Depuis le 19e siècle, une ceinture fortifiée entoure la ville de Strasbourg. Maintenant qu’avec l’Allemagne on a arrêté de se faire la guerre, on s’est mis au vélo. Il était donc bien logique qu’on fasse de cette ceinture un superbe itinéraire cyclable. Oh, mais serait-ce l’appel du vélo que l’on entend au loin ? Allez, montez en selle : on vous emmène sur la Piste des Forts.
Les idées sorties, c’est bien. Les balades à vélo c’est encore mieux. Et lorsque tout ça tombe pile au moment où le soleil décide de repointer le bout de son nez : c’est véritablement du petit lait.
80 kilomètres à pédaler, une boucle qui se rejoint directement depuis Strasbourg, un tracé binational et pour couronner le tout, une belle flopée d’anciens forts prussiens… On s’attaque aujourd’hui à un monument du coin en matière de circuits à vélo : la Piste des Forts.
© Martin Savail / Pokaa
Avec la Piste des Forts, que vous soyez féru(e) de vieilles pierres et d’Histoire, passionné(e) de nature et de beaux paysages, ou bien simplement sportif/ve convaincu(e) en quête de sensations, on est à peu près certain que vous trouverez votre bonheur.
On vous décrit ici la balade en trois parties. Selon votre niveau ou votre motivation, vous pouvez parcourir la piste des Forts en une journée ou bien la faire petit bout par petit bout.
Petite précision : c’est bien une boucle ! C’est-à-dire que vous êtes absolument libres de la faire dans un sens ou dans l’autre, et de partir de n’importe quel point jusqu’à ce que vous en ayez marre (de toute façon vous faites bien ce que vous voulez, hein).
LE document à avoir en sa possession pour se lancer à l’assaut de la Piste des forts, c’est bien celui-ci ! Une carte parfaitement claire, accompagnée de toutes les infos nécessaires, éditée avec brio par la commune de Souffelweyersheim
© Martin Savail / Pokaa
Du Pont du Rhin au Fort Uhrich : la campagne allemande
On démarre notre périple à Strasbourg, au Jardin des Deux-Rives. La première chose à faire, c’est de traverser l’emblématique Pont du Rhin pour se retrouver à Kehl. Hop, on part à l’assaut de l’Allemagne. Dès le départ, il faut repérer les panneaux vert et blanc. Un pictogramme représentant un bonhomme sur son vélo, une inscription allemande « Radweg zu den Forts », franchement : aucun piège en vue.
Et la balade démarre donc par la traversée du centre-ville de Kehl dont on s’échappe par la zone commerciale, pour atterrir sur une piste cyclable au bord de l’eau. De Auenheim à Marlen en passant par Neumühl, on arpente donc la (très bien rangée) campagne allemande. Ils sont comme ça les allemands : les arbres sont alignés, les routes impec.
© Martin Savail / Pokaa
Parfois, au beau milieu d’un champ de colza, vous tomberez sur un panneau de la Piste des Forts qui vous recommande de tourner à droite. Vous croiserez aussi pas mal d’animaux, de fermes… et de groupes de retraité(e)s à deux doigts de franchir le mur du son sur leurs vélos électriques.
De retour en France par l’imposant pont Pfimlin, on dépasse rapidement le fort Hoche, inaccessible. La piste continue et mène devant le parc du fort Uhrich, l’occasion de poser un peu son vélo et de profiter d’une pause bien méritée aux abords de l’ouvrage.
© Martin Savail / Pokaa
Ce que l’on peut relever sur cette première étape :
- Chercher les forts en Allemagne, c’est une perte de temps. Économisez-le et passez-le plutôt à admirer le paysage plutôt qu’à chercher désespérément des ouvrages du 19e siècle : ceux-ci ont été détruits dans les années 30. Si vous aviez prévu des haltes au cours desquelles vous admireriez chaque fort d’un air pénétré en louant l’efficacité des maçons de l’ère wilhelminienne, vous risquerez d’être déçu(e). Ici vous vous contenterez donc d’un sobre « Ah tiens, donc là il y avait un fort ? Marrant ».
- En dehors des retraités on fire, votre plus gros danger pourra être de vous perdre : on a repéré trois-quatre croisements desquels le panneau vert et blanc (auquel on vouait notre salut) semblait avoir déserté. On vous recommande donc de garder l’itinéraire sur votre téléphone si vous ne voulez pas finir vos jours perdu(e)s et affamé(e)s dans les champs de colza du Bade-Wurtemberg.
- Distance parcourue sur cette première étape : environ 30 kilomètres
- Durée estimée : approximativement 2h30-3h (le temps de se tromper de chemin une fois ou deux et de rectifier le tir à l’aide de son téléphone).
