Avec le recul, Giuseppe prend peu à peu conscience que l’excursion de sa femme, mercredi, en Italie en train, aurait pu virer au drame. Alors il prend la parole, via Nice-Matin, afin de remercier tous ceux qui se sont mobilisés pour sauver la vie de son « épouse chérie ».

Un peu avant 16 heures, dans le TER qui relie Vintimille à Grasse, Giuseppina – leurs prénoms les destinaient à se rencontrer – a été victime d’un malaise. En hypoglycémie sévère, avec un taux tombé à 23 mg/dl, elle risquait le coma.

Des passagers ont prévenu les secours et fait stopper le train.  » Sans leur intervention, ma femme ne serait peut-être plus là, confie Giuseppe. À travers ce message, je souhaite exprimer toute ma gratitude aux passagers anonymes qui l’ont aidée, à l’équipe du train pour son sang-froid et son humanité, ainsi qu’aux services de secours pour leur efficacité. Giuseppina est sortie de l’hôpital (mercredi) soir. Elle est encore très fatiguée mais elle va beaucoup mieux. Et surtout elle est en vie! Alors merci… »

« Elle n’allait pas bien du tout, je ne pouvais rien faire »

Avec beaucoup d’émotion, Giuseppe qui travaille et vit à Cannes, se remémore cette fin d’après-midi où tout a failli basculer: « Il était environ 16 heures, j’étais au travail, ma femme revenait seule en train de Vintimille. Mon téléphone a sonné. C’était elle. J’ai tout de suite senti que ça n’allait pas. Elle avait beaucoup de mal à parler. Elle m’a dit qu’elle n’était pas bien, qu’elle n’arrivait plus à bouger… »

Le sang de Giuseppe ne fait qu’un tour. Une boule l’envahit, son cœur s’accélère. Sa Giuseppina a fait un AVC il y a quelques années. « J’avais la terrible impression de revivre la même chose. Au téléphone, je lui ai d’abord dit de demander de l’aide autour d’elle. Mais Giuseppina est quelqu’un de réservée qui a peur de déranger. Elle ne voulait pas et ne cessait de me répéter: “Viens me chercher. » Je suis parti sur le champ. Mais j’étais au téléphone, à 30km d’elle, et je ne pouvais rien faire… Terrible. »

Giuseppe convainc sa femme de lui passer quelqu’un dans le train. Avec l’émotion, il ne se souvient plus si c’est un homme ou une femme avec qui il a échangé: « J’ai expliqué à cette personne que ma femme avait des problèmes de santé et qu’il fallait appeler au plus vite les pompiers et arrêter le train. Celui-ci venait d’arriver en gare de Saint-Laurent-du-Var, cette personne l’a fait arrêter puis a appelé les pompiers qui sont intervenus très rapidement. »

« Le pilote est resté auprès d’elle »

Par téléphone, Giuseppe va suivre toute la scène. Entre-temps, une passagère, « sans doute un médecin », pense Giuseppe, intervient.

« Elle a pris le pouls de ma femme et est restée à ses côtés. Elle avait presque perdu connaissance et était dans un état critique, souffle Giuseppe. Le pilote du train est venu voir ma femme. Il est resté jusqu’à ce qu’elle parte avec les pompiers pour l’hôpital. Sans cette chaîne de solidarité et de professionnalisme, l’issue aurait pu être différente. Les passagers comme les agents ont pris soin de ma femme jusqu’à l’arrivée des pompiers, qui l’ont ensuite prise en charge rapidement. »

Avec un trafic très dense à cette heure, Giuseppe n’arrive à l’hôpital Pasteur à Nice qu’à 19 heures. « Je n’avais plus de ses nouvelles depuis 17 heures quand elle a été prise en charge par les pompiers. J’étais terriblement inquiet. Et puis j’ai retrouvé ma Giuseppina. Affaiblie, mais bien là! Elle m’a chuchoté: “Je suis en vie grâce à toi et grâce à tous ceux qui, dans le train, sont intervenus et ont pris soin de moi. » Elle était tellement touchée… »