Jérémy, âgé de 36 ans et qui a « appris à conduire tout seul » à 19 ans, avait refusé d’obtempérer une première fois aux sommations des gendarmes de Lusignan le 1er novembre 2024 pendant sept kilomètres. Ils avaient renoncé à le poursuivre après qu’il ait esquivé « de justesse » une voiture qui arrivait « en face ». L’automobiliste avait par la suite été retrouvé à Nantes (Loire-Atlantique) le 7 décembre 2024, au volant d’une Peugeot 404 « dans un mauvais état général » : cet homme habite à présent chez « la mère d’une amie », près du stade de la Beaujoire, à Nantes, mais n’avait, là non plus, pas honoré sa convocation à la gendarmerie.
C’est finalement son accrochage sur le périphérique de Nantes le vendredi 4 avril 2025, vers 14 h 15, qui a mis un terme à sa fuite : son véhicule et celui de sa victime sont « hors d’usage, au moins temporairement », selon le parquet. « Je regardais mon GPS et je n’ai pas vu que la voiture devant avait freiné… J’ai pilé mais c’était trop tard », a expliqué Jérémy à la présidente du tribunal correctionnel de Nantes. « Si vous aviez pris des cours de conduite, vous sauriez qu’il ne faut pas trop regarder son GPS », lui a répondu la juge.
« Il faut que la sanction passe »
Mais cet ancien plongeur dans le secteur de la restauration et qui a travaillé à Center Parcs est en réalité analphabète, a expliqué son avocat. « Il faut peut-être y voir un lien avec sa capacité à passer le permis de conduire : la conduite ça peut encore aller, mais l’étape préalable du code, ce n’est pas évident », a souligné Me Corentin Roger. Scolarisé un temps en Institut thérapeutique éducatif et pédagogique (ITEP), Jérémy a déjà été condamné huit fois en dix ans, « principalement pour des délits routiers », a complété la présidente.
« À un moment, il faut que la sanction passe et que monsieur soit mis à l’écart de la circulation routière : les usagers de la route doivent pouvoir continuer à circuler sans craindre de le croiser », a martelé le procureur de la République. Dix mois de prison ferme étaient donc, selon lui, « un strict minimum », avec « bien sûr » un mandat de dépôt, sans compter la révocation de cinq mois de prison prononcés antérieurement avec sursis.
« Aucune difficulté dans le suivi »
« Les gendarmes de Lusignan ont pris attache avec le SPIP [Service pénitentiaire d’insertion et de probation], qui leur a dit qu’il n’y avait aucune difficulté dans le suivi, a souligné l’avocat de la défense. Si Monsieur achète des voitures, c’est aussi parce que c’est un toit pas cher. »
Jérémy a finalement écopé d’un total de quatorze mois de prison ferme, avec ordre d’incarcération immédiate. Il aura interdiction de conduire tout véhicule à moteur pendant un an et devra payer une amende de 100 €.