© Martin Savail / Pokaa
Du fort Uhrich au fort Kléber
On remonte en selle à la poursuite de nos fameux panneaux vert et blanc. Tranquillement, on se laisse guider à travers Illkirch, Ostwald, Lingolsheim et Eckbolsheim. Le parcours s’étale sur des voies vertes, pistes cyclables et parfois sur routes, toujours bien indiquées.
À la sortie d’Eckbolsheim, on rejoint l’indétrônable canal de la Bruche, fidèle allié de nos sorties vélo. Calé entre un étang de pêche et le canal, ne manquez pas de vous arrêter le temps d’une pause bien méritée Chez Gaby. Resto sans prétention, terrasse fleurie et agréable, c’est l’endroit idéal pour reprendre des forces après avoir déroulé du bitume. La patronne propose une cuisine généreuse à un prix abordable, de quoi aborder la suite de la balade dans les meilleures conditions.
© Martin Savail / Pokaa
Rapidement après le petit tronçon en bord de Bruche, on arrive au fort Kléber de Wolfisheim.
Gardons simplement à l’esprit que comme pour la majorité des forts, la piste ne vous dépose pas directement devant : il faut donc s’écarter un peu du tracé sur quelques minutes juste avant la sortie de Wolfisheim. Ici, le fort est ouvert à tous/tes : airs de jeux, ferme pédagogiques… il y a de la vie !
© Martin Savail / Pokaa
Ce que l’on peut relever sur cette seconde étape :
- Départ du Fort Uhrich (accessible par le canal du Rhône au Rhin) et arrivée au fort Kléber. Depuis Wolfisheim, possibilité de revenir sur ses pas jusqu’au canal de la Bruche pour rejoindre Strasbourg facilement. C’est le plus petit des tronçons qu’on a choisi de vous proposer.
- Distance parcourue : 13 kilomètres
- Durée estimée : 1h30 en prenant son temps
Du fort Kléber à la Robertsau
On arrive sur du lourd, le grand chelem des forts strasbourgeois. Portion la plus importante de cette Piste des Forts, elle nous permet de relier Wolfisheim à Strasbourg en passant par cinq forts.
Depuis Wolfisheim, on traverse les champs pour arriver à Oberhausbergen où on longe le fort Frère. Celui-ci est situé en terrain militaire, ce qui implique que sa visite n’est possible qu’à l’occasion de visites guidées. Toutes les infos à ce propos sont juste ici. Petit point d’attention : la visite est longue (au moins 2h30) et est donc difficilement compatible avec un parcours complet de la piste des forts en une journée.
La balade se poursuit en forêt et on passe rapidement devant le fort Foch. Pas de visite à l’horizon : depuis plusieurs décennies, le fort abrite un centre de primatologie. On se contente d’un panneau explicatif et on poursuit son petit bonhomme de chemin.
© Martin Savail / Pokaa
Quelques minutes à travers les champs (et un panorama superbe) suffisent à arriver au fort Ducrot. On lui a récemment dédié un article : le fort Ducrot est restauré par une petite asso qui fête ses quinze ans cette année. Des visites sont possibles, mais elles sont également guidées. Il convient donc de se renseigner auparavant : toutes les infos de visites se trouvent ici.
En deux-trois coups de pédales, on dépasse le fort Desaix (stand de tir fermé au public) et on se dirige à toute berzingue vers Reichstett. Là encore, il faut s’écarter du tracé pour pouvoir admirer le fort Rapp. Et encore une fois, si vous souhaitez voir davantage que la façade extérieure, il faut s’organiser pour prendre part à une visite guidée : toutes les infos ici.
© Martin Savail / Pokaa
Si à ce moment-là, on commence sérieusement à sentir les cuisses entrer en ébullition, on se motive encore un peu et on pousse jusqu’à la Ballastière, lieu idéal pour une dernière pause. Sur le chemin, on passe devant un bâtiment surprenant : il s’agit de la pagode Wat Simoungkhoune, lieu de culte bouddhiste.
On termine cet itinéraire en longeant le fort Ney (inaccessible) et en arpentant les champs wantzenauviens avant de se plonger dans la forêt de la Robertsau.
© Baptiste Kocher / Pokaa
© Martin Savail / Pokaa
Ce que l’on peut relever sur cette troisième étape :
- Départ de Wolfisheim (accessible par le canal de la Bruche) et arrivée à la Robertsau (à partir de là, possibilité de rejoindre les autres quartiers par le quartier européen).
- Distance parcourue : 35 kilomètres
- Durée estimée : 3h30
© Martin Savail / Pokaa