Pour autant qu’on veuille bien la lire, l’histoire peut souvent apporter une réponse à ce genre de question. Dans l’inconscient collectif, les États-Unis ont toujours témoigné une certaine amitié à la France, du moins en apparence.
Mais qui est vraiment Donald Trump ?
Dans son livre publié en 2016, « Qui est vraiment Donald Trump », Laure Mandeville nous éclaire sur la personnalité du président américain : « Incontrôlable, outrancier, provocateur, il a dynamité la politique américaine, prenant à rebrousse-poil les postulats idéologiques traditionnels. Pourfendeur de l’immigration illégale. Heraut des « oubliés du système » et chantre de « l’Amérique d’abord », il pétrifie les élites.
Le milliardaire à la mèche orangée est-il un diable raciste et machiste détestant les musulmans et méprisant les femmes ? Un imposteur à l’égo surdimensionné ? Ou un businessman patriote qui s’affranchit des limites et va à contre-courant du modèle de globalisation?»
Je pense que Donald Trump peut être un peu de tout cela, mais pas uniquement. Donald Trump est surtout l’homme qu’espérait une grande partie du peuple américain. De moins en moins d’Américains étaient encore dupes de leur système que leurs élites voulaient imposer au monde en sacrifiant ce qu’il est coutume de désigner comme « la classe moyenne ». Les avertissements d’Eisenhower en 1961 puis de Kennedy en 1963 (10 jours avant son assassinat) ont cheminés longtemps en souterrain mais ont permis à long terme de modifier la grille de lecture des évènements. De plus en plus ont commencé à se rendre compte qu’il étaient « manipulés » par la communication des médias et que ceux qui prétendaient les gouverner étaient progressivement passés eux-mêmes sous le contrôle d’un « establishment » multiforme qui exerçait la quasi totalité du pouvoir. Il se peut que, devant les exagérations de ce pouvoir de l’ombre quelquefois appelé « l’État profond », une sorte de « contre-pouvoir de l’ombre » se soit progressivement organisé en utilisant les mêmes méthodes que ceux qu’il voulait combattre. Rien ne le prouve, mais Donald Trump aurait pu, lui aussi, faire l’objet d’un « casting » tout comme l’État profond avait désigné ses propres candidats, ou du moins les conseillers qui allaient encadrer de près celui qui allait occuper la Maison Blanche.
Déjà vu dans le passé
Ce fut le cas en 1912 avec Woodrow Wilson et le fameux « Colonel House ». Wilson était d’après Eustace Mullins (Auteur des « secrets de la Reserve fédérale ») le candidat poussé par les banquiers qui désiraient imposer le système de la Réserve fédérale aux Américains qui étaient très partagés sur le sujet. Mais les mêmes banquiers, nourrissant quelques doutes sur la personne de Woodrow Wilson, l’avait flanqué d’une sorte de « nounou » appelé Edward Mandell House, plus connu sous le nom de « Colonel House ».
Sans reprendre toute l’histoire des conseillers des présidents américains, il y a cependant eu une sorte de « bascule » avec GW Bush et son vice-président Dick Cheney, flanqué de Donald Runsfeld qui ont probablement alimenté ce mouvement de défiance de l’opinion américaine dès les années 2000.
La politique de Donald Trump
Quelle que soit la façon dont il est arrivé aux affaires, il y a cependant un axe majeur constant dans sa politique, défini bien avant 2016 et qui est la lutte « au couteau » qu’il mène contre l’État profond américain. Son premier mandat a été difficile car il lui fallait déterminer quel était le périmètre exact de son adversaire et surtout qui en faisait partie. Dans ce sens, son échec à la réélection, sur lequel il y aurait beaucoup à dire, lui a permis d’établir la liste de ses adversaires cachés.
Il a donc pu, durant les quatre années du mandat de Joe Biden, mettre au point un plan d’attaque précis qui lui permette d’agir afin de bloquer les agissements de cet État profond. Là se trouve le cœur de son action et elle se décline autour des caractéristiques principales de ce dernier.
