« Naviguer dans différentes formes d’arts et de cultures, et s’adresser à un public large. Ce musée est un lieu de brassage. » Avant de présenter les prochains grands rendez-vous de son établissement, Pierre-Olivier Costa, président du Mucem à Marseille, réaffirmait le positionnement de son musée. Un lieu de culture qui attire toujours plus de monde avec, en avril, un nombre record de visiteurs sur un mois depuis l’ouverture en 2013.

Pour garder cette dynamique, le Mucem propose trois expositions temporaires d’ici la fin de l’année civile, en plus de sa collection permanente, avec autant d’univers différents.

L’histoire de l’astronomie sur les rives de la Méditerranée

Premier rendez-vous, dès le 9 juillet et jusqu’au 5 janvier, avec Lire le ciel, sous les étoiles en Méditerranée. Pour l’accrochage, le musée marseillais a pu compter sur des prêts d’exception, dont L’Astronome de Vermeer, par le musée du Louvre. Un tableau qui, à lui seul, résume le propos de l’exposition. Sur la toile, on retrouve cet astronome observant un globe, avec sur son bureau un compas ainsi qu’un astrolabe. Il a devant lui un livre évoquant les observations du ciel dans l’Antiquité. De quoi nourrir la narration du co-commissaire de l’exposition, Enguerrand Lascols.

« L’idée était de tisser l’histoire du rapport au ciel pour mettre en perspective des sujets contemporains comme l’environnement, notre rapport à la Terre, à la pollution lumineuse, celle de l’espace… », explique-t-il. Enguerrand Lascols s’est attelé à disséquer le dialogue entre les rives de la Méditerranée, depuis les premiers relevés du ciel en Mésopotamie, en passant par l’astronomie médiévale, jusqu’à aujourd’hui.

On y évoque aussi les croyances qui en découlent et cette culture commune du ciel, tout cela à travers une correspondance entre les arts et la science, retranscrite par des objets « témoins de cette histoire », ainsi que des œuvres d’art contemporain et une approche transdisciplinaire.

Don Quichotte, l’art de rire

Cela devient une habitude sur les murs du Mucem. Après Genet, Giono et Flaubert, le musée se penche cette fois sur l’œuvre littéraire du héros de Cervantès: Don Quichotte, qui reste aujourd’hui le quatrième livre le plus vendu au monde. « Il écrit ce livre en 1605, en pleine Inquisition, et invente ce personnage loufoque sans se prendre au sérieux, afin de représenter le monde autrement. C’est un personnage attachant, on entre dans son imaginaire pour détailler la complexité du rire », souligne Aude Fanio, commissaire de cette exposition qui débutera le 15 octobre (jusqu’au 30 mars).

Sa co-commissaire, Hélia Paukner, complète: « Nous avons souhaité une exposition anticonformiste avec une dimension anachronique. Ce n’est pas un parcours chronologique, mais thématique et basé sur la narration. Le but est aussi d’intéresser ceux qui ont lu le livre, mais aussi tous les autres. » Don Quichotte a inspiré des artistes comme Goya, Picasso ou encore Dali. Il continue d’inspirer les artistes contemporains, que ce soit en peinture, photographie, musique ou théâtre. Don Quichotte, personnage intemporel, parle de notre passé, de notre présent et, certainement, de notre futur.

Anatomie d’une île éphémère

Le troisième (et dernier) rendez-vous de l’année (du 10 décembre au 24 mai 2026) s’intéresse au travail de Clément Cogitore, sous l’intitulé Ferdinandea, l’île éphémère.

À la croisée de l’art contemporain et du cinéma, Clément Cogitore s’est intéressé à cette île qui a surgi des eaux de la Méditerranée, au large de la Sicile, entre juin et juillet 1831, avant de sombrer à nouveau six mois plus tard. Le fruit d’une activité volcanique qui a bouleversé l’équilibre local. Le temps de son éclosion, cette île fut revendiquée par la France, le royaume des Deux-Siciles et la Grande-Bretagne.

Elle a également suscité les craintes des populations locales, redoutant l’émergence d’un monstre marin. Cet éphémère territoire est entré dans la légende: il est documenté sur les plans scientifique, politique et littéraire. À travers des films, des vidéos et des photos, Clément Cogitore « spécule sur l’émergence, la chute et la possible réémergence du volcan, entre documentaire et fiction », assure la commissaire Kathryn Weir.


« Don Quichotte ». Photo DR Fabrice Michelier.