De nombreux témoignages glaçants se succèdent au procès de P. Diddy, qui a débuté le lundi 5 mai. Parmi eux, celui de son ex-compagne, Cassie Ventura.
C’est un procès qui fait froid dans le dos. Si l’on pensait que tous les détails de l’affaire P. Diddy avaient déjà été révélés, il semblerait que l’on soit loin du compte. Depuis lundi 5 mai, le rappeur comparaît devant le tribunal fédéral de New York pour trafic sexuel, corruption, enlèvements et intimidation. Il encourt la prison à perpétuité. Au cours du procès, de nombreux témoignages glaçants se sont fait entendre dans l’enceinte du tribunal. Parmi eux, celui de Cassie Ventura, son ex-compagne qui a porté plainte contre lui en 2023, cinq ans après leur rupture, pour abus, violences physiques et viol.
La mère de famille est arrivée au tribunal mardi 13 mai, enceinte et le cœur rempli de courage, pour dénoncer le calvaire qu’elle a vécu pendant près de onze ans aux côtés de P. Diddy, Sean Combs de son vrai nom. Au centre de son témoignage : le récit des Freak Offs, ces soirées intimes organisées par le rappeur pendant lesquelles il se permettait tout, sans aucune limite. «Ça impliquait essentiellement l’embauche d’un ou d’une prostituée et la mise en place d’expériences sexuelles dirigées par Sean comme si je devais performer pour lui», a décrit Cassie Ventura dans la salle d’audience, rapporte Page Six . Les «Freak Offs sont presque devenues un travail», a-t-elle poursuivi avant de faire la comparaison avec l’activité de prostituée. «On avait à peine le temps de faire autre chose à part ces soirées et d’essayer de s’en remettre.» Ces orgies pouvaient souvent être interminables, «la plus longue a duré quatre jours», a-t-elle déclaré.
«Le roi»
Celui qui a longtemps régné sur le rap US a toujours été vu comme quelqu’un de puissant. Et c’est à cause de ce pouvoir que P. Diddy a pu agir dans l’ombre pendant de nombreuses années sans être inquiété. Comme l’a expliqué la procureure Emily Johnson dans la salle d’audience, le rappeur se faisait parfois appeler «le roi et s’attendait à être traité comme tel», rapporte NBC News . «Il utilisait ses entreprises pour manipuler les femmes, les forçant à avoir des relations sexuelles avec des escortes masculines pendant qu’il regardait. Lui et son cercle intime ont veillé à ce qu’il obtienne tout ce qu’il voulait.» Parmi les femmes qui se sont retrouvées sous son emprise, il y a Cassie Ventura, son ex-compagne. Tombée amoureuse de celui qui se faisait appeler Puff Daddy à l’âge de 19 ans, alors que lui en avait 37, elle a d’abord accepté de participer à ces soirées pour faire plaisir à son partenaire. Si elle n’a pas eu d’autres choix que de continuer à prendre part à ces parties fines, c’est parce que P. Diddy la menaçait de diffuser des vidéos d’elles lors de ces orgies et la battait si elle ne lui obéissait pas.
Pour pouvoir endurer les actes qu’elle subissait pendant les Freak Offs, Cassie Ventura a avoué à la barre avoir consommé beaucoup de drogues comme de la kétamine, qui lui permettait de «dissocier». «J’avais l’impression que je ne lui servais qu’à ça. J’étais humiliée. La drogue, c’était dissociatif et anesthésiant. Je ne pouvais pas imaginer faire tout ça sans une sorte de tampon», a-t-elle expliqué selon le média Ancré . Au cours de ces soirées, l’ex-compagne de P. Diddy a subi de nombreux abus initiés par celui dont elle partageait la vie à l’époque.
Abus et violences
Au premier jour du procès, un escort prénommé Daniel Philip s’est présenté à la barre. Le témoin a raconté qu’à l’époque, pour l’embaucher, le rappeur lui a expliqué qu’il devait simplement faire un strip-tease lors d’un enterrement de vie de jeune fille. Mais la vérité était en fait bien différente. Et c’est parce qu’il était payé des milliers de dollars par Sean Combs, que Daniel Philip a accepté de participer à ces soirées Freak Offs. Comme le rapporte People, en ayant des relations sexuelles avec Cassie Ventura, pendant que P. Diddy les regardait en se masturbant, le témoin recevait jusqu’à 6000 dollars. Dans la salle d’audience, il n’a pas hésité à décrire les actes les plus sordides, demandés par le rappeur, qui avaient généralement lieu dans des chambres d’hôtel. «Verser de l’huile pour bébé sur le couple, leur dire comment bouger, inventer des scénarios de jeu de rôle pour eux», rapporte The Cut.
Au cours de ces soirées, P. Diddy lui a par exemple demandé d’uriner dans la bouche de Cassie, rapporte Page Six . Au point que cette dernière s’étouffe lors de cet acte écœurant, ajoute-t-elle. Daniel Philip a aussi été témoin de violences initiées par la star du rap US sur sa compagne de l’époque. Il a, par exemple, vu P. Diddy jeter une bouteille en verre sur sa partenaire parce qu’elle ne lui avait pas répondu assez rapidement. «Salope, quand je te dis de venir ici, tu viens ici maintenant, pas plus tard», a-t-il hurlé selon les propos de Daniel Philip. Effrayé par la scène, ce dernier n’a toutefois pas eu le courage de réagir. «Je savais que c’était quelqu’un qui avait un pouvoir illimité», a-t-il expliqué. «Il y avait des chances que ma vie soit en danger si j’allais voir la police.» Un témoignage violent et difficile à entendre, si bien que D’Lila et Jessie, les filles jumelles de P. Diddy, auraient quitté la salle d’audience à deux reprises ce jour-là.
