Par
Dorine Goth
Publié le
31 mai 2025 à 6h50
Cyclistes et piétons désunis par les liens sacrés de l’urbanisme. Les premiers dévalent la bande cyclable verte à l’affût des piétons distraits prêts à se jeter sous leurs roues. Les seconds craignent de voir surgir un deux-roues qui a décidé de ne respecter ni trottoir ni passages piétons. Tous grognent et se plaignent de l’aménagement. C’est le spectacle quotidien qui se joue sur les trottoirs du boulevard Magenta, dans le 10e arrondissement de Paris, où la piste cyclable cohabite avec la chaussée piétonne. Précurseuses en 2006 au moment de leur création, ces pistes sont depuis devenu un vrai point noir identifié par les associations de cyclistes. Au point que la ville envisage de basculer la piste sur le boulevard.
Un boulevard évité
Mais en attendant, piétons et cyclistes doivent toujours cohabiter alors que plus de 16 000 cyclistes ont déjà été comptabilisés en une journée sur l’axe, selon les données de Paris en selle. Pour faciliter le ménage, la mairie du 10e arrondissement opère des aménagements. Aux intersections un feu pour les cyclistes sera ajouté à celui pour les piétons d’ici à juin. Il vise à « inciter les cyclistes à respecter les feux et les rythmes de circulation ». Au niveau des arrêts de bus, des messages « priorité piétons » seront ajoutés au sol d’ici à cet été « pour sécuriser l’accès ».
« Quand je peux, je préfère faire un détour plutôt que de passer par Magenta. La piste est trop étroite, souvent surchargée et dangereuse », dresse mardi 27 mai 2025 à un feu rouge Alexandre, dressé sur son Gravel, le vélo en vogue chez les trentenaires parisiens. Signe des stratégies d’évitement, la piste cyclable du boulevard Sébastopol, sur un axe tout aussi stratégique du nord parisien a un record fixé à plus de 22 000 passages de cyclistes.
Vers une nouvelle piste ?
À quelques mètres, Denise, qui peste contre les bicyclettes, croit se souvenir d’une époque où les piétons étaient mieux traités. La vieille dame, âgée de 83 ans, fréquente le quartier depuis les années 90. « Les trottoirs étaient plus larges ! On avait plus de place pour marcher. Maintenant on manque de se faire écraser toutes les 5 minutes. » Sauf que selon des images d’archives, la largeur dédiée aux piétons n’a jamais été raccourcie au profit des vélos. C’est sur la chaussée que les urbanistes de l’époque avaient rognée, supprimant une voie de circulation.
Quant à la création de la piste cyclable sur la chaussée, il faudra encore patienter. Les études ont été lancées mais « les concertations et les travaux auront lieu dans le cadre du prochain mandat ». En février 2024, lors d’une votation citoyenne, 73,83 % des votants s’étaient prononcés en la faveur de cette solution.
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