À l’occasion de son événement Open House organisé à Stockholm, Spotify a levé le voile sur les données 2025 de son rapport Loud & Clear, offrant un éclairage inédit sur les revenus générés par les artistes européens dans l’économie du streaming. La plateforme en a profité pour annoncer un jalon majeur : elle compte désormais 100 millions d’abonnés payants en Europe, sur un total de 678 millions d’utilisateurs actifs dans le monde.
Les chiffres publiés soulignent une année record : les ayants droit de l’Union européenne ont perçu plus de 1,7 milliard d’euros en 2024, soit une hausse de 15% par rapport à l’année précédente, quasiment le double de 2020 et plus de trois fois les montants de 2017. Spotify affirme ainsi son rôle central dans la chaîne de valeur musicale européenne.
Daniel Ek, fondateur et PDG de Spotify, rappelle que la plateforme est aujourd’hui « le seul service de streaming à publier des données aussi détaillées sur la rémunération des artistes ». Il précise que « les outils dont nous disposons aujourd’hui sont tout simplement stupéfiants », et que cette transparence vise à mieux faire comprendre aux artistes, aux labels et au public comment le streaming redistribue la valeur.
Une scène européenne de plus en plus internationale
En 2024, les artistes européens ont été découverts près de 28 milliards de fois dans le monde via Spotify. Les Européens eux-mêmes ont écouté des artistes du continent 351,66 milliards de fois, et ces découvertes se sont exportées : 830 millions de playlists américaines, 183 millions au Mexique et 148 millions au Brésil ont inclus des artistes européens.
L’italien a même dépassé pour la première fois le seuil des 100 millions de dollars générés, rejoignant d’autres langues européennes dynamiques comme l’espagnol, l’allemand ou le suédois. Cette diversité linguistique s’affirme : 57% des redevances versées à des artistes européens en 2024 concernaient des œuvres chantées dans une autre langue que l’anglais, un record historique.
Autre évolution majeure : les artistes féminines européennes ont vu leurs écoutes bondir de 83% dans le monde depuis quatre ans. Spotify met en avant son programme EQUAL, qui a soutenu plus de 400 artistes féminines via de la mise en avant éditoriale, des formations et des opportunités de réseautage.
En parallèle, les artistes indépendants gagnent du terrain : en Allemagne, plus de la moitié des redevances sont aujourd’hui générées par des indépendants ou des labels non affiliés aux majors. Au Danemark, 192 artistes ont dépassé les 500 000 couronnes danoises de revenus en 2024, un chiffre quasiment doublé depuis 2017.
Un potentiel porté par l’IA, mais centré sur les humains
Interrogé sur les débats autour de la musique générée par intelligence artificielle, Daniel Ek a tenu à clarifier sa position : « Nous voulons que les vrais humains réussissent en tant qu’artistes et créateurs. Mais qu’en est-il de la créativité à l’avenir avec l’IA ? Je n’en sais rien. Qu’est-ce que la musique ? »
Faisant référence à l’histoire de la musique électronique ou du hip-hop, initialement marginalisés, il invite à ne pas craindre trop vite les évolutions technologiques : « Les barrières à la création sont de plus en plus basses. De plus en plus de gens vont créer. Je vois l’arrivée de l’IA dans la musique bien plus comme une évolution que comme une révolution. »
Spotify réfute par ailleurs les accusations selon lesquelles elle aurait promu sur ses playlists des morceaux produits par l’IA sous des faux profils pour limiter les coûts en droits d’auteur.
Avec un premier bénéfice net annuel engrangé en 2024, Spotify entend désormais franchir une nouvelle étape. « Je ne pense pas qu’il y ait le moindre doute sur le fait que le potentiel de Spotify est d’atteindre un jour plus d’un milliard d’abonnés payants », affirme Daniel Ek