Face à l’impatience du président américain Donald Trump, “le Kremlin a choisi de tenter d’apaiser les tensions”, résume El País.
La Russie a proposé mercredi 28 mai à l’Ukraine une deuxième séance de pourparlers directs à Istanbul, lundi prochain, afin de lui transmettre un “mémorandum” censé exposer ses conditions pour un accord de paix durable, rapporte le Kyiv Post.
Kiev s’est dit prêt à participer à des discussions à condition que Moscou fournisse à l’avance ces conditions pour que la rencontre donne des résultats. “La partie russe dispose encore d’au moins quatre jours avant son départ (en Turquie) pour nous fournir son document à examiner”, a déclaré dans la soirée le ministre ukrainien de la Défense, Roustem Oumerov.
“Pilule empoisonnée”
Le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov a énuméré certaines de ces exigences mercredi. “Le statut neutre, non aligné et non nucléaire de l’Ukraine fait partie des principales exigences de la Russie et doit être respecté dans le cadre de tout accord, comme envisagé lors des pourparlers d’Istanbul en avril 2022”, a affirmé le chef de la diplomatie russe, faisant référence aux négociations qui ont eu lieu dans la ville turque peu après le début de l’attaque russe contre l’Ukraine. “Ces exigences signifieraient, en pratique, la résignation de Kiev à ne pas avoir d’alliés ni à faire partie d’une plateforme défensive face à d’hypothétiques attaques futures”, explique El País.
“Depuis que les États-Unis ont rétabli les contacts avec la Russie en février, Poutine et son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, ont revu leurs exigences à la hausse”, rappelle la BBC. “Ils exigent notamment que l’Ukraine cède des parties de son territoire qui ne sont même pas occupées par la Russie et que les États-Unis reconnaissent la Crimée comme faisant officiellement partie de la Russie”.
Michael McFaul, ancien ambassadeur des États-Unis à Moscou, qualifie cette stratégie de “pilule empoisonnée” : il s’agit de “créer des conditions que Kiev ne pourrait jamais accepter afin de rejeter la faute sur l’Ukraine aux yeux de Trump”, a-t-il déclaré à la BBC.
“Si M. Poutine continue de nous faire marcher, le Sénat agira”
“Les responsables ukrainiens voient dans la proposition russe” de mercredi “un moyen d’apaiser […] Trump, de plus en plus exaspéré par […] Poutine, qui a même déclaré mardi que le président russe ’jouait avec le feu’”, note le site américain Axios.
Le Times rappelle que le président américain “subit une pression croissante de la part d’un groupe de sénateurs républicains pour qu’il mette à exécution sa menace de nouvelles sanctions contre la Russie”. “Si M. Poutine continue de nous faire marcher, le Sénat agira”, a menacé l’un d’entre eux, le sénateur de Caroline du Sud Lindsey Graham, qui est aussi “le partenaire de golf de Donald Trump”, rappelle le quotidien britannique.
“D’ici deux semaines, nous saurons si Poutine nous mène en bateau ou pas”, a affirmé mercredi le locataire de la Maison-Blanche, à la presse. “Et si c’est le cas, nous réagirons un peu différemment”, a-t-il menacé.