A Gémenos, dans les Bouches-du-Rhône, un ambulancier de 44 ans a été condamné mercredi par le tribunal correctionnel de Marseille à quatre ans de prison, dont un avec sursis probatoire, pour avoir escroqué la Sécurité sociale à hauteur de plus de 1,7 million d’euros. Il devra également s’acquitter d’une amende de 10.000 euros. A la tête de la société GEM Ambulances, l’homme avait transmis entre janvier 2016 et octobre 2023 des milliers de fausses factures à trois caisses d’assurance maladie.

Selon ses propres aveux, ces transports fictifs représentaient entre 20 et 30 % de l’activité de son entreprise. Les organismes sociaux lésés (les CPAM des Bouches-du-Rhône et des Hauts-de-Seine et la caisse de prévoyance et de retraite ferroviaire) ont chiffré leurs demandes à 2,6 millions d’euros. Le prévenu devra verser, avec sa compagne, une provision de 200.000 euros répartie entre les trois organismes.

Une première condamnation en 2012

Déjà condamné en 2012 pour une fraude similaire de 280.000 euros, le prévenu avait contourné son interdiction de gérer une entreprise en plaçant deux hommes de paille à la tête de ses sociétés : son frère et un ami. Ces deux derniers ont été condamnés chacun à un an de prison avec sursis.

Mais cette nouvelle affaire dépasse de loin le cadre d’une fraude administrative. L’argent détourné aurait permis la construction, sans permis et sur des terrains agricoles ne lui appartenant pas, d’un vaste bâtiment de 3.800 m2 dans la commune de Gémenos. Qualifiée de véritable « forteresse », la demeure comprenait une trappe dissimulée dans un dressing menant à un sous-sol, où sept motos ont été découvertes par les enquêteurs. Le tribunal l’a aussi condamné pour des infractions au code de l’urbanisme.

Un train de vie digne d’un millionnaire

Le style de vie du couple, largement financé par l’escroquerie, tranchait avec la discrétion attendue d’un professionnel de santé : séjours à Monaco, vacances à Dubaï, objets de luxe et restaurants étoilés. La compagne du prévenu, qualifiée de « petite main de la fausse facturation » par la procureure, a été condamnée à deux ans de prison avec sursis et 5.000 euros d’amende. Elle a affirmé ne pas avoir eu connaissance des antécédents judiciaires de son compagnon.

Notre dossier sur la fraude

A l’audience, l’ambulancier s’est montré repentant. « Je voulais avancer, donner un cadre de vie à tout le monde », a-t-il déclaré. Durant l’instruction, il avait reconnu avoir « complètement déraillé ». Un expert psychiatre a décrit un homme blessé, en quête de reconnaissance : « Il reconnaît aimer l’argent, ses blessures narcissiques devant être comblées par une réussite sociale. » Son avocat, Me Thomas Hugues, a défendu une peine utile : « La détention a été pour lui un électrochoc. La meilleure peine, c’est de le faire travailler pour qu’il rembourse ce qu’il doit à la société. »