’issue du Grand Prix. Arrivé cette année sur la RC16, il semble s’effondrer un peu plus chaque week-end, incapable jusqu’à présent de véritablement trouver la clé de la performance avec cette moto. À Silverstone, piste qui l’avait vu gagner il y a un an, le coup était rude à encaisser.
« Ça a été une course vraiment difficile, y compris d’un point de vue mental », a expliqué le pilote italien. « Déjà, la situation était difficile parce qu’il y avait beaucoup de vent, et avec le long-lap j’ai perdu le contact sur le groupe, mais ça n’était pas ça le problème. Le problème, c’est que je n’y arrive plus. Je n’arrive pas à trouver la solution. J’ai pensé à abandonner à tous les tours ! À chaque tour qui passait, je me disais ‘allez, je rentre’, mais par respect pour tout le monde j’ai continué. Mais, vraiment, aujourd’hui ça a été la course la plus difficile de ma vie. »
Le pilote Tech3 a expliqué avoir vu ses problèmes amplifiés par les conditions compliquées de dimanche, avec un circuit balayé par de grosses rafales de vente. Une moto qui « ne tourne pas », une électronique qui « ne fonctionne pas » et une moto très nerveuse, devenue incroyablement instable en course, voici ce qu’il décrivait. « La course a été très compliquée. En ligne droite, il m’était même difficile de garder l’accélération parce que l’avant était trop léger et il se dérobait souvent en ligne droite. Ça a été très frustrant pour moi. »
La saison devient extrêmement compliquée pour Enea Bastianini.
Photo de: KTM Images
La qualité de la RC16 sur les gros freinages, qu’il dit être le seul point fort de la moto, se révélait inutile sur le tracé fluide de Silverstone et c’est un Bastianini très loin de son potentiel qui a traversé le week-end, à l’arrivée des deux courses mais à nette distance des points. « Je suis actuellement le plus mauvais en piste. J’ai gagné ici l’année dernière, les deux courses, et c’est impossible que je sois dernier cette année. Je pense que KTM doit faire quelque chose pour moi, pour mon avenir, parce que c’est impossible de continuer comme ça. »
« Étant donné ma course d’aujourd’hui, c’est difficile d’être positif. C’est très difficile d’être de bonne humeur. Je m’attendais et je m’attends à plus, c’est évident, et au lieu de ça, ce ‘plus’ n’arrive pas. Au contraire, souvent c’est même ‘moins’ et tout ce qu’on essaye ne fonctionne pas. Ça n’est vraiment pas bon », a-t-il ajouté. « J’espère voir arriver quelque chose qui pourra m’aider. Avant tout en termes d’ergonomie parce que je ne suis pas à l’aise, mais aussi en termes d’électronique et de châssis qui sont à mon avis les deux aspects à ne pas sous-estimer et qui ne nous aident pas. »
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Binder ne « cherche aucune excuse »
Moins radical dans ses propos, Brad Binder a néanmoins concédé avoir connu une course « horrible » lui aussi, lui qui est reparti d’Angleterre avec seulement deux points en poche, après un week-end blanc en France. Néanmoins, le Sud-Africain a surtout insisté sur un choix de pneu qu’il estime avoir été mauvais.
« Je me sentais bien quand j’étais derrière quelqu’un et que je prenais un peu de température, mais dès que j’étais seul, j’avais l’impression de ne pas pouvoir faire tourner la moto parce que l’avant n’arrêtait pas de se dérober », a-t-il décrit. « J’ai vraiment, vraiment eu du mal dans cette course. Même en roulant lentement, il y a eu des moments où j’ai eu de la chance de ne pas tomber. Il faut que je trouve de la confiance, que j’essaye juste de retrouver un peu de bonnes sensations et que j’essaye de les utiliser. »
À l’instar de Bastianini, Binder a souligné le besoin de s’en tenir à des réglages stables. « On joue beaucoup avec les réglages pour essayer de trouver quelque chose mais… Franchement, j’ai le sentiment d’avoir fait une grosse erreur en ne prenant pas le pneu avant soft. Je savais que j’aurais détruit le soft, il ne tenait pas très bien, mais avec le medium, à la seconde où il perdait en température j’avais énormément de sous-virage. Du coup, quand on ne peut pas pousser sur l’avant et qu’on perd tout le temps en traction et en sortie, on est vraiment lents. »
Brad Binder a pris la 14e place en course.
Photo de: KTM Images
« J’étais vraiment lent aujourd’hui et je ne cherche aucune excuse », a ajouté Binder, « je dois faire mieux et on doit trouver une solution. Je me bats beaucoup avec les réglages, je les modifie beaucoup pour essayer de trouver des solutions, mais ça ne change pas grand-chose. Il faut qu’on trouve quelque chose qui me donne un peu de confiance et qu’on le garde. »
« Pas le véritable potentiel de la moto »
Il n’y a finalement que Maverick Viñales qui arrive à trouver des traces de positif et à relativiser la mauvaise performance collective de ce Grand Prix. « Honnêtement, ce week-end je n’ai pas fait tellement de changements parce que j’ai confiance dans la moto qu’on a », a déclaré l’Espagnol, à rebours des propos de Bastianini et Binder. Il était 11e à l’arrivée de la course, alors qu’il vu la fin de sa belle série de qualifications.
« C’est juste que j’ai eu beaucoup de soucis ce week-end. J’ai eu un souci technique vendredi, ensuite en Q1, et après, si vous partez 18e c’est loin, c’est difficile. J’avais le rythme pour me battre pour le top 5, mais en partant derrière je me suis battu avec tout le monde – avec Enea, Raúl [Fernández], Brad… Je me suis tellement battu qu’en l’espace de cinq tours, j’ai perdu six ou sept secondes. C’est comme ça qu’on perd une course. »
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Sans nier les difficultés rencontrées en Angleterre, Viñales parvenait à les relativiser quelque peu en prenant du recul : « Je pense que cette piste est très particulière, et le grip sur l’angle n’est pas notre point fort, or il en faut beaucoup sur cette piste pour sortir des virages. Il y a de très longs virages avec beaucoup de banking. Pour moi, il faut qu’on oublie cette piste et qu’on se concentre sur Aragón parce que ça n’était clairement pas le véritable potentiel de la moto. »
« Il faut qu’on essaye de ne pas trop se laisser abattre par ce résultat, et qu’on se tourne vers la prochaine course », a ajouté l’Espagnol, le seul pilote KTM à s’être battu pour la victoire cette année, au Qatar, avant d’être pénalisé. « Aragón n’est pas une piste facile non plus parce que le grip est très faible, mais ensuite on a un test important. Il ne faut donc pas toucher à trop de choses et essayer d’être intelligent par rapport à ce qu’on fait sur la moto. Il faut qu’on soit très intelligents, sans quoi si on fait une erreur et qu’on [recule] ce sera un désastre. Il faut bâtir pierre après pierre. »
Les pilotes KTM doivent passer à Mattighofen cette semaine afin de travailler sur l’aérodynamique de la RC16. Pour ce qui est du test prévu au lendemain du prochain Grand Prix, en Aragón, ils assurent ne pas encore savoir s’il est prévu de marquer l’arrivée de nouvelles pièces. Les messages adressés à la direction sont toutefois suffisamment clairs pour qu’une réaction soit fermement attendue.
Dans cet article
Léna Buffa
MotoGP
Maverick Viñales
Brad Binder
Enea Bastianini
Tech 3
Red Bull KTM Factory Racing
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