Le petit village de Blatten en partie inondé dans le massif du Bietschhorn, dans les Alpes suisses, le 29 mai 2025.

HANDOUT / AFP

Le petit village de Blatten en partie inondé dans le massif du Bietschhorn, dans les Alpes suisses, le 29 mai 2025.

ENVIRONNEMENT – Les autorités surveillent comme le lait sur le feu cette étendue d’eau. Les millions de tonnes de glace et de roche qui ont détruit en un instant le petit village de Blatten dans les Alpes suisses ce mercredi 28 mai ont donné naissance à un lac artificiel qui ne cesse de gonfler. Les autorités avaient prévenu qu’il risquait d’inonder une partie de la vallée en contrebas. Ce « scénario du pire » est pour l’heure écarté, mais les experts restent extrêmement vigilants.

Les conditions très instables de la montagne et le risque de nouveaux éboulements et coulées de boue empêchent les secours d’intervenir sur le site.

Les recherches pour la seule personne portée disparue, un homme de la région âgé de 64 ans, dans cet événement aux proportions hors du commun ont été suspendues jeudi pour les mêmes raisons de sécurité, a indiqué la police du canton du Valais dans un communiqué.

Un barrage artificiel

La rivière Lonza qui coule dans le secteur est bloquée sur 2 kilomètres par les trois millions de m3 de roche et de glace. Une quantité tellement énorme qu’elle fait paraître plus petites les cimes qui surplombent la vallée. À la place du glacier, entraîné par les soudaines chutes des roches qui le surplombaient, on voit un trou béant sur le flanc de la montagne.

« Le dépôt, composé de roche, de glace et d’eau, situé en fond de vallée, est peu stable et des laves torrentielles sont possibles dans le dépôt lui-même. Ce qui rend pour l’heure toute intervention impossible sur la zone sinistrée », écrivent les autorités cantonales dans un communiqué de presse. Un barrage artificiel a été préventivement vidé pour contenir l’eau refoulée par le mur de glace, de terre et de gravats.

Cependant, si l’eau venait à déborder de ce barrage artificiel, il faudrait évacuer toute la vallée. Stéphane Ganzer, le chef du département de la sécurité du canton du Valais, où s’est produite la catastrophe, rassure ce jeudi soir : « Nous avons eu des informations de la part des géologues, des spécialistes qui tendent à nous dire qu’un tel évènement aurait peu de chances de se produire ».

L’eau monte « de 80 centimètres par heure »

« Le niveau de l’eau, alimenté par la Lonza et un ruisseau, ne cesse de monter. Jeudi après-midi, il grimpait de 80 centimètres par heure », explique un article du média local la Tribune de Genève. Si ce « lac » venait à déborder, il pourrait entraîner avec lui des roches, et ainsi provoquer des crues et des coulées de boue qui se déverseraient sur la vallée.

Comme le pointent nos confrères, il reste toutefois le barrage de Ferden en contrebas du village qui permettrait de retenir les amas rocheux et la boue.

« Il semble peu probable que le lac fasse se casser soudainement, brutalement cette énorme masse de détritus qui résulte de l’éboulement d’hier (mercredi). C’est peu probable, mais on n’aime pas tellement ce mot peu probable ici depuis hier, parce qu’on sait que peu probable peut devenir probable » , a insisté le responsable Stéphane Ganzer. De ce fait, des plans d’évacuation sont à l’étude, et des communes et les populations ont été informées de se tenir prêtes à toute éventualité, a-t-il détaillé.

Évacués préventivement il y a neuf jours, les 300 habitants du village sont sains et saufs même s’ils ont perdu leur maison. En aval du sinistre, les autorités ont aussi décidé d’évacuer préventivement 16 personnes dans deux autres villages de la vallée du Lötschental, Wiler et Kippel.

L’armée est « prête »

De son côté, « l’armée a effectué une reconnaissance sur place afin de préciser les besoins », selon le communiqué du canton de Ferden.

Pour pouvoir intervenir rapidement, l’armée prépare depuis mercredi à Turtmann -une ville qui se trouve à quelque 23 km de Blatten – des pompes à eau, des excavatrices et d’autres engins de déblaiement lourds ainsi que du matériel d’éclairage. Des hélicoptères sont également prêts à transporter du matériel et des personnes, selon un communiqué de l’armée.

« L’armée se tient prête à engager rapidement ses forces selon les directives des autorités civiles, dès que la situation le permettra et que des tâches lui auront été assignées », souligne-t-elle.

L’effondrement du glacier était attendu depuis plusieurs jours, de nombreux éboulements de roche s’étant déjà produits dans la partie montagneuse qui le surplombe.