Par
Solène Lavenu
Publié le
29 mai 2025 à 12h06
« Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. » Ce proverbe semble plus que jamais d’actualité dans le secteur de l’énergie. Aujourd’hui, après avoir été décrié et mis sur le banc des accusés, le nucléaire a de nouveau le vent en poupe en Europe. Un regain d’intérêt qui pourrait se répercuter directement sur le site d’Orano La Hague (Manche).
Marche arrière toute
Depuis le début de l’année 2025, de nombreux dirigeants européens ne cessent de revoir leur position sur cette énergie bas carbone. Après 40 ans d’interdiction, le Danemark a fait passer une loi qui ouvre la possibilité d’un retour en grâce de l’atome dans la production d’électricité du pays : 71 parlementaires s’y sont montrés favorables et 34 contre. Si aucune décision concrète n’est prise, le vote est symbolique et permet aux autorités publiques d’explorer la possibilité du retour.
Même l’Allemagne s’interroge
D’autres pays ont, eux, fait un pas supplémentaire vers le nucléaire. Gilberto Pichetto Fratin, ministre italien de l’Environnement et la Sécurité énergétique, s’est dit convaincu que l’énergie nucléaire serait de retour en Italie « d’ici à 2030 ». Le Conseil des ministres a approuvé le 28 février un plan de relance, renversant la position antinucléaire approuvée par deux référendums en 1987 et 2011.
En Espagne, la fermeture programmée des centrales nucléaires d’ici 2035, est, elle aussi, remise en question par la droite. Alors que la Belgique a de son côté franchi le cap et a annoncé le 15 mai renoncer à sortir du nucléaire, une voie dans laquelle le pays s’était engagé en 2003.
Même l’Allemagne semble faire machine arrière. Friedrich Merz, le nouveau chancelier, a critiqué la décision de son pays de sortir du nucléaire prise en 2003. Il a reproché à son prédécesseur Olaf Scholz d’avoir fermé les trois dernières centrales nucléaires d’Allemagne.
De nouvelles positions qui rebattent les cartes, notamment pour Orano La Hague. Parmi ces pays, plusieurs étaient des clients historiques du site de traitement et recyclage des combustibles usés. « Orano accueille favorablement ces indicateurs du renouveau du nucléaire qui illustrent le changement global de position en Europe vis-à-vis de cette énergie bas carbone », se réjouit l’entreprise.
Si aucun discours européen ne se prononce, en revanche, sur la gestion des combustibles usés, certains pourraient se réengager également dans la voie du retraitement. « Ils pourraient bien sûr envisager de bénéficier de notre offre de service contribuant de fait à la souveraineté énergétique de l’Europe tout en diminuant le volume et la radiotoxicité des déchets ultimes », se réjouit encore Orano La Hague.
Plus d’entreposage à la Hague ?
Certains pays européens ont d’ailleurs encore des contrats en cours avec Orano. L’Italie a livré, par exemple, des déchets entre 2007 et 2015, qui ont été retraités mais qui sont toujours stockés à La Hague, notamment à cause de Mox usé, plus complexes à traiter. L’accord intergouvernemental prévoit un retour fin 2025. Une date qui pourrait être révisée « au regard de l’absence de désignation d’un site par l’Italie », expliquait Orano en novembre 2024.
Le retour d’anciens clients pour Orano La Hague ?
La Belgique et l’Espagne comptent eux aussi encore quelques tonnes de déchets vitrifiés sur le site de La Hague qu’ils doivent récupérer. Avant la signature de nouveaux contrats ? Il est trop prématuré pour l’envisager.
Mais Orano reste « à l’écoute de ses clients ».
Quant aux pays européens développant pour la première fois leurs capacités de production électronucléaire, « la planification de leur cycle du combustible est nécessaire pour le long terme », détaille Orano. L’entreprise se tient prête à répondre à toute demande.
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