Lundi soir à Paris, elle évoquait naturellement la « gifle » de Brigitte à Emmanuel… Elle est comme ça Anne Roumanoff: mêlant en fin de spectacle (20 minutes), une part de l’actualité qui a frappé à la porte ces jours derniers. Pas étonnant quand on sait combien ce one-woman-show, L’Expérience de la vie, rodé en 2023 dans le golfe de Saint-Tropez – « c’était très sympathique, il y a plus désagréable comme endroit » confie l’artiste, un sourire dans la voix au téléphone –, est ancré dans le monde d’aujourd’hui.
L’Expérience de la vie est entre stand-up et jeux de rôle puisque vous interprétez une galerie de personnages…
J’y évoque, c’est vrai, aussi bien les relations amoureuses que les caisses automatiques dans les supermarchés, l’automatisation de la société de la poste aux aéroports, les réseaux sociaux… Comme j’interprète la bouchère dont la fille est woke, le mari déconstruit et le fils gay… Et puis, je parle aussi d’une conseillère qui explique comment il faut raconter les contes de fées aux enfants maintenant, ou encore une coach en relations de couples… Je fais faire des exercices au public aussi. Je leur apprends à faire des compliments à leur conjoint, par exemple…
Et du coup, comment fait-on pour faire des compliments à son conjoint?
Il faut venir voir le spectacle! (rires)
Quel personnage que vous interprétez est le plus éloigné de vous?
Je ne me pose pas la question en ces termes en fait. Quand on dit que je fais à la fois du stand-up et des sketchs, c’est que je fais intervenir des personnages qui parfois, ne sont là que quelques secondes comme l’hôtesse de l’air… Et ça m’amuse beaucoup de me glisser dans la peau d’un personnage puis d’un autre. Ce qui me passionne, et c’est ça l’intérêt du spectacle vivant, c’est de toujours creuser, améliorer, progresser dans l’interprétation. Chaque jour, au niveau du texte, je vais changer des petits détails. Et dans l’interprétation aussi, je fais des expériences. Des fois ça marche, des fois non… Ce spectacle, je l’ai joué dimanche et lundi à Paris, des amis qui l’avaient vu il y a deux ans m’ont dit que ça n’avait plus rien à voir, que ça a tellement changé.
Il est forcément nourri de votre propre expérience?
Forcément, bien sûr, mais après je n’aime pas raconter ma vie sur scène. Je prends dans ma vie des choses que j’ai pu rencontrer, des gens qui ont pu m’énerver. Mais il y a aussi une part d’imagination, Dieu merci! (rires) Avec tout ce que j’observe, j’emmagasine. C’est comme un musicien qui est nourri de diverses influences. On emmagasine plein de trucs, on est dans un contexte. Après, il y a une part de création qui peut nous étonner aussi dans l’écriture.
Votre spectacle est très ancré dites-vous, dans la société d’aujourd’hui. Qu’est-ce qui vous étonne le plus dans le monde qui nous entoure?
En ce moment, c’est sûrement la cristallisation des violences entre les gens, l’espèce d’intolérance aussi aux idées différentes des siennes. C’est l’intolérance, pour une opinion différente de la sienne. Et la violence tout d’un coup, comme si les gens avaient une incapacité finalement à comprendre le point de vue de l’autre et à le tolérer.
Quelles belles leçons avez-vous apprises au fil de votre expérience en tant que femme, en tant que femme dans l’humour aussi? Parce que vous avez une belle longévité dans ce domaine…
Je ne suis pas tellement tournée vers le passé. Dans le spectacle d’ailleurs, j’évoque ce côté « c’était mieux avant », je trouve cette phrase absolument débile. Ce n’était pas mieux avant, c’était différent. Et moi, je trouve que l’époque actuelle, elle est aussi passionnante par tout ce qu’elle amène de nouveautés: nouveaux comportements, nouveaux langages, nouvelles manières de faire. Il y a des choses superbes aussi. Et je suis vraiment, vraiment dans le présent et le futur. J’essaie de m’améliorer, et comme être humain et comme artiste. Après, est-ce que j’y arrive? Je ne sais pas. Je trouve que c’est ça qui est intéressant quand on est sur Terre, c’est de s’améliorer.
Et le futur, alors, pour vous, il s’écrit comment? Parce que ce spectacle tourne déjà depuis un petit moment… Comment s’écrit la suite?
(rires) J’ai la chance de jouer mes spectacles longtemps et que les gens reviennent même le voir une deuxième fois… Non, je ne sais pas. Je ferai sans doute un nouveau spectacle dans un an, mais pas tout de suite.
Savoir+
Ce mercredi soir à 20h au palais Neptune à Toulon. 45 euros. Rens. toulon-congres-neptune.com