Il est des aventures artistiques et humaines qui naissent de façon improbable, au cœur même de l’adversité… Tel est le cas de Cyrano de Bergerac, la comédie musicale. En 2020, alors que le monde du spectacle se fige sous l’effet de la Covid, une autre épreuve frappe le Sud de la France: la tempête Alex. C’est à ce moment-là que Gil Marsalla le producteur et metteur en scène niçois, auquel on doit des succès internationaux avec ses créations hommage (Piaf, Brel, Aznavour, Bécaud) décide d’agir.

Vingt-trois chansons originales

Avec son association Les week-ends solidaires, il crée notamment une chanson au profit des vallées touchées. En collaboration avec Stéphane Brunello et Philippe Hattemberg (Le Roi Soleil, Mozart l’Opéra Rock, des titres pour Christophe Maé, Élodie Frégé), le titre et le clip Nos vallées, dont tous les bénéfices seront reversés aux victimes, voient le jour. Le temps passe, les salles rouvrent et l’envie de créer revient. C’est alors que Stéphane Brunello et Philippe Hattemberg parlent à Gil Marsalla d’un projet qu’ils ont écrit: Roxane. Un hommage musical à l’œuvre d’Edmond Rostand, comportant 23 chansons originales pour nous donner à vivre l’univers de Cyrano de Bergerac autrement.

Désireux de frapper un grand coup au sortir du confinement, Gil Marsalla fait installer un théâtre éphémère de près de 300 places en plein air sur le quai de la Douane, au port de Nice. « Et en juin 2021, nous avait-il confié, on y a joué ce spectacle, joué par des artistes azuréens, 30 fois de suite. À guichets fermés! »

Le succès ouvre une nouvelle perspective: transformer Roxane en véritable comédie musicale. Afin de l’exporter à l’international, notamment en Chine, avant un retour en France.

Musique, danse et récit

Mais au préalable, il faut peaufiner le spectacle, en commençant par enrichir l’histoire. C’est là qu’intervient Philippe Hattemberg: « C’est en me souvenant du film Phantom of the paradise, adapté du livre Le fantôme de l’opéra, que j’ai eu l’idée de transposer l’histoire de Cyrano de Bergerac dans le domaine musical, nous a-t-il confié lors d’une récente rencontre à Nice avec toute l’équipe de Directo prod. Le choix des années 1980s’est imposé, une époque sans téléphones portables, afin qu’il y ait une continuité dans les échanges épistolaires. Cyrano (Alain Gorla), devient auteur-compositeur, et travaille dans l’ombre. Il est secrètement amoureux de Roxane (Joséphine Cosoleto) mais il s’interdit de l’aimer compte tenu des 30 années qui les séparent. De Guiche (Bertrand Borgognone) apparaît dans ce spectacle sous les traits d’un producteur sans scrupule, épris lui aussi de Roxane. Il produit Cyrano et Christian. Qui est un jeune chanteur, tourmenté et séduisant, pour lequel Cyrano compose. Celui-ci se bat contre ses démons intérieurs et il pensera trouver la rédemption dans l’amour de Roxane. Quant à Roxane, jeune femme belle et intelligente, dont Cyrano est le confident et qui tombera amoureuse de Christian (Romain Dos Santos) elle rêve de devenir danseuse étoile. »

D’où cette grande différence avec Cyrano! Le spectacle: la bouleversante histoire d’amour écrite par Edmond Rostand en 1897, est scénographiquement enrichie pour la comédie musicale par la participation d’une compagnie de danse niçoise, dirigée par le chorégraphe et directeur artistique Olivier Matheron. À la tête de l’école de danse Spotlight dance Studio, cet Azuréen a chorégraphié notamment les cérémonies d’ouverture et de récompense des championnats mondiaux de l’Ironman. Autre originalité, et pas des moindres: la présence d’une récitante: Isabelle Servol, par le prisme de laquelle on découvre peu à peu l’histoire.

Amour inconditionnel

Une intrigue forte, avec des personnages aux caractères marqués, un déroulement plein de rebondissements et un dénouement bouleversant. Avec au cœur de ce fabuleux spectacle, porté par quinze artistes, parmi lesquels huit danseurs, qui a définitivement gagné en amplitude, ce qui fait, plus encore que la célèbre tirade du nez, tout l’intérêt de Cyrano de Bergerac: la notion d’amour inconditionnel, voire sacrificiel. Même à la Villa Arnaga, la maison et musée d’Edmond Rostand au pays Basque, où l’on attendait cette création 100% azuréenne au tournant, les esprits les plus réticents se sont répandus en éloges sur ce feu d’artifice.

– Dimanche 3 août à 21h Roquebrune-Cap-Martin. Parc du cap Martin. 42 euros. – Samedi 15 novembre à 20h, Nikaïa à Nice. De 53 à 58 euros. – Samedi 7 mars à 20h, Zénith de Toulon. De 48,50 à 59 euros. – Dimanche 29 mars à 17h, Cepac Silo à Marseille. De 43 à 58 euros. Rens. www.directoproductions.com