Issues de la convention citoyenne de 2019, qui avait réuni 120 participants tirés au sort, les mesures des ZFE (zones à faible émission) s’inspiraient d’expériences positives initiées dans plusieurs grands villes européennes (Amsterdam, Madrid, Bruxelles…) où l’accès dans les grands centres urbains a été interdit aux véhicules les plus anciens et les plus polluants, diesel comme essence (14 et 19 ans d’âge).

Il s’agissait de préserver la qualité de l’air, qui cause chaque année 40 000 décès prématurés évitables par maladie pulmonaire, ou le développement de pathologies telles que l’asthme chez les enfants.

Abandon des ZFE : 98 voix pour à l’Assemblée nationale

Puis progressivement depuis 2019, tout a changé, en dépit de l’absence de contrôle ou de quelconque amende. La ZFE lyonnaise a bénéficié de reports de calendrier, d’aménagements, de dérogations, d’aides financières diverses.

Progressivement, les ZFE ont été taxées de mesure d’écologie punitive. Les porteurs de cet argument viennent de porter l’estocade aux ZFE.

L’Assemblée nationale a voté à la majorité de 98 voix contre 51, la suppression des ZFE dans le cadre de la loi de simplification. L’article a été porté par LR et RN, et soutenu par LFI.

Si le parcours législatif va dans ce sens jusqu’à son terme, techniquement, on ne voit pas comment on évitera que la pollution aux particules fines et autres oxydes d’azote des moteurs diesels et essence anciens, ne se poursuive, voire, ne vienne à s’amplifier.

Mais il faut encore que ce point ZFE soit voté par le Sénat (à majorité LR), puis validé par le Conseil constitutionnel.

De plus, le hic, c’est que les fonds du plan de relance européen pour la transition écologique dont les ZFE sont l’un des points concernés, ont déjà commencé à irriguer la France.

Neuf milliards d’euros doivent tomber pour les années 2025 et 2026, un sacré manque à gagner, car la commission bruxelloise ne valide que les projets en cours ou accomplis ! Affaire à suivre…

Vers la suppression des ZFE : les réactions des élus à Lyon

Sur le plan lyonnais, le sismographe politique oscille entre la colère des écologistes, dont Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon, Grégory Doucet, maire de Lyon, au satisfecit un peu gêné de la droite et du centre à la Métropole dont le maire de Saint-Priest, Gilles Gascon, et une sorte d’entre-deux de la part du parti présidentiel EPR, représenté par Thomas Rudigoz.

Voici quelques réactions à l’échelle de la Métropole de Lyon.

Thomas Rudigoz, chef de file du parti Renaissance à Lyon

 

Thomas Rudigoz, chef de file de Renaissance à Lyon, réagit : « Ce n’est pas en abolissant la ZFE que nous ferons avancer l’écologie. Ce n’est pas non plus en la rendant invivable qu’elle sera durable. Il est temps de sortir des postures pour construire des solutions efficaces et justes ».

La réaction de Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon : Bruno Bernard, président, Les Ecologistes, de la Métropole de Lyon, ne décolère pas depuis l’annonce du vote du mercredi 28 mai :

« Le populisme gagne sur la pollution de l’air. Quand on demande des financements pour mettre en place des alternatives, on nous le refuse. Les mêmes qui nationalement se plaignent qu’il n’y a pas assez d’alternatives, nous critiquent localement de faire trop de travaux pour déployer des transports en commun, des aménagements pour les vélos ou le chauffage urbain. Ce débat est totalement accaparé par des fake news et des protagonistes dont la parole est mise en équivalent à des scientifiques sur les plateaux télés. »

© DR – Quid des vignettes de circulation Crit’Air si les ZFE sont définitivement supprimées ? Grégory Doucet, maire écologiste de Lyon :  « des aides suffisantes pour que chaque ménage puisse changer de véhicule »

 Grégory Doucet , maire de Lyon (Les Ecologistes) : « En mettant fin aux aides au changement de véhicule, le gouvernement a condamné les ZFE. À Lyon, nous avons fait l’inverse. Nous avons mis en place des aides complémentaires pour accompagner les ménages qui ont besoin de leur voiture à changer leur motorisation. En parallèle, nous développons toutes les alternatives possibles : transports en commun améliorés, voies cyclables, zones piétonnes. Et les résultats sont là. La pollution recule. Le trafic baisse. Les accidents aussi. Ce que nous demandons, c’est clair : des aides suffisantes pour que chaque ménage puisse changer de véhicule sans s’appauvrir. La santé, la justice sociale et la liberté de circuler ne doivent être ni opposées, ni instrumentalisées. »

Les groupes de la droite et du centre à la Métropole de Lyon refusent « l’écologie des injonctions »

 

Gilles Gascon, président du groupe La Métro Positive; Nicoles Sibeud, Inventer la Métrople de demain ; Marc Grivel, président du groupe Synergies :

« Sans jamais avoir plaidé pour la suppression de la ZFE, nos trois groupes réunis, qui avaient soutenu le principe des ZFE à leur création, alertent depuis des années sur les dérives de leur mise en oeuvre dans la Métropole de Lyon […] nous refusons l’écologie des injonctions. Ce refus d’adapter la ZFE a provoqué un rejet massif, jusqu’à entraîner aujourd’hui sa remise en cause au niveau national. On ne peut pas en rester à cette situation. Il faudra tôt ou tard engager des efforts ambitieux pour améliorer la qualité de l’air. Mais cela ne peut se faire contre les habitants, ni au mépris de la justice sociale. »