Comment Donald Trump veut-il combattre l’État profond américain ?
Il veut avant tout faire cesser les guerres, notamment toutes celles où les États-Unis se trouvent impliqués. D’aucuns y verront un retour à l’isolationnisme américain hérité de la Doctrine de Monroe de 1823, mais cela va au-delà. Dans ce qu’il est convenu d’appeler l’État profond, il y a notamment le fameux et très puissant« complexe militaro-industriel » qui peut s’inquiéter de cette attitude. Le projet de « dôme en or » et un budget de 1000 milliards de dollars sont probablement destinés à le rassurer.
L’Union Européenne est également une cible importante pour lui. Comme le disait d’une manière très opportune le général Henri Roure, l’État profond se sert de celle-ci comme une d’une « base arrière ». Donald Trump s’était déjà exprimé en l’an 2000 sur la méfiance qu’il avait concernant certains membres de l’UE sur le canal de CNN : « Le monde nous escroque. L’Allemagne nous escroque comme jamais. Les Français, ce sont les pires équipiers que j’ai vus de ma vie » puis sur Fox News « La France est un affreux partenaire, le pire que notre pays est jamais eu » (Laure Mandeville « Qui est vraiment Donald Trump » page 115 ed. Equateurs)
Ces propos sans appel sont-ils toujours d’actualité ? Assurément, et l’empressement avec lequel le vice-président J.D.Vance et Elon Musk ont critiqué la façon dont l’UE était dirigée par la Commission Européenne et notamment l’absence de démocratie, vont dans ce sens.
Trump veut clairement détruire non pas les pays européens, mais le fédéralisme européen parce celui-ci résulte du projet mondialiste de l’État profond désirant faire d’une Europe fédérale un territoire sans frontières ni souverainetés nationales, une sorte d’appartement-témoin d’un futur monde monopolaire. Pour arriver à ses fins, Trump va jouer la discorde et cela ne devrait pas être trop difficile car il sait très bien qu’à part une petite élite mondialisée et plus ou moins mise en place par le Club des Bilderberg et le Forum de Davos, la majorité des peuples est plutôt hostile à ce projet.
Ce n’est pas par hasard qu’il brandit la menace des droits de douane car il sait très bien qu’il y a une grande divergence d’intérêts entre les pays européens sur ce sujet. Il va essayer de les conduire vers des négociations individuelles même si cette compétence est déléguée (même si beaucoup l’ignorent encore) à la Commission européenne.
Des propos qui paraissent incohérents
Souvent, le discours de Donald Trump varie d’un jour à l’autre, parfois même d’une heure à l’autre. C’est une technique destinée à brouiller ses lignes d’actions véritables. Certains mettent cela sur le compte d’une grande versatilité ou même d’un caractère trop influençable qui donnerait raison à son dernier interlocuteur. Ce n’est ni l’un, ni l’autre. C’est sa tactique. En bon politique, il fait mine d’écouter tout le monde, parfois même d’abonder dans leur sens. Qu’on ne s’y « trompe » pas. Tout cela n’est que communication calculée. Pour le reste, il se tient toujours sur la même ligne depuis des années. Cela peut se résumer à : « L’Amérique d’abord, l’Amérique ensuite ! » C’est un patriote qui, au travers de son combat contre l’État profond, possède une autre vision que celle d’un monde monopolaire basé sur un droit international. Il sait qu’une grande partie de l’humanité veut conserver les souverainetés nationales et il s’en accommode à la condition que la nation américaine soit la première. Un monde « Westphalien » dont les trois grandes puissances seraient l’Amérique, la Chine et la Russie peut lui convenir, sous réserve de ne pas avoir de rapprochement trop prononcé entre la Chine et de la Russie. Dans cette vision, il peut accepter de voir la Russie étendre son influence vers l’Ouest pour s’intégrer dans l’Europe et s’éloigner de la Chine.
Ce seront les véritables éléments du deal que, le jour venu, Donald Trump proposera à Vladimir Poutine.
Jean Goychman
Crédit photo :Flickr (cc)
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