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Rédaction Paris
Publié le
29 mai 2025 à 11h57
Coup de massue pour les partisans des zones à faibles émissions (ZFE), ces périmètres restreignant la circulation des véhicules thermiques les plus polluants. Mercredi 28 mai 2025, l’Assemblée nationale a approuvé un article prévoyant leur suppression dans le cadre du projet de loi de « simplification », toujours en cours d’examen dans l’hémicycle. À Paris, où la ZFE est active depuis 2019, plusieurs personnalités politiques de gauche ont dénoncé un net recul dans la lutte pour l’amélioration de la qualité de l’air et la pollution aux particules fines.
« Stupide et injuste »
David Belliard, adjoint écologiste en charge des mobilités à la Ville de Paris et ardent défenseur de la ZFE du Grand Paris, n’a pas tardé à réagir sur X, en dénonçant une décision « stupide », « car au contraire, il fallait rendre [les ZFE] plus justes socialement », et « injuste », « car ce sont les plus pauvres qui meurent de la pollution de l’air », a estimé la tête de liste des verts pour les municipales de 2026 à Paris.
Certains sénateurs parisiens se sont également emparés du sujet. « La honte », a estimé Emmanuel Grégoire, ancien premier adjoint (PS) d’Anne Hidalgo, candidat à sa succession. « Détricoter, reculer, trahir : avec la suppression des ZFE et la motion de rejet de la loi Duplomb [sur l’agriculture, NDLR] la semaine aura été marquée par de tristes régressions écologiques et des manœuvres antidémocratiques graves à l’Assemblée nationale, couvertes par le gouvernement », a-t-il estimé, avant d’ajouter : « Sacrifier la santé des Françaises et des Français ne sera jamais la solution. »
L’écologiste Anne Souyris, ex-adjointe en charge de la santé publique à la Ville de Paris avant de rejoindre la chambre haute du Parlement, rappelle que « l’affaire n’est pas complètement terminée », alors que le vote de l’article doit encore être confirmé par celui sur le projet de loi dans son intégralité, encore visé par plus de 600 amendements. « Je suis pour des vrais débats et pas des débats rapides et pliés », a-t-elle réagi au micro de nos confrères de BFMTV. L’élue a indiqué qu’une saisie du Conseil constitutionnel allait être envisagée par son groupe, évoquant un cavalier législatif.
« On va essayer de trouver une manière de faire en sorte que cette lutte contre la pollution existe. On ne peut pas le faire sans un contrôle et une surveillance de cette pollution-là. Il y avait certainement quelque chose à refaire sur les notions de critères, elles ont été mal définies », a-t-elle ajouté.
Vidéos : en ce moment sur ActuUne mesure critiquée de longue date
Depuis sa création, la ZFE soulève de fortes oppositions de la part d’usagers comme d’élus de tous bords politiques. L’article demandant la suppression des ZFE, introduit en commission à l’initiative de LR et du RN, a été adopté par 98 voix contre 51 avec les voix de l’alliance RN-UDR, de la droite, mais aussi de certains macronistes et de LFI, qui considèrent que les ZFE excluent des catégories de la population qui ne peuvent acheter des véhicules moins polluants.
« Tout le monde est pour améliorer la qualité de l’air. (Mais) nous pensons que ça ne peut pas se faire au prix de l’exclusion sociale » », a soutenu Ian Boucard, député LR. « Les ZFE « ne servent à rien », a estimé quant à lui Pierre Meurin (RN).
« La pollution de l’air est à l’origine de près de 40 000 décès prématurés par an (…) Et les zones à faibles émissions ont contribué à baisser ces décès précoces », a affirmé de son côté la ministre macroniste de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher. Elle a proposé sans succès dans l’hémicycle une solution de repli, inscrivant dans le marbre de la loi que les ZFE ne concerneraient que les agglomérations lyonnaises et parisiennes, et prévoyant toute une batterie d’exceptions à la main des collectivités qui souhaiteraient mettre en place des ZFE… Sans succès.
Des adaptations gérées par les collectivités
Pour rappel, les zones à faibles émissions (ZFE) concernent une quarantaine d’agglomérations, mais leur mise en place et les critères d’application diffèrent selon les territoires. Elles ont été créées en 2019, dans le cadre de la loi Climat et résilience du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, et étendues en 2021.
Le texte s’appuie sur la mesure régulière de la qualité de l’air dans les agglomérations de plus de 150 000 habitants et les seuils recommandés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En proie à une pollution de l’air particulièrement et régulièrement élevée, Paris et Lyon sont les deux seules agglomérations actuellement contraintes par l’État de prendre des mesures d’interdiction de circulation. Elles s’appliquent aux voitures Crit’Air 3, 4 et 5 et non classés, soit les véhicules essence de plus de 20 ans et les véhicules diesel de plus de 15 ans.
Les collectivités gardent la main sur les éventuels dérogations et contrôles qu’elles souhaiteraient mettre en place. Ainsi, dans l’agglomération parisienne, l’interdiction de circulation des véhicules particuliers, utilitaires et deux roues Crit’Air 3, 4 et 5 et non classés, qui s’étend sur 77 communes autour de la capitale, est en vigueur du lundi au vendredi entre 8 heures et 20 heures, sauf les jours fériés.
La capitale permet par ailleurs aux détenteurs d’un « Pass ZFE 24 heures » (une dérogation individuelle sollicitable dans la limite de 24 journées par an), aux travailleurs en horaires décalés, aux personnes qui se rendent sur leur lieu de formation et aux véhicules utilisés pour accéder à des services médicaux de déroger à la règle.
Avec AFP.
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