Si la saison des festivals s’est bien lancée, le mois de juin à Strasbourg permet une sélection de rencontres culturelles allant du théâtre à la musique en passant par des évènements autour de la lecture.

Drames familiaux au festival Démostratif

Démostratif, le festival des arts scéniques émergents, revient sur le campus universitaire de l’Esplanade et à La Pokop du 3 au 7 juin. Le thème de cette édition, Psychoses familiales, se penche sur les dynamiques des familles, les violences, le deuil ou encore le symbole porté par le fait d’avoir un accent du sud lorsqu’on vit dans le nord.

« La famille est le premier cercle social que nous rencontrons. Il peut être uni, violent, chaleureux, opaque, inexistant, aimant, grand ou petit, éloigné ou resserré », écrit Sacha Vilmar, qui a créé et dirige le festival depuis huit ans.

Pendant cinq jours, pièces de théâtre, lectures, marionnette et concerts se succèdent sur le campus. Parmi la programmation riche et variée, deux suggestions : une pièce de théâtre et un spectacle déambulatoire de marionnettes.

Deux ou trois choses dont je suis sûre est mis en scène par Manon Ayçoberry, de la compagnie strasbourgeoise l’Onde. La pièce revisite le texte de l’autrice américaine lesbienne Dorothy Allison. Issue d’une famille ouvrière de Caroline du Sud, où les violences intra-familiales et sexuelles faisaient partie du quotidien, Dorothy Allison raconte son histoire et celle des femmes de sa famille qui, comme elle, ont subi ces violences : sa mère, ses sœurs, ses tantes, ses cousines. Manon Ayçoberry habille les comédiennes en karatéka, car affronter son passé est souvent (ou toujours ?) une bataille. Trois actrices, une seule voix. Un « je » démultiplié « pour ne pas avoir une seule adresse au public », explique Manon Ayçoberry. La pièce est présentée mardi 3 juin, à La Pokop, à 21h.

De l’autre côté du monde, spectacle de marionnettes, propose-t-il un thème plus léger ? Pas certain. Un homme d’une trentaine d’années vide sa maison d’enfance, il a presque fini quand un mystérieux objet retient toute son attention et l’entraîne vers ses souvenirs enfouis et ses peurs les plus abyssales. Dès lors, impossible de partir avant de savoir ce qui se cache « dans le fond des armoires, ce qui dort sous la poussière du grenier ». Accessible dès 8 ans, le spectacle est porté par le collectif rémois Toter Winkel et est donné le mercredi 4 juin, à 10h, 14h et 16h à la salle in quarto, dans le bâtiment du Studium.

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Festival Démostratif, du mardi 3 au samedi 7 juin, sur le campus universitaire de l’Esplanade à Strasbourg. La programmation complète est disponible en ligne, l’entrée est libre et la réservation conseillée.

L’art en vitrine

Du 2 au 21 juin, c’est le rallye du livre. Pour cette deuxième édition, le thème choisi est « L’art s’expose en vitrine ». 24 librairies indépendantes de Strasbourg, Bischheim, Schiltigheim et de La Wantzenau dédient une vitrine à un éditeur local et un artiste l’élabore. L’occasion de découvrir des récits et des maisons d’édition mais également de sillonner les librairies eurométropolitaines et de voter pour la plus belle vitrine.

Dans chaque librairie visitée, il est possible de faire tamponner un carnet, un peu comme la crédencial sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle. Mais là, c’est le chemin de l’érudition (ou l’édition) que l’on suit. Au bout de six tampons récoltés, il est possible de remporter un lot de livres. Le prix des lecteurs et le prix du jury récompenseront deux artistes ayant réalisé les plus belles vitrines.

À la librairie du Quai des brumes, la vitrine mettra en avant la maison d’édition 2042 et le vernissage de la vitrine créée par l’artiste savernois Timothée Ostermann, aura lieu le 5 juin. Parmi les autres librairies participantes, citons Ça va buller, le Camphrier, la Librairie des Bâteliers ou encore la Bouquinette à Strasbourg, le Totem à Schiltigheim et Lignes de fuites à Bischheim.

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Rallye du Livre, du 2 au 21 juin dans plusieurs librairies de Strasbourg et de l’Eurométropole. Programmation complète et liste des participants, et carnet à faire tamponner sur le site de l’évènement. Entrée libre.

Vendre son âme au Système pour réussir

Faut-il vendre son âme au diable, ou ici, au Système, pour réussir sa vie ? Telle est la question posée par la pièce de Dennis Kelly, L’Abattage rituel de Gorge Mastromas, présentée au Cube Noir du 4 au 7 juin. Gorge a passé son enfance à se comporter de la manière la plus correcte qui soit. Moralement irréprochable, il ne se voit jamais récompensé pour son attitude.

Un jour, l’occasion de changer de camp se présente et Gorge devient un des dirigeants les plus prospères de son pays. Par le mensonge et la dissimulation, il obtient tout ce qu’il veut. Tout ? Vraiment ? La mise en scène, signée Paul Hammerla de la compagnie l’Artus, s’articule en quatre mouvements. Certaines scènes sont musicales et dansées quand d’autres sont dialoguées. Celles-ci mettent en exergue les moments clefs dans la vie de Gorge, ceux où tout bascule. L’éternelle question du bien et du mal et celle de la soif de réussite se posent avec, en toile de fond, la société capitaliste.