Au cours de son témoignage, Cassie Ventura a raconté qu’elle devait aussi appeler P. Diddy par un surnom incestueux lors de ces soirées intimes. «Il m’a demandé comment j’appelais mon grand-père, et je lui ai dit que je l’appelais Pop Pop», a-t-elle expliqué selon Page Six . Demandes sordides, abus, violences sexuelles, domination… Le rappeur réalisait ses désirs les plus sombres lors de ces soirées Freak Offs, sans s’inquiéter du consentement, de la santé physique et mentale, ou encore de la souffrance des personnes qui étaient présentes. «Il me frappait, me faisait tomber, me traînait, me donnait des coups de pied, me tapait à la tête si j’étais à terre», a raconté Cassie Ventura. Ces orgies ont eu des conséquences sur sa santé. Devant le tribunal de New York, elle a expliqué être devenue dépendante aux opioïdes. «De temps en temps j’avais des plaies sur la langue à cause des Freak Offs, de la prise de drogues, de substances, de frictions dans la bouche», a-t-elle déclaré, selon Vulture . Elle souffrait aussi de problèmes digestifs et d’infections urinaires chroniques.
Souffrance post-traumatique
Après onze ans à endurer les actes de son ex-compagnon, la chanteuse a décidé de le quitter et a accepté un ultime dîner avec le rappeur à Malibu, pour clore leur histoire, rapporte People . Si la soirée semblait paisible, elle a finalement pris une mauvaise tournure lorsque Sean Combs a ramené son ex-compagne chez lui. «Je suis entrée à l’intérieur (de la maison, NDLR), il est entré et m’a violée sur le sol du salon. (…) Ses yeux étaient noirs, il n’était pas lui-même, c’était comme si quelqu’un vous prenait quelque chose», a raconté Cassie Ventura au tribunal. «Je me souviens juste d’avoir pleuré et d’avoir dit non, mais c’était très rapide». Aujourd’hui, Cassie subit encore les conséquences de ce lourd traumatisme. La mère de famille souffre notamment de flash-back, lui rappelant l’enfer qu’elle a vécu aux côtés de P. Diddy.
À la fin du second jour de son témoignage, elle a révélé au jury avoir envisagé de mettre fin à ses jours, alors que ses enfants étaient dans la pièce d’à côté. C’est Fine Alex, son mari actuel, aussi père de ses deux filles et de leur futur enfant, qui a réussi à la stopper. Ce dernier a d’ailleurs pris la parole, vendredi 16 mai, après la fin des déclarations de son épouse à la barre. S’adressant à Sean Combs, et à tous ceux qui ont participé, caché et soutenus les actes du rappeur, il a déclaré : «Vous n’avez pas brisé son esprit ni son sourire qui illumine chaque pièce», rapporte People . «J’ai ressenti tellement de choses en étant assis là (dans le tribunal, NDLR). J’ai ressenti une immense fierté et un amour débordant pour “Cass”. J’ai ressenti une profonde colère en voyant qu’elle a été obligée de s’asseoir devant une personne qui a essayé de la briser». Dans sa déclaration, il insiste sur la force de son épouse. «Elle seule s’est libérée des abus, de la coercition, de la violence et des menaces. Elle s’est battue contre ses démons que seul un démon lui-même aurait pu créer. Tout ce que j’ai fait, c’est l’aimer comme elle m’a aimé», a-t-il déclaré.
Témoin de violences
Lundi 19 mai, de nouveaux témoins se sont présentés au tribunal de New York pour dénoncer les agissements de Sean Combs. Parmi eux, Dawn Richard, ancienne membre du groupe Danity Kane qui faisait partie du label de P. Diddy, Bad Boy Records. Dans la salle d’audience, la chanteuse a raconté avoir été témoin de la violence du rappeur envers son ex-compagne, Cassie Ventura. «Fréquemment, il la frappait, l’étranglait, la giflait à la mâchoire, lui donnait des coups de pied, des coups de poing dans le ventre», a-t-elle déclaré, selon NBC News. Après la chanteuse, c’est Kerry Morgan, l’ancienne meilleure amie de Cassie Ventura qui a été appelée à la barre. Tout comme Dawn Richard, elle a confirmé avoir vu P. Diddy agresser Cassie Ventura à plusieurs reprises. «Cassie était allée aux toilettes et après quelques minutes, Sean a dit qu’elle prenait trop de temps. Il est allé la rejoindre et je l’ai entendu crier», a-t-elle déclaré, selon NBC News . «C’était guttural, terrifiant. Je l’ai entendue crier alors je suis allée dans le couloir, il sortait de la chambre principale en la traînant par les cheveux».
Si Kelly Morgan a essayé de convaincre sa meilleure amie de quitter P. Diddy de nombreuses fois, Cassie Ventura n’a pas réussi, ayant peur de tout perdre si elle le faisait. L’amitié entre les deux femmes s’est terminée après l’agression de Kelly Morgan par le rappeur. Alors que cette dernière était chez son ancienne meilleure amie, Sean Combs a débarqué en trombe dans l’appartement cherchant son ex-compagne qui se trouvait dans la salle de bains. «Il est venu derrière moi, m’a étranglée et a laissé des traces de doigts sur mon cou. Il m’a frappé la tête avec un cintre en bois», a-t-elle expliqué. La jeune femme s’est alors rendue aux urgences pour une commotion cérébrale. Si elle a tenté de poursuivre P. Diddy en justice, ce dernier a réussi à la convaincre de signer un accord de confidentialité en échange de 30.000 dollars. Elle n’a pas reparlé à Cassie Ventura et au rappeur depuis ce jour.