Vladimir Poutine a proposé un second cycle de négociations qui doivent débuter dès lundi 2 juin à Istanbul, mais il ne compte pas s’y rendre.

PAVEL BEDNYAKOV / AFP

Vladimir Poutine a proposé un second cycle de négociations qui doivent débuter dès lundi 2 juin à Istanbul, mais il ne compte pas s’y rendre.

INUTERNATIONAL – Le risque d’un deuxième échec est immense. Tandis que les premiers pourparlers russo-ukrainiens à Istanbul se sont soldés par un échec cuisant, Moscou a proposé un second cycle de négociations qui doivent débuter dès lundi 2 juin, de nouveau en Turquie. Problème : l’Ukraine est sceptique sur les intentions du Kremlin et la Russie envoie une délégation sans Vladimir Poutine.

Le chef de l’administration présidentielle ukrainienne, Andriï Iermak, a affirmé, ce jeudi 29 mai au soir, que son pays était « prêt » à participer aux pourparlers proposés par Moscou la semaine prochaine, mais a posé des conditions.

« Nous souhaitons engager une discussion constructive », a-t-il déclaré, dans un communiqué, jugeant notamment « important » que la Russie transmette à l’Ukraine avant cette réunion prévue lundi le « mémorandum » qu’elle prépare, et qui est censé exposer ses conditions afin de parvenir à un accord de paix durable. Selon lui, la partie russe a, elle, reçu un texte détaillant la position ukrainienne. Mais pour le moment, le Kremlin a rejeté cette « exigence ».

Zelensky craint des discussions « vides de sens »

Pour le porte-parole du ministère ukrainien des Affaires étrangères, Gueorguiï Tykhiï, la réticence de Moscou à envoyer son mémorandum « suggère qu’il contient vraisemblablement des ultimatums irréalistes ».

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a lui dénoncé une nouvelle « manœuvre » de la Russie, l’accusant de tout faire pour rendre les pourparlers « vides de sens ». Il a également accusé la Russie de vouloir « faire durer la guerre », et a appelé à imposer de nouvelles sanctions pour accroître la pression.

La méfiance ukrainienne est d’autant plus grande que la Russie a prévu d’envoyer lundi prochain la « même » équipe qu’au premier cycle de négociations, soit sans Vladimir Poutine. Déjà le 16 mai, le maître du Kremlin ne s’était pas rendu à Istanbul et la composition de la délégation russe avait été vue par Kiev comme un signe que Moscou ne prenait pas ce processus au sérieux.

Des positions difficilement conciliables

Dans le fond, les positions officielles des deux belligérants semblent difficilement conciliables : la Russie exige notamment que l’Ukraine renonce à jamais à rejoindre l’Otan et lui cède les cinq régions dont elle revendique l’annexion.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé Russie et Ukraine à ne pas « fermer la porte » au dialogue, disant être en contact avec les deux parties et espérer la reprise lundi de pourparlers en Turquie.

Le président américain Donald Trump, qui s’est rapproché de Moscou pour faire avancer les négociations, a, de son côté, adopté ces derniers jours un ton plus dur à l’égard de son homologue russe. Il a jugé Vladimir Poutine « complètement fou » de poursuivre les bombardements, avant de prévenir qu’il jouait « avec le feu ».

Au Conseil de Sécurité de l’ONU, l’ambassadeur américain intérimaire adjoint, John Kelley, a été jeudi plus clair encore : « Si la Russie prend la mauvaise décision de poursuivre cette guerre catastrophique, les États-Unis devront envisager de se retirer de leurs efforts de négociation », a-t-il prévenu. « Le président Poutine devrait accepter cet accord », a insisté le diplomate américain. « L’autre solution, qui consisterait à poursuivre la guerre, ne serait dans l’intérêt de personne, pas même dans celui de la Russie ».

L’espoir de négociations de paix entre Moscou et Kiev est « à peine » vivant, a résumé Rosemary DiCarlo, une haute responsable de l’ONU, dénonçant la récente « poussée brutale » d’attaques russes à grande échelle contre l’Ukraine « au lieu d’avancées vers la paix ».