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L’abattage rituel de Gorge Mastromas, de Dennis Kelly, mis en scène par Paul Hammerla par la compagnie l’Artus, du 4 au 7 juin à 20h30, dimanche 8 juin à 17h au Cube Noir, 4 allée du Sommerhof à Strasbourg – Koenigshoffen, entrée entre 6 et 12.

Fais-moi rire… si tu peux

La culture, ça peut aussi être très léger. Alors, rions un peu avec le rendez-vous stand-up du Laab qui revient le 24 juin. Le dernier thème du Golry comedy club avant l’été est brillant puisqu’il est queer. Rendez-vous est donné à toutes celles et ceux qui veulent se changer les idées.

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Golry comedy club, mardi 24 juin à 20h au bar l’amer à boire (Laab), 1 rue du Bain Finkwiller, Strasbourg – Petite France. Entrée libre.

Conférence gesticulée : la faim des temps

Dans sa conférence gesticulée, Rébecca Forster raconte son rapport, dysfonctionnel, à son corps. Longtemps elle a souffert de troubles de l’alimentation d’anorexie et de boulimie, dans le silence. Depuis 2022, elle prend la parole et fait le tour de France avec Un ventre à taire. Grâce aux luttes féministes, elle a appris à revisiter son passé et à détricoter les raisons de ses troubles mentaux : « Avec mon ukulele et avec plein de tendresse dessinée dans les coins, je viens vous dire que toute ressemblance entre des éléments de mon parcours et des éléments du vôtre n’est pas pure coïncidence : elle est systémique. » Sa conférence gesticulée a lieu les 12, 15 et 18 juin dans différents lieux de Strasbourg.

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Conférence gesticulée Un ventre à taire

  • jeudi 12 juin à 19h à la Maison citoyenne, 2 rue du Grand Couronné à Strasbourg – Neudorf.
  • dimanche 15 juin à 19h au Wagon Souk, rue du Rempart à Strasbourg – Gare,
  • mercredi 18 juin à 19h à la Grenze, rue Georges-Wodli à Strasbourg – Gare.

Prix libre.

« Le silence de l’acier » en photos

Originaire de Mulhouse, ancienne cité industrielle, le photographe Stephen Dock se penche sur les traces laissées par l’industrie dans nos vies, dans nos villes. Invité par La Chambre (galerie dédiée à la photographie), Stephen Dock est en résidence dans le Grand Est.

Le point de départ de ce projet se situe dans l’Ulster, au le Nord de l’Irlande, puis explore l’Europe de l’Est en passant bien sûr par l’Alsace et la Lorraine : Hayange, Florange, Mulhouse… Outre les hauts-fourneaux et bâtiments symboliques de cette ère industrielle, il pose son objectif en périphérie pour dresser un portrait de cette période passée et de son empreinte.

Stephen Dock, Hayange, 2024Photo : © Stephen Dock

Stephen Dock, Liverpool, 2018Photo : © Stephen Dock

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Le silence de l’acier, exposition de Stephen Dock, du 21 juin au 7 septembre, mercredi au dimanche de 14h à 19h, à La Chambre 4 place d’Austerlitz ç Strasbourg – Krutenau. Vernissage le 20 juin, à 18h. Entrée libre. Fermeture estivale du 4 au 24 août.

Bouger au son de l’électro avec le contre-temps festival

Le festival de musique électro de Strasbourg a fêté ses 20 ans en 2024 mais, covid oblige, organise sa 20ème édition, du 18 au 28 juin. Au programme : de la techno, de la house et du funk dans tout Strasbourg. Le festival s’installe à la Péniche mécanique, à l’Espace django en passant par les Studios du Rhin et le Maillon.

Le « préfestival » commence dès le week-end du 31 mai au 1er juin avec la Block Party. Sur la presqu’île Malraux, des street artists grafferont, des breakdancers s’affronteront, le tout sur du bon son et en plein air. Cet événement est gratuit et ouvert à tous.

Deuxième préambule clef du festival : les immanquables Pelouses sonores. Cet événement gratuit a lieu les 7 et 8 juin au Jardin des deux rives. Le samedi, place aux DJs locaux comme Mute, Mariad ou Miss Tricky pour une journée très électro, suivie le soir par une session entièrement féminine, au Wagon Souk. Le dimanche, le programme est plus familial et varié, avec des percussions et des concerts.

Des grands noms nationaux et internationaux de l’électro sont attendus à Strasbourg pendant le festival, comme le parisien DJ Guts, célèbre pour sa reprise de Man Funk, jeudi 19 juin à la Péniche mécanique. Le DJ Prosumer, spécialiste de la house, se produira le lendemain à partir de 23h, au Studio du Rhin. Ce natif de Sarrebruck a longtemps vécu à Berlin avant de déménager en Écosse, à Édimbourg. Il a roulé sa bosse dans les plus grands boîtes d’Europe et fait plusieurs Boiler rooms, une scène itinérante réputée.

Mais la soirée à ne pas manquer, c’est la soirée finale au Maillon, The Final Beat. La fête s’achèvera au petit matin, vers 6-7h et le lieu peut accueillir jusqu’à 1 300 personnes.

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Contre-temps festival, du 18 au 28 juin dans plusieurs lieux de Strasbourg, programmation complète à retrouver sur le site, ainsi que la billetterie (tickets entre 5 et 25 euros).