Posted On 31 mai 2025

La ZFE à Grenoble semble de plus en plus vouée à disparaitre, alors que les Députés ont voté sa suppression à l’Assemblée Nationale et que le dispositif d’accompagnement de la métropole a été un flop total.

LES DÉPUTÉS VOTENT LA FIN DES ZFE

La fin des ZFE n’a jamais paru aussi inéluctable. Après un vote en commission en mars dernier qui le préfigurait, les Députés ont voté cette semaine pour la suppression de ces dispositifs, devenus outils de ségrégation sociale qui concernent encore une quarantaine d’agglomérations. Ce n’est pas encore définitif puisqu’il faut encore que les parlementaires adoptent le texte de loi définitif, mais on s’en rapproche.

Capture d’écran Marianne
GRENOBLE AURAIT DÉJÀ PU ALLÉGER SA ZFE…

Ce serait une bonne nouvelle pour Grenoble, qui applique l’une des ZFE les plus restrictives avec Paris et Lyon… alors que ces deux dernières villes sont particulièrement soumises à la pollution de l’air, d’où une obligation de ZFE contraignante car elles dépassent les seuils. Ce n’est plus le cas de Grenoble depuis près de deux ans. Mais malgré les demandes de l’opposition en ce sens, les élus des majorités d’Eric Piolle et de Christophe Ferrari s’y refusent.

… MAIS LES PIOLLISTES ET LEURS ALLIÉS PERSISTENT ET SIGNENT

Ainsi début avril dernier, après le vote en commission des Députés, Piolle s’invitait sur RMC pour faire la leçon en expliquant que la ZFE serait « un outil nécessaire » qui « protège les plus modestes ». Des contresens complets, puisque le dispositif est plein de failles au niveau environnemental (classification Crit’Air qui ne tient pas compte de la pollution réelle du véhicule, effet d’externalisation de la pollution dans des pays précaires, accélération de l’obsolescence du parc…)…

UNE BOMBE ANTI SOCIALE…

… et surtout, c’est une véritable bombe sociale. Les ménages les plus modestes sont les plus touchés par la mesure puisqu’ils ont les véhicules les plus vieillissants et n’ont pas forcément la capacité financière de racheter un nouveau véhicule moins polluant. Les ZFE créent de facto des zones auxquels les plus précaires n’ont plus accès et c’est précisément là la motivation à l’origine du vote des parlementaires.

D’autres villes ont déjà fait le choix de rétropédaler
… QUE LES VERTS VEULENT ENCORE PLUS RESTRICTIVES

Le même Eric Piolle reconnait pourtant que « sans mesures sociales, évidemment que ça devient insupportable ». Et en même temps, à Grenoble avec les élus Verts/LFI il a tout fait pour rendre la ZFE encore plus contraignante en défendant des mesures toujours plus restrictives, en s’opposant à tout report de calendrier et en fustigeant la moindre dérogation. Tout pour plaire à son électorat vert aisé qui n’a pas le souci de la fin du mois, et tant pis pour les plus pauvres.

77% DE PROPRIÉTAIRES DE VÉHICULES ÉLIGIBLES AUX AIDES…

Postures d’autant plus anti sociales que le dispositif d’accompagnement des ménages au changement de véhicule mis en place par la métropole a été un échec cuisant, comme le relève le journaliste du Dauphiné Jean-Benoit Vigny. Il y a deux ans, la métro lançait en grande pompe ce dispositif en expliquant que la ZFE serait quasi indolore puisque 77% des propriétaires de véhicules concernés par l’interdiction de rouler seraient éligibles à des aides.

… MAIS À PEINE 400 Y ONT EU RECOURS !

Donc plusieurs dizaines de milliers de personnes qui y ont théoriquement droit. Et au final, selon les derniers chiffres présentés en conseil syndical du SMMAG (syndicat des mobilités) : « 109 cartes prépayées (pour les transports en commun) ont été délivrées et un peu plus de 300 aides au renouvellement de véhicule » (DL 23/05/25). Un peu plus de 400 personnes accompagnée au total en deux ans. Quel succès.

DE NOMBREUX CONCERNÉS EXCLUS 

L’une des raisons avancées par Sylvain Laval, Président du SMMAG, tient au fait que le dispositif est mal calibré : il ne concerne que les habitants de la métropole, alors que nombre de propriétaires de véhicules interdits dans les communes qui appliquent la ZFE habitent en dehors (principalement dans le pays Voironnais et le Grésivaudan). Mais ce n’est pas l’unique explication puisque des milliers de métropolitains pourraient y avoir accès.

« L’entretien ZFE » est obligatoire : de quoi décourager pas mal de monde à l’heure du numérique..
UNE USINE À GAZ DÉCOURAGEANTE

Le problème réside surtout, comme avec la ZFE grenobloise en elle-même qui est une usine à gaz de dérogations et règles, en la complexité du dispositif pour toucher des aides : il faut d’abord un entretien obligatoire avec un conseiller, répondre à des critères de revenus, posséder le véhicule depuis plus d’un an, puis il faudra s’engager à l’abandonner avec différentes voies avec avec des aides pour le changer, ou pour prendre les transports en commun, modulées sur plusieurs années… 

ÉVITER UNE CRISE SOCIALE

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué. Le chemin d’aides créé par la métropole, mal connu et décourageant, n’aura pas du tout aidé à résoudre la problématique sociale que créé la ZFE. Si les parlementaires confirment leur vote dans les prochaines semaines, ce ne sera heureusement plus un sujet. Et dans le cas où l’Assemblée ferait marche arrière, le leader de l’opposition Alain Carignon s’est engagé à mettre fin à la ZFE qui interdit les Crit’Air 3 dès l’an prochain en cas d’élection. Affaire à suivre.