[À la mi-mai], le tribunal cantonal de Zoug, en Suisse, s’est transformé en point chaud géopolitique dans le conflit entre les superpuissances. Les juges devaient déterminer s’il fallait entamer une procédure de faillite contre le consortium de Nord Stream 2, le gazoduc en mer Baltique, dont le siège est situé dans la ville. En cas d’insolvabilité, le double conduit sous-marin, partiellement endommagé, et évalué au départ à environ 12 milliards d’euros, serait vendu aux enchères.

Les juges savaient qu’il était possible que l’investisseur américain, Stephen Lynch, remporte éventuellement l’enchère, peut-être même à la demande du président américain, Donald Trump. Le gazoduc du géant russe Gazprom, cofinancé par des groupes européens du secteur de l’énergie, se métamorphoserait alors en une infrastructure américaine au fond de la mer Baltique – et deviendrait un levier stratégique pour un accord de paix entre la Russie et l’Ukraine, ainsi que l’a récemment rapporté Politico [qui, comme Die Welt, appartient au groupe de médias Axel Springer]. Le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, a pour sa part rejeté cette proposition. Mais cela faisait bien des responsabilités pour un petit juge cantonal suisse.

L’affaire est complexe : au