Visiter les milliers de mètres carrés de la Cité du design lors de la Biennale internationale design peut déjà être une épreuve lorsqu’on est valide. Alors, pour les personnes en fauteuil roulant, malvoyantes ou déficientes, cela peut vite s’avérer compliqué et pénible.

C’est pourquoi la mairie de Saint-Étienne, en partenariat avec l’entreprise lyonnaise Okeenea, leader de l’accessibilité (c’est elle qui a équipé la ville en feux sonores), s’est lancé un défi : « Améliorer l’accessibilité et pouvoir, lors d’évènements comme celui-ci, s’adresser à un public toujours plus large », a expliqué Marc Chassaubéné, adjoint à la culture et président de la Cité du design.

Une expérimentation directement avec les usagers

La solution retenue, c’est Evelity, un dispositif de guidage digital, dont les utilisateurs peuvent tout paramétrer en fonction de ce dont ils ont besoin, pas à pas. Elle est déployée pour la première fois sur la métropole stéphanoise dans l’enceinte de la Cité du design à l’occasion de cette Biennale internationale design, dont la superficie relativement étendue, tout en étant privée et sécurisée, se prête bien à l’expérimentation.

Car il s’agit seulement ici d’une expérimentation, comme le soulignent les membres de la commission communale d’accessibilité et de l’association Mahvu. Des groupes de travail se réuniront le 5 juin afin de tester et renforcer la signalétique de cette application. Des groupes composés en fonction des handicaps : moteur, mental ou cécité partielle/totale.

Le but est de pouvoir travailler ensemble et de répondre à l’ensemble des besoins des usagers, et que chacun puisse se rendre où il le souhaite de façon autonome.

L’inclusivité de l’application permet d’amener des solutions très adaptées à travers les différentes signalétiques. Mais il faudra tout de même compter douze à dix-huit mois pour que tout soit parfaitement affiné.

« On a travaillé avec un professeur spécialisé dans les troubles de l’orientation »

Pour le moment, l’application est déjà téléchargeable sur IOS et Android, et possède tout un tas de dispositifs. D’abord, les instructions sont « Falc » (faciles à lire et à comprendre) pour qu’elles soient à la portée de tous.

« On a travaillé avec un professeur spécialisé dans les troubles de l’orientation, avec une patiente qui n’a aucune mémoire spatiale… Donc, plutôt que de parler de droite ou de gauche, qui ne veulent rien dire dans ces moments-là, on utilise la technique bague/montre. L’application dira alors qu’il faut tourner côté bague ou côté montre, par exemple. Il y a également des fonctionnalités de balises sonores, de vibrations, les portes sont indiquées, les pentes douces, les escaliers, etc. On peut également choisir la rapidité du débit de la synthèse vocale qui guide. Mais il n’y a pas de magie : il y aura forcément un petit temps d’adaptation, comme lorsqu’on se trompe de sens avec Google Maps en voiture… »

Coût de l’expérimentation : 18 000 euros

Cette expérimentation aura coûté 18 000 euros à la Ville de Saint-Étienne, mais l’application, elle, est totalement gratuite pour les usagers. Dans l’avenir, si l’expérimentation s’avère une réussite, le dispositif pourrait être étendu à d’autres lieux et d’autres événements.