Il est un peu plus de 19 h. A l’entrée du Pintxos, sur les quais de la rive gauche de Rouen (Seine-Maritime), les premières participantes à la deuxième édition de « Maman va danser » commencent à arriver en ce vendredi soir ensoleillé au son du classique « Last night a DJ saved my life ».

A l’intérieur, Mathilde, Perrine et les autres bénévoles de la jeune association ont réglé les derniers détails avec l’un des trois associés du restaurant, Xavier Dell’Olio : « On a prévu un peu plus de monde que d’habitude pour le service et on a réorganisé la salle pour accueillir tout le monde », explique le patron qui a accepté de privatiser son établissement afin de recevoir une clientèle 100% féminine pour cette soirée.

La première, organisée en février dernier, avait réuni pas loin de 200 participantes. Cette fois, autour de 700 ont réservé leur billet – gratuit – en une petite dizaine de jours. « Nous avons volontairement fait du surbooking car pour ce genre de rendez-vous il y a toujours une perte d’environ 30% sur les réservations. Et ça c’est confirmé », assure Mathilde Petovari, à l’origine de ce projet inspiré par un concept allemand.

« Il faut dire que notre public est sûrement plus sujet à avoir des empêchements de dernière minute. J’ai reçu pas mal de messages qui me disaient « Ce soir, maman ne va pas danser, elle va soigner ! Et au final nous avons totalisé 530 entrées. » Ce beau succès confirme l’attrait des femmes, de tous âges, pour un rendez-vous où elles peuvent se retrouver dans un environnement qui leur est entièrement dédié. « Safe » selon l’expression consacrée.

530 entrées au lieu de 200

« Nous avions entendu parler de la première soirée, mais c’était déjà complet quand nous avions voulu nous inscrire. Cette fois, on était dans les premières », sourient Nathy et Laëti, deux amis venues du Neubourg (Eure), à plus de 50 km, attirées également par la dimension solidaire de l’événement pour lequel un partenariat a été mis en place avec l’association Nous’V ‘Elles pour collecter des produits d’hygiène et des protections féminines à destination de Mayotte. « On vient pour s’amuser, mais c’est important aussi d’avoir un geste pour d’autres qui se trouvent en difficulté ».

Autre objectif des organisatrices, créer un espace de rencontre pour toutes, qu’elle que soit le milieu social, en nouant des contacts avec des associations ou des centres sociaux. « On propose de leur offrir un verre pour qu’elles puissent profiter de l’instant sans trop penser à leur budget », détaille Mathilde.

D’ailleurs, parmi les premières arrivées, Violette, Joëlle, Gisèle et quelques amies ont eu vent de cette opportunité à la MJC Saint-Sever de Rouen. « On se retrouve le lundi entre nous pour un café. Mais là, ça change », s’enthousiasme la première. « On ne sait pas trop à quoi s’attendre, mais on est là pour s’amuser », continue la seconde, impatiente de voir la piste de danse se remplir.

« Depuis qu’on est maman, on sort moins »

Et puis, il y a le cœur de cible en quelque sorte. Celles qui viennent décompresser, sans conjoint et sans enfant. En terrasse, Marie a fait elle le tour de ses amies pour s’assurer que le maximum soit de la partie. « C’est sûr que depuis qu’on est maman, on sort moins juste entre copines. Là, on va pouvoir davantage se lâcher, sans avoir à se soucier de qui est là. » Ni recevoir les remarques parfois lourdingues du sexe opposé dont certains représentants n’hésitent pas à dénigrer le concept sur les réseaux sociaux.

« Nous avons beaucoup plus de messages d’encouragement et de soutien que de commentaires négatifs. Mais certains se lâchent. Et on voit qu’il y encore du chemin à faire », soupire Mathilde qui ne compte pas pour autant en rester là. Surtout qu’à travers la France, d’autres soirées similaires se sont inspirées de l’exemple rouennais dans une douzaine de villes et de métropoles. « Nous avons créé un groupe What’s’app pour offrir notre retour d’expérience, donner des conseils pour l’organisation… Mais chacune reste indépendante. Nous ne sommes pas une franchise », assure la jeune femme qui prévoit déjà un nouveau rendez-vous à l’automne. Les mamans n’ont pas fini de danser.