Une mine d’or. Des photos inédites, des documents peu connus du grand public et une plume, celle de l’écrivain Jacques Lecugy, le tout sous la direction de Jean-Luc Guillet, pour signer un livre, édité par la Ville de Saint-Raphaël, riche, détaillé et très instructif, même pour eux qui connaissent déjà cette histoire: Le Chant des Partisans, avec les figures emblématiques Joseph Kessel, Germaine Sablon et Maurice Druon, sous-titré « De Saint-Raphaël à Londres, 1940-1943 », a été publié et est en vente depuis vendredi dernier.

« Ce livre est né de la proposition de l’auteur Jacques Lecugy, 90 ans, qui a une double passion: pour Anthéor et pour l’histoire, et notamment celle de Kessel, Sablon et Druon, indique Jean-Luc Guillet, responsable du pôle édition à la Ville. Nous avons retravaillé ensemble son manuscrit afin qu’il puisse entrer dans les Collections de la Ville, l’enrichissant de recherches iconographiques, de documents divers et composer ainsi cet ouvrage. »

Tout est parti d’une phrase de Maurice Druon

Un livre dont le travail de fond a été très méticuleux, « et qui insiste sur une vérité parfois mal connue: Le Chant des partisans, cet hymne de la Résistance, n’a pas du tout été écrit à Saint-Raphaël, malgré le raccourci que certains ont la facilité de faire, tempère Jean-Luc Guillet. Tout est parti de la phrase de Maurice Druon, plus tard, dans ses souvenirs, quand il va dire qu’à Saint-Raphaël, ‘‘nous faisions nos gammes pour Le Chant des partisans’’. En fait, il voulait dire par là qu’il composait des chansons, avec l’aide de Léo Polnareff – le père de Michel Polnareff – qui avait une villa à Anthéor, ou par exemple aussi pour les tours de chant de Germaine Sablon. »

Des destins entremêlés, des actions de résistance, des compositions d’œuvres musicales… Ce livre retrace pas à pas le parcours de ces trois héros à Saint-Raphaël et jusqu’à Londres, où sera finalement composé le fameux hymne.

« Certains Raphaëlois semblaient convaincus, encore récemment, qu’il avait été créé, par exemple, à l’hôtel de la Baumette à Agay, a notamment entendu dire Jean-Luc Guillet. Mais l’histoire est belle. Tous les faits sont racontés en détail dans le livre, avec des éléments documentés et sourcés, notamment grâce aussi à Alain Dubreuil. Un ouvrage historique qui est, d’une certaine manière, une vraie genèse du Chant des partisans ! »

Et s’il fallait encore une preuve de la grande valeur scientifique de ce livre, il est à noter que l’ouvrage a reçu l’honneur d’avoir une préface de Jean-Marie Guillon, historien – spécialiste entre autres de la Résistance dans le Var –, et professeur émérite à l’Université d’Aix-Marseille, dernièrement décoré de la Légion d’honneur.


Une des deux plaques apposées dernièrement, à la villa Mariana et l’autre à la villa La Feuilleraie. Photo N. P..

Travail de mémoire: des plaques améliorées

Toujours dans sa volonté de transmettre le devoir de mémoire, et de rendre hommage à ceux qui se sont battus contre l’occupant, lors de la Seconde Guerre mondiale, la Ville de Saint-Raphaël souhaite mettre encore plus en valeur ses femmes et ses hommes de « l’armée des ombres », comme l’écrivait Joseph Kessel.

Ainsi, d’ici quelques jours ou semaines, les plaques de certaines rues et avenues qui portent le nom de ces illustres (ou hélas méconnus) héros seront refaites, mises en valeur, agrandies et détaillées. Il s’agit de l’avenue Berty-Albrecht, l’avenue Jacques-Artufel, l’allée René-Cassin, la rue Jean-Charlot, la rue Roger-Landini, la place Gabriel-Péri, le square Georges-Reynal, la rue Marie-Louise Robinson, la rue Germaine-Sablon, l’avenue Claude-Simon, l’avenue du 8-Mai-1945 et le boulevard de la 36e Division d’infanterie américaine, dite du Texas.

Par ailleurs, de récentes recherches de la Ville l’ont conduite à ériger, tout récemment, deux plaques devant la villa Mariana (quartier des Tasses) et la villa La Feuilleraie (à Boulouris), des lieux où de nombreux enfants juifs ont pu être cachés et sauvés.