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L’Union européenne a levé un large éventail de sanctions à l’encontre de la Syrie, mais en a imposé de nouvelles à des personnes et à des groupes qui, selon elle, ont participé à des attaques contre des civils lors d’une vague de violence dans la région côtière en mars.

La plupart des sanctions imposées au pays, y compris à son système financier, ont ainsi été levées.

Toutefois, des sanctions restent en vigueur à l’encontre de personnes et d’organisations qui, selon l’UE, ont violé les droits de l’homme ou pour des « raisons de sécurité ».

Cela inclut la famille élargie de l’ancien président Bachar el-Assad ou le programme d’armes chimiques du pays, selon le texte de la décision du Conseil européen.

La semaine dernière, Kaja Kallas, responsable de la politique étrangère de l’UE, avait annoncé son intention de lever les sanctions.

Elle a précisé que cette décision était « conditionnelle » et que les sanctions pourraient être reprises si le nouveau gouvernement d’Ahmad al-Sharaa, un ancien commandant rebelle qui a mené la charge qui a permis de renverser M. al-Assad en décembre, ne maintient pas la paix.

M. Kallas a déclaré dans un communiqué que la levée des sanctions « est tout simplement la bonne chose à faire, en ce moment historique, pour que l’UE soutienne véritablement le redressement de la Syrie et une transition politique qui réponde aux aspirations de tous les Syriens ».

De nouvelles sanctions par ailleurs

Mais la décision de mercredi a également imposé des « mesures restrictives » à deux personnes et trois groupes armés accusés de « cibler des civils et en particulier la communauté alaouite ».

Il s’agit de la minorité religieuse à laquelle appartient M. al-Assad, lors des violences survenues en mars sur la côte, ainsi que de tortures et d' »exécutions arbitraires de civils ».

Les deux personnes visées par les nouvelles sanctions sont Mohammad Hussein al-Jasim, chef de la brigade Sultan Suleiman Shah, et Sayf Boulad Abu Bakr, chef de la division Hamza, deux groupes armés qui, selon l’UE, ont pris part aux attaques.

Les milices ont également été frappées de nouvelles sanctions, de même qu’un autre groupe armé, la division Sultan Murad.

Les affrontements ont éclaté après qu’un groupe de loyalistes d’Al-Assad a attaqué les forces de sécurité près de la ville côtière de Lattaquié.

Les groupes de défense des droits de l’homme ont fait état de nombreuses vengeances, les militants de la majorité sunnite de Syrie, dont certains sont officiellement affiliés aux forces de sécurité du nouveau gouvernement, s’en prenant aux alaouites, qu’ils soient ou non impliqués dans l’insurrection.

Des centaines de civils ont été tués dans ces affrontements.

Le nouveau gouvernement de Damas a promis de demander des comptes aux auteurs de ces violences, mais l’organisme chargé d’enquêter sur ces dernières n’a pas encore rendu ses conclusions.

La peur chez les alaouites

Bien qu’il n’y ait pas eu d’attaques à grande échelle contre les alaouites depuis le mois de mars, les membres de la communauté restent craintifs et affirment que des incidents individuels d’enlèvement et de meurtre continuent d’avoir lieu.

Depuis qu’il a pris le pouvoir, le gouvernement d’al-Charaa s’est efforcé de rassembler en une armée nationale un patchwork d’anciennes factions rebelles indisciplinées.

La levée des sanctions plus générales contre la Syrie intervient quelques jours après que les États-Unis ont accordé à la Syrie des exemptions générales de sanctions, première étape vers la réalisation de la promesse du président Donald Trump de lever un demi-siècle de sanctions contre un pays brisé par 13 années de guerre civile.

Une mesure du département d’État américain a renoncé pour six mois à une série de sanctions sévères imposées par le Congrès en 2019.

L’allègement des sanctions supprime l’un des principaux obstacles à la reconstruction du pays, dont les Nations unies ont estimé en 2017 qu’elle coûterait au moins 250 milliards de dollars (221 milliards d’euros).

Certains experts affirment désormais que ce chiffre pourrait atteindre au moins 400 milliards de dollars (354 milliards d’euros).

Les Nations unies estiment que 90 % des Syriens vivent dans la pauvreté et que l’électricité fournie par l’État n’arrive que deux heures par